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Inventiva : comment mesurer certains ratios risques-rendements

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Pour les investisseurs de la première heure, ceux d’avant la cotation, l’introduction en bourse est le moment où ils peuvent voir leur prise de risque enfin récompensée, mais dans quelle mesure ? Les entreprises de la biopharmacie connaissent un parcours spécialement périlleux qui les mène du statut de startup vers celui d’entreprise cotée testant de nouveaux traitements, puis finalement de société commercialisant ses principes et dégageant des bénéfices.

Inventiva, spin-off française créée en 2012 par Frédéric Cren et Pierre Broqua à partir du groupe américain Abbott, se cote aujourd’hui le 14 février pour la première fois sur Euronext Paris.

La société est spécialisée dans la fibrose : « une hyper-cicatrisation pathologique qui est à l’origine de près de la moitié des décès dans les pays développés ». Elle s’attaque notamment à la sclérodermie systémique et à la stéatose hépatique non alcoolique (Nash) plus communément appelée maladie du « foie gras » dont les phases de tests sont déjà bien avancées.

La société a l’ambition de lever à l’issue de l’Offre à Prix Ouvert (OPO) entre 48 M€ et 58 M€. Les actions s’échangeront dans une fourchette comprise entre 8,50 euros et 9,75 euros. Près de 5 300 000 actions nouvelles vont être émises.

Elle a déjà réalisé un chiffre d’affaires de 6,7 M€ au premier semestre 2016 avec des pertes de 4 M€. La trésorerie se chiffre à 22,9 M€ à la fin du premier semestre 2016 selon le document de référence de l’AMF.

Les investisseurs piliers, des actionnaires bien spéciaux

La singularité de l’opération, c’est qu’elle a recours à des investisseurs « piliers », des cornerstone investors en anglais. Les « piliers » que sont BVF Partners, Perceptive Advisors, Novo Nordisk et la financière Arbevel garantissent l’opération à hauteur de 35 M€, soit plus de 70% du montant visé. Deux d’entre eux ont obtenu un call ou option d’achat qui leur permettra d’acquérir auprès des actionnaires historiques d’autres actions au prix de l’IPO, et ce pendant une période de deux ans.

Cette pratique encore peu commune sur les marchés européens est très développée sur la Bourse de Hong Kong dont les autorités ont même dû intervenir en 2010 pour en réglementer l’usage… Elle offre des avantages aux cornerstone mais pose des problèmes d’équités et de liquidité sur le marché.

L’introduction séduira certains spéculateurs avertis : si les tests de médicaments en phase III, qui doivent s’achever entre la fin de 2018 et le début de 2019, réussissent et permettent d’obtenir le sésame de l’autorisation de mise sur le marché, les acheteurs d’actions de la première heure seront fortement récompensés !
[NDLR : Comment vous constituer une retraite de ministre en y consacrant dès à présent 200 euros par mois ? Il faut s’intéresser aux petites capitalisations, comme vous l’explique notre spécialiste ici.]

Mais une IPO est aussi la consécration qu’attendent les investisseurs pionniers : ceux qui sont rentrés en phase d’amorçage.

Le crowdfunding en phase d’amorçage

Biotechnologies et biopharmaceutiques, ces entreprises très gourmandes en capitaux, voient d’un œil intéressé l’essor du financement participatif depuis quelques années. Les investisseurs en crowd equity, autrement dit les actionnaires présents bien avant toute introduction en bourse, sont vitaux pour le développement de l’activité encore embryonnaire.

De nombreuses biotech, contrairement à Inventiva, n’ont pas l’opportunité d’être financées depuis 2012 par Abbott à hauteur de 100 M€ pour cinq ans. Abbott n’est pas actionnaire mais a prévu de se rémunérer en redevances sur les futures ventes. La dernière tranche de paiement est due en 2017. Pour le moment, ce n’est pas le jackpot : 100 M€ injectés pour une capitalisation de l’ordre de 150 M€.

Pour les investisseurs particuliers audacieux, la situation idéale consiste à dénicher de jeunes pousses qui parviendront, comme Inventiva, à s’introduire en bourse. Cependant, l’incertitude pesant sur les biotech est supérieure à celle pesant sur les entreprises classiques. Dans ce cas, pour être pleinement récompensé de sa prise de risque, il faut le plus souvent attendre la phase de commercialisation en restant actionnaire.

Dans tous les cas, au-delà des gains réalisés, il y a la satisfaction d’avoir apporté sa pierre à l’édifice en finançant des projets concrets et innovants qui dynamisent l’économie réelle.

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