La Chronique Agora

Vos investissements sont-ils « antifragiles » ?

▪ Quel est le contraire de fragile ? Ce n’est pas solide ou robuste, comme le pensent intuitivement les gens, mais « antifragile ».

Antifragile, c’est le concept que développe Nassim Nicholas Taleb dans son dernier livre du même nom.

Est fragile tout ce qui ne résiste pas à l’épreuve.

Est solide tout ce qui résiste à un grand nombre d’épreuves.

Est antifragile tout ce qui se bonifie avec les épreuves.

Le vin des Corbières vire à la piquette si vous le laissez au chaud dans votre coffre de voiture. Il est fragile.

Un Château Margaux vieillira admirablement dans votre cave à condition que celle-ci soit à bonne température et que vous ne bousculiez pas trop la bouteille. Le château Margaux est robuste.

Le Madère, lui, se bonifie dans sa barrique qui tangue au fond des cales des grands voiliers, il se cuit à la chaleur des longs voyages tropicaux qui étaient la norme jusqu’à la fin du 17ème siècle. Les épreuves l’améliorent. Le Madère, vous l’avez compris, est antifragile.

Ici, je vous entends penser, cher lecteur, tout cela est bel et bon mais si je viens ici, c’est pour lire une chronique financière et avoir des nouvelles de ce vaste monde, pas pour de l’oenologie à quatre sous et un retour vers le 17ème siècle.

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Certes. Mais le concept de Taleb s’applique à tout : la politique, la santé, l’éducation, l’économie, l’urbanisme… et, bien sûr, la finance. Comme je vous sens intéressé, je vais vous révéler ce que peut vous apporter l’antifragile appliqué à vos finances.

▪ Présentation de l’auteur

Avant, peut-être faut-il que je vous présente Nassim Taleb. C’est un Libanais chrétien, un Phocéen qui a vécu à Beyrouth (une cité qu’il juge antifragile), qui fut financier et même trader avant de commencer une nouvelle vie d’universitaire aux Etats-Unis. Il popularisa de façon littéraire les travaux d’un génie français des mathématiques, Benoît Mandelbrot, père de la théorie des fractales.

Pas familier des fractales (vous préfériez le vin, peut-être) ?

Un chou romanesco possède des inflorescences fractales. Tout ce qui est gros à la base du chou se retrouve en petit en son sommet.

Dans Le Cygne Noir, La puissance de l’imprévisible, Taleb remettait en cause la vision conventionnelle de la finance qui applique des modèles statistiques impropres. Il expliquait que bulles et krachs sont imprévisibles car ce sont des évènements à structures fractales qui répondent à des lois exponentielles (Taleb emploie l’affreux néologisme de scalable). Le haut du chou, c’est un marché normal, le bas du chou c’est l’exubérance irrationnelle.

▪ Et vous, êtes-vous un investisseur antifragile ?

Dans Antifragile, Les bienfaits du désordre, Taleb développe que ce qui a résisté résistera ; seules les structures (humaines, biologiques…) s’organisant par le bas et non par le haut, sans idées reçues, survivent et s’améliorent en survivant. Ce qui est soumis à « l’interventionnisme naïf » est condamné.

En finance, l’antifragile aime la volatilité, le capital-risque, les obligations convertibles, certains fonds de couverture…

« La Bourse : le plus grand transfert à taille industrielle d’antifragilité de l’histoire — dû à une forme vicieuse d’attitude où l’on met sa peau en jeu de manière asymétrique », écrit Taleb. « Je ne parle pas d’investissement en l’occurrence — mais de l’actuel système de présentation des investissements, sous la forme d’actions d’entreprises ‘publiques’ , avec des responsables qu’on laisse jouer le système, et, bien sûr, être auréolés de plus de prestige que ceux qui prennent de vrais risques — les entrepreneur ».

« […] Parcours 1 : le marché augmente de 50% puis redescend et annule tous les bénéfices.

Parcours 2 : le marché ne bouge pas d’un pouce.

Le parcours 1, le plus instable, est visiblement plus juteux pour les directeurs qui peuvent encaisser leurs actions. Moralité : plus le parcours est accidenté, meilleur c’est pour eux.

Et bien sûr, la société — les retraités en l’occurrence — écope de résultats complètement opposés ».

Rassurez-vous, dans les 500 pages de Taleb, la finance est loin d’être majoritaire. C’est la vision du monde à la lumière de l’antifragile.

Parce qu’après tout, comme le dit Taleb… « le meilleur moyen de vérifier que l’on est vivant est de voir si l’on apprécie les variations ».

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