▪ Derrière chaque grande fortune il y a un grand crime, disait Honoré de Balzac. Quel crime y a-t-il derrière Booz Allen ? Nous y reviendrons dans un instant…
Le Dow a baissé ; l’or aussi. Les marchés sont toujours aussi opaques. Toujours aucune résolution. La force irrésistible d’une quantité croissante de crédit continue de foncer vers l’objet immuable d’un excès de dette.
M. Bernanke agit pour obtenir une hausse des cours boursiers… une hausse des prix à la consommation… et une hausse des prix obligataires. M. le Marché ne s’est pas encore exprimé clairement.
M. le Marché aura le dernier mot. Il a toujours le dernier mot. Mais il peut tenir sa langue pendant très longtemps.
En attendant, les investisseurs, les planificateurs et les ménages ordinaires peuvent faire de grosses erreurs. Et parfois, ils ont plus intérêt à voir ces erreurs perdurer qu’à les corriger.
▪ Le terrorisme est-il dangereux ?
Dans le journal The Economist :
"A quel point la menace terroriste justifiant la surveillance des Américains par l’Administration de la sécurité nationale (NSA) est-elle sérieuse ? […] Matthew Yglesias : ‘approximativement zéro vies sont sauvées tous les ans par les mesures de sécurité dans les aéroports’."
"Stephen Walt est un peu moins hyperbolique mais affirme que le terrorisme n’est pas le genre de danger qui mérite le niveau de réaction que lui consacrent les Etats-Unis. A moins que les terroristes n’obtiennent l’arme nucléaire, dit-il, ils ne peuvent pas vraiment faire beaucoup de dégâts aux Etats-Unis. […] ‘Les tentatives terroristes post-11 septembre ont été dans leur majorité boiteuses et ineptes ; les Américains sont bien plus exposés aux risques d’accidents de voitures, d’incidents de baignoire et toutes sortes d’autres dangers peu dramatiques qu’au ‘terrorisme djihadiste’.’ M. Walt prend l’attentat de Boston en avril pour illustrer son idée, le décrivant comme étant tragique mais moins mortel que l’explosion d’une usine qui s’était produite cette même semaine au Texas".
"M. Yglesias et M. Walt ont raison : le terrorisme conventionnel ne représente pas une menace majeure pour les Etats-Unis et leurs citoyens […] mais il y a peu de chances que nous nous calmions au sujet du terrorisme parce que trop de gens font tout pour que nous restions angoissés. Au moins trois parties gagneraient à attiser, plutôt que minimiser, nos réactions aux pics de terrorisme. La première, c’est les médias, qui gagnent de l’audience en faisant grimper l’anxiété sur les attaques terroristes. La deuxième, ce sont les politiciens cherchant des avantages pour leurs partis… Enfin, le troisième partie essayant d’exacerber nos réactions aux attentats est les terroristes eux-mêmes, qui se sont généralement montré très efficaces pour choisir des cibles provoquant une vaste couverture médiatique".
▪ Soyons plus précis…
L’auteur a oublié les principaux soutiens du fantasme terroriste : les zombies. Le New York Times nous en dit plus :
"L’employeur d’Edward J. Snowden [l’auteur des révélations sur le système de surveillance américain, ndlr.], Booz Allen Hamilton, est devenu l’une des corporations les plus grandes et les plus profitables des Etats-Unis quasiment en ne répondant aux besoins que d’un seul client : le gouvernement américain".
"Au cours de la dernière décennie, une bonne partie de la croissance de l’entreprise a été générée par la vente d’expertise, de technologie et de main-d’oeuvre à l’Agence américaine de sécurité (NSA) et autres agences fédérales de renseignement. Booz Allen a gagné 1,3 milliard de dollars, 23% des revenus totaux de l’entreprise, grâce à son activité de renseignement durant son plus récent exercice fiscal".
"Preuve des relations étroites existant entre l’entreprise et le gouvernement, James R. Clapper Jr., directeur du renseignement de l’administration Obama, est un ancien cadre de Booz Allen. La personne qui était à ce poste sous l’administration Bush, John M. McConnell, travaille désormais pour Booz Allen".
Plutôt pas mal, non ? L’entreprise a gagné 1,3 milliard de dollars en faisant semblant de protéger à peu près personne contre une menace en grande partie inexistante. Ce qu’elle faisait en réalité, c’était aider les autorités à espionner les honnêtes citoyens qui paient la facture. Les actionnaires de l’entreprise s’enrichissent. Ses dirigeants s’enrichissent. Des fonctionnaires franchissent les portes menant aux somptueux bureaux de l’entreprise… et s’enrichissent aussi. C’est une affaire qui tourne rond. Et qui irait s’opposer à une augmentation des dépenses contre le terrorisme ?
Mais attendez, il y a plus ! Louis Basenese :
"… Passé complètement inaperçu parmi tous les gros titres sur Snowden hier — le Pentagone vient d’annoncer un nouveau budget pour la cyber-sécurité".
"Il prévoit 23 milliards de dollars de dépenses d’ici 2018. Cela inclut des dépenses contre le cyber-terrorisme de 4,6 milliards de dollars durant le prochain exercice fiscal — soit une hausse de 18% par rapport aux 3,9 milliards alloués cet exercice fiscal".
"Pour l’exercice fiscal 2015, ces dépenses augmentent encore — à 4,7 milliards de dollars".
A qui ira cet argent ? Il n’est pas interdit de penser que Booz Allen en aura un gros morceau.