▪ Eh bien, quelle rentrée en fanfare ! A peine avais-je eu le temps de vous prévenir que les choses risquaient de se gâter… que c’était le cas.
Lundi noir sur les places mondiales, milliards qui s’évaporent, panique, baisse des taux de la Banque populaire de Chine… La situation semble s’être apaisée ces derniers jours, mais si j’étais vous, cher lecteur… je ne tiendrai pas ce calme pour acquis.
"Retour sur le feuilleton de l’été", expliquait Simone Wapler à ses lecteurs en début de semaine. "Chine, DTS, FMI. C’est le morceau important et par comparaison, la Grèce ne pèse pas lourd sur les marchés mondiaux. Ayant perdu l’espoir d’incorporer le club très select des devises de réserves, la Chine s’est vengée. Le yuan était la seule devise émergente dont la valeur ne se soit pas érodée contre le dollar. La Chine a donc dévalué le yuan et indiqué qu’elle allait laisser flotter le cours de sa monnaie".
"Conséquence : la Chine achètera à l’avenir moins de bons du Trésor US pour maintenir sa parité monétaire. La baisse des devises émergentes a entraîné des débouclages de carry trade : les investisseurs qui avaient emprunté en dollar à taux très faible pour placer dans ces monnaies locales à fort rendement se dépêchent de rembourser leurs emprunts".
Conséquence à nouveau : il s’est produit une fuite de capitaux dans les économies émergentes.
"Cette fuite s’est accélérée avec la dévaluation du yuan", continue Simone. "Nous parlons en gros de 1 000 milliards de dollars. Cette fuite des capitaux entraîne des difficultés dans les banques ; la Banque du peuple des camarades capitalistes chinois a donc injecté mercredi 19 août 110 milliards de yuans dans les banques chinoises. Conséquence encore : ce type de création monétaire accélère la dévaluation du yuan.
On assiste là à l’arrivée des quatre cavaliers de l’apocalypse, selon l’institut GaveKal : retournement du prix des matières premières, inquiétudes sur les marchés émergents, ralentissement des investissements en technologie, panique sur le marché obligataire des junk bonds.
"La baisse des matières premières a enclenché la baisse des devises des pays émergents exportateurs et ne touche pas que les actionnaires des entreprises concernées, mais aussi des émetteurs de dette", explique encore Simone.
"Les rendements obligataires du secteur énergétique américain approchent ceux de la période post-Lehman. D’une façon générale, une correction commence d’abord par le marché des devises et des changes, puis touche le marché obligataire et enfin les marchés actions".
La question que tout le monde se pose actuellement est la suivante : que va faire la Fed ? Resserrera, resserrera pas ?
"Dans ce contexte la hausse du taux directeur de la Fed paraît improbable", avance Simone. "Janet Yellen prendra-t-elle le risque de renchérir encore le dollar, d’accélérer la fuite des capitaux des émergents par débouclage de carry trade ? Les dernières minutes de la Fed, portées à la connaissance du public le 19 août, montrent que même en juillet — avant que la dévaluation du yuan n’ait eu lieu, la Fed n’était déjà pas chaude"…
Le mot de la fin selon Simone ?
"La Fed ne se livrera à une normalisation que lorsqu’elle y sera contrainte. Elle y sera contrainte si l’inflation se manifeste et pour le moment ce n’est pas le cas. Au contraire, la baisse du pétrole et la dévaluation du yuan importent de la déflation aux Etats-Unis".
"Lorsque cette normalisation monétaire se fera, elle s’accompagnera de nombreuses faillites (déflation) car les débiteurs sont incapables de supporter une hausse de leurs taux d’emprunt. Il n’y aura pas de bonne sortie ; nous avons le choix entre le garrot ou la guillotine, la peste ou le choléra, Charybde ou Scylla"…
Le mot de la fin selon moi ? Eh bien, je vais emprunter une formule chère au Mogambo Guru :
"Achetez de l’or et de l’argent-métal. Youpi !! Investir, c’est facile !"
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora