La Chronique Agora

L’Italie est dans le rouge et retire sa candidature pour les JO 2020

▪ Mario Monti, le président du conseil italien enterre la candidature de Rome pour accueillir les Olympiades de 2020.

Pas de jeux et bientôt plus pain à Rome ? Nombre de victimes de la crise de la dette se demandent — en jetant avec horreur un coup d’oeil du côté de la Grèce — s’il ne faudrait pas plutôt engager des gladiateurs pour ramener (glaive en main) les agences de notation et les créanciers internationaux à de meilleurs sentiments envers l’Italie.

Mario Monti a déjà franchi plusieurs rubiconds depuis son élection. Nous pensons notamment au projet de privatisation de certains services (dans le ferroviaire et de l’énergie notamment), la suppression de nombreuses tentes de situation (comme celle des taxis ou des pharmacies) ou de réglementations contraignantes dans le secteur de la distribution. Désormais, les magasins qui le souhaitent pourront être ouverts sept jours sur sept et 24h/24.

La sacro-sainte fermeture du dimanche a vécu. Ceux qui ne profitaient pas de leur dimanche pour aller à la messe pourront succomber aux dieux du commerce, Super Mario leur donne l’absolution. Mais nous doutons que cela constitue l’absolution à tous leurs problèmes !

Car pour consommer, il faut d’abord avoir de l’argent à dépenser. Les jeunes en gagnent beaucoup moins en début de carrière qu’il y a 10 ans (de l’ordre de 20% en moyenne). Les retraités, quant à eux, vont en recevoir beaucoup moins avec une pension calculée sur l’ensemble de la carrière plutôt que les dernières années — très souvent les meilleures pour les fonctionnaires, par le jeu de l’ancienneté et de primes nombreuses et diverses.

▪ Les Jeux olympiques : une jolie vitrine qui coûte cher
En ce qui concerne les Jeux olympiques, M. Monti sait comme chacun d’entre nous que c’est un genre de festivités ruineux. Sauf, si vous vous appelez la Chine, dans ce cas-là, vous avez les poches profondes mais pleines d’excédents commerciaux et il vous suffit d’inscrire les investissements afférents aux événements sportifs dans le cadre d’un programme de développement à long terme du pays.

La liste des villes et des pays qui se sont ruinés avec les J.O. est bien connue : Montréal (qui a fini de payer la note en 2006, soit 30 ans après l’organisation), Athènes (qui s’est endettée de 9 milliards d’euros), et enfin Londres.

La municipalité est en quasi-faillite à quelques mois de l’évènement et va devoir encore augmenter les impôts… alors qu’ils atteignent déjà un niveau insupportable pour les classes moyennes qui s’obstinent à résider dans la capitale.

Les ultra-riches s’en fichent car ce sont eux qui financent les frasques olympiques de l’Angleterre. Quant à la perte imminente du AAA, elle ne fera qu’augmenter le rendement de leur portefeuille d’emprunts britanniques. Tant que le gouvernement ne remet pas en cause les avantages fiscaux liés au statut de non-résident, il n’y a pas de raison de s’éloigner des bords de la Tamise.

▪ Moody’s plombe l’Espagne, le Portugal et beaucoup d’autres
Les marchés ont accueilli avec le même sang froid l’initiative de Moody’s dévoilée lundi soir, deux heures après la clôture des marchés américains. Il s’agit de la dégradation de la note de l’Espagne (de deux crans), du Portugal, de la Slovaquie, de la Slovénie et de l’Italie (d’un cran).

Les opérateurs retiendront également l’abaissement de la perspective de notation de la France, l’Autriche et de l’Angleterre à « négative ».

Berlin voit en revanche sa notation triple A confirmée. Les flux financiers continuent dans toutes les classes d’actifs (Bunds, Schatz, actions…) comme si le pari d’une éviction de la Grèce de la Zone euro s’accompagnait du pari symétrique d’un cavalier seul de l’Allemagne.

C’est un scénario quasi inéluctable si la contagion du déficit de confiance dans les dettes souveraines de la Zone euro devait frapper irrémédiablement le Portugal, puis l’Espagne (qui seraient à l’évidence les prochains sur la liste des pays à sortir de la Zone Euro après avoir perdu l’accès au marché). L’Allemagne n’aurait en aucun cas ni les moyens, ni l’intention d’abonder sans limite le MES pour refinancer les pays du Sud.

