Chaque époque a son rêve technologique révolutionnaire, censé nous propulser vers une prospérité inédite. Après Internet et les dot.com des années 1990, l’intelligence artificielle est désormais présentée comme la clé d’une richesse collective.
« Ce sera une bonne année, car nous allons tous devenir très riches. » – George Gilder et Richard Vigilante
L’espoir est éternel…
Oh, flamme brillante de la promesse…
Se pourrait-il que Gilder et Vigilante aient raison ? Peut-être que l’IA nous rendra tous « vraiment riches » ?
Eugene Doyle écrit :
« 2025 devrait être l’année de la percée de l’intelligence artificielle. Mark Zuckerberg affirme qu’il y aura d’abord des milliers, puis bientôt des milliards d’agents IA qui, par l’intermédiaire des grandes entreprises technologiques, s’intégreront dans nos vies et effectueront un nombre croissant de tâches à notre place. Un agent peut être défini comme ‘une entité logicielle dotée d’une intelligence artificielle, conçue pour percevoir son environnement, prendre des décisions et agir de manière autonome ou semi-autonome afin d’atteindre des objectifs spécifiques’. Certains l’appellent l’aube de l’ère de l’IA agentique. »
Presque tous les jours, dans La Chronique Agora, nous parlons du fait que les Etats-Unis se dirigent vers une crise de la dette. Elle se profile à l’horizon, et l’équipe Trump ne l’arrêtera pas.
Mais qu’en est-il de l’IA ? Nous avons posé la question au Copilote de Microsoft doté d’une intelligence artificielle, sur notre ordinateur :
« Bon, l’IA… toi qui est si intelligente… comment les Etats-Unis peuvent-ils éviter de se retrouver au pied du mur ? »
Voici sa réponse :
« Travailler sur des solutions économiques à long terme en collaboration avec des universitaires et des décideurs politiques.
Reconnaître que les règles budgétaires actuelles n’ont pas permis de résoudre la crise de la dette.
Etudier les possibilités de réduire les dépenses et d’augmenter les recettes. »
Voilà qui est utile !
Mais attendez, qu’en est-il des avancées technologiques ? Posons à nouveau la question : l’IA nous rendra-t-elle riches ?
La réponse :
« L’IA a le potentiel d’avoir un impact significatif sur la création de richesse, mais ce n’est pas un chemin garanti vers la richesse pour tout le monde. Voici quelques façons dont l’IA peut contribuer à la réussite financière.
Efficacité commerciale : L’IA peut automatiser les tâches répétitives, optimiser les opérations et améliorer la prise de décision, ce qui permet de réaliser des économies et d’accroître la productivité.
Opportunités d’investissement : Les outils pilotés par l’IA peuvent analyser de grandes quantités de données pour identifier les opportunités d’investissement et gérer les portefeuilles plus efficacement.
Nouveaux modèles d’entreprise : L’IA permet de créer des produits et des services innovants, ouvrant ainsi de nouveaux marchés et de nouvelles sources de revenus. »
Il convient de noter que le monde est compétitif. Les entreprises rivalisent pour proposer de nouveaux produits et services. Les consommateurs sont en concurrence pour obtenir le meilleur rapport qualité-prix.
Et comme tout le monde a plus ou moins accès aux mêmes outils d’IA, personne n’a d’avantage durable. Les entreprises resteront en concurrence les unes avec les autres, ce qui maintiendra les marges bénéficiaires à un niveau très bas. Les investisseurs, dans l’ensemble, obtiendront les mêmes rendements aléatoires qu’auparavant.
Et il est peu probable qu’une prestidigitation alimentée par l’IA nous permette de nous élever et de « sortir par la croissance » du gouffre de la dette.
Dans les années 1920, de nombreuses personnes étaient convaincues que les nouvelles merveilles technologiques – automobiles, avions, appareils électriques – nous rendraient tous riches. Elles porteraient la valeur des actions à un nouveau « haut plateau permanent », a déclaré le principal économiste du pays, Irving Fisher.
Cela n’a pas marché. Les prix des actifs ont augmenté dans les années 1920. Puis ils ont chuté dans les années 1930. Les interventions de Hoover et de Roosevelt ont conduit à la Grande Dépression. Les améliorations technologiques se sont