La Chronique Agora

Les investisseurs doivent-ils paniquer ?

Certains experts pensent que les nouvelles hausses de taux d’intérêt de la Fed ne vont pas tarder à torpiller l’économie et, par effet de domino, le marché boursier. Qu’en est-il réellement ?

Malgré de nombreux tumultes – et un troisième trimestre épouvantable –, le S&P 500 est toujours en hausse depuis le début de l’année.

Cependant, la grande majorité des actions sont en baisse.

Et ce, après le plongeon de 18% du marché il y a un an.

Certains experts insistent sur le fait que la hausse des rendements obligataires et les nouvelles hausses de taux d’intérêt de la Fed ne vont pas tarder à torpiller l’économie et, par effet de domino, le marché boursier.

Ces craintes se sont amplifiées au cours du week-end, lorsque le Hamas a lancé une attaque surprise contre Israël et que le pays a déclaré la guerre, en retour, annonçant le « siège total » de la bande de Gaza.

Faut-il paniquer ?

Une gestion intelligente des risques consiste à faire face efficacement aux incertitudes qui pèsent sur l’économie et le marché.

Faisons un point sur la réalité. Les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel et les actions ne se redressent pas indéfiniment.

L’histoire montre que chaque marché haussier est suivi d’un marché baissier.

Et ce n’est pas grave, car chaque marché baissier est suivi d’un autre marché haussier.

Analysons les 200 dernières années. La tendance globale et à long terme du marché est à la hausse.

Quant à tous ces pronostiqueurs, qui sont sûrs d’eux à court terme, rappelez-vous ce que Peter Lynch, le légendaire gestionnaire du fonds Fidelity Magellan, a écrit dans son livre, devenu un classique de l’investissement, One Up on Wall Street :

« Des milliers d’experts étudient les indicateurs de surachat, les indicateurs de survente, les schémas tête-épaule, les ratios put-call, la politique de la Fed en matière de masse monétaire, les investissements étrangers, le mouvement des constellations dans les cieux et la mousse sur les chênes… et pourtant, ils ne peuvent pas prédire l’avenir des marchés avec certitude, pas plus que devins ne pouvaient dire aux empereurs romains quand les Huns allaient les attaquer. »

D’après mon expérience, les personnes qui crient le plus fort que la fin des actions est proche, ont un long passé de prédictions identiques…

Comme l’a fait remarquer John Bogle, le fondateur de Vanguard, il y a deux types de « market timers » : ceux qui ne savent pas ce qu’ils font et ceux qui ne savent pas qu’ils ne savent pas ce qu’ils font.

Rappelez-vous de cela la prochaine fois que vous entendrez un journaliste de la CNBC déclarer avec assurance la direction que va prendre le marché.

Compte tenu des incertitudes inhérentes au marché, que doivent faire les investisseurs avertis ? Deux choses :

Les investisseurs à long terme doivent comprendre que les marchés haussiers et baissiers font partie du parcours d’investissement.

Ils doivent définir une bonne répartition de leurs actifs – comme nous le faisons dans The Oxford Communiqué – et s’y tenir.

Ainsi, chaque année, ils pourront réévaluer la part qu’ils attribuent à chaque catégorie d’actifs, en fonction de leur évolution.

Un bon rééquilibrage n’équivaut pas à se contenter de réduire la volatilité de votre portefeuille. Il vous oblige à vendre ce qui est trop cher, et à acheter ce qui l’est peu. C’est ainsi que les rendements annuels augmentent.

Un trader à court terme, quant à lui, a recours à une stratégie de vente différente.

Dans le cas d’Alerte Insider, il s’agit de stops suiveurs. Ils protègent vos bénéfices dans les bonnes périodes, et votre capital dans les mauvaises.

Cependant, vous devez réellement mettre en place des stops, plutôt que de vous contenter d’imaginer que vous le ferez vous-même.

Certains investisseurs ont tellement peur des petites pertes à court terme qu’ils finissent par subir de grosses pertes à long terme.

Les pertes occasionnelles sont inévitables.

Un trader à court terme qui pense pouvoir les éviter est un rugbyman qui pense qu’il ne sera jamais plaqué.

Certaines idées d’investissement – peut-être même celles qui vous conviennent le mieux en théorie – ne fonctionneront tout simplement pas.

C’est pourquoi les meilleurs investisseurs respectent leur stratégie avec discipline.

Si vous n’y parvenez pas, vous devrez peut-être confier votre portefeuille à un gestionnaire digne de confiance et peu coûteux.

(Comme l’a dit le célèbre Dirty Harry Callahan, de Clint Eastwood : « Un homme doit connaître ses limites. »)

Je ne dis pas qu’il faut être hermétique à un effondrement du marché, comme c’est le cas aujourd’hui. C’est impossible pour des êtres humains en chair et en os.

Mais on ne peut pas agir sur la base de la peur et de l’anxiété, et s’attendre à prospérer à long terme.

Certains se diront, en se réfugiant dans leurs liquidités, qu’ils reviendront plus tard, lorsque les perspectives seront meilleures.

Mais les perspectives ne sont jamais meilleures au creux de la vague. Si vous attendez l’apparition des rouges-gorges, le printemps sera terminé.

Il faut donc résister à l’envie de fuir les actions dès qu’elles deviennent volatiles.

L’histoire démontre que la clé du succès à long terme en matière d’investissement n’est pas de faire des choses brillantes…

Il s’agit d’éviter les choses insensées.

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