▪ Le VIX doit être préservé à tout prix
Pour l’heure, les quelques acteurs qui maintiennent le marché en lévitation depuis le début de l’année ont d’autres priorités. La principale consiste à ancrer le VIX (le baromètre du stress) sous le seuil technique des 20 jusqu’à mercredi matin. Ainsi, l’échéance février expire-t-elle dans les meilleures conditions.

Un minimum de volatilité est synonyme de maximum de valeur temps encaissée !

C’est l’illustration la plus parfaite du célèbre dicton : le temps c’est de l’argent.

La séance s’est donc soldée par un repli symbolique de Paris (0,26%) et de l’Euro-Stoxx 50 (0,15%). C’est un véritable exploit, compte tenu des vents contraires qui soufflaient sur les marchés asiatiques et occidentaux après le communiqué de Moody’s.

Le CAC 40 n’a pas enfoncé le support des 3 370 points. Cela lui permet de préserver sa tendance haussière du point de vue de l’analyse technique — pas de pression à la vente comme en témoignent des volumes toujours aussi étroits avec moins de 3 milliards d’euros échangés.

L’indice parisien s’est même payé le luxe de revenir flirter avec les 3 400 points en milieu de matinée grâce au spectaculaire redressement de l’indice ZEW qui passe de -21,6 à +5,4. Mais cet indice du moral des milieux d’affaires allemands reste étroitement corrélé à l’évolution du DAX 30, lequel réalise sa meilleure entame d’année de l’histoire.

Les places européennes, dont Francfort, n’ont repris le chemin de la consolidation qu’après 14h30. Elles ont ainsi succombé à la déception causée par une faible progression des ventes de détail aux Etats-Unis en janvier (+0,4%) alors que le consensus tablait sur +0,7%.

▪ Les indices américains repassent dans le vert in extremis
Contrairement à tant de séances qui ont précédé, Wall Street ne reprenait pas de terrain à la mi-séance et voyait son repli s’aggraver légèrement en début de soirée. Le Dow Jones cédait 0,45% et le S&P ou le Nasdaq faisaient jeu égal avec 0,6%.

Pas de quoi manifester trop d’inquiétude au lendemain d’une remonté de 0,75% en moyenne qui avait ramené les indices américains au contact de leur zénith annuel.

Ils avaient reperdu cette l’intégralité de cette avance à une demi-heure de la clôture ; et c’est là que les « grands manipulateurs » ont actionné leur baguette magique.

Il s’en est suivi une remontée aussi miraculeuse que surréaliste des indices américains qui sont repassés dans le vert, non pas à la dernière minute mais bien dans les dix dernières secondes de la séance !

Le Nasdaq affichait un score de 0,01% 2 931,8 points et un nouveau record annuel de clôture. Le Dow Jones a repris 90 points en un peu moins de 35 minutes et affichait au final un gain mirobolant 0,03% à 12 878 points.

Nous soupçonnions les « grands manipulateurs » d’être prêts à tout pour ramener le VIX — passé malencontreusement au-dessus des 20,5 vers 21h30 — vers la zone de confort des 19,5. Cela sauve leur stratégie d’écrasement de la volatilité : mission accomplie !

La compensation du contrat VIX échéance février va donc pouvoir s’effectuer ce mercredi dans les meilleures conditions ; et cela, en dépit d’une actualité qui s’avérait complètement adverse, jusqu’à ce que se mette à circuler la rumeur totalement invérifiable d’une avancée décisive (et de nature mystérieuse) entre le gouvernement grec et ses créanciers.

Une rumeur tellement improbable et suspecte que même les cambistes les plus haussiers sur l’euro n’y ont pas cru. Ils ont continué de mettre la pression sur la monnaie unique (maintenue sous les 1,3120 $ en fin de soirée), tandis que Wall Street feignait de ne plus pouvoir contenir son allégresse.

Comment et pourquoi une telle « manip » d’apparence aussi grossière ?

La réponse vaut son pesant de « valeur temps » et vous édifiera sur le souverain mépris des marchés pour des concepts tels que l’efficience, la transparence et la vraisemblance… enfin tout ce qui fait d’un marché un vrai marché !

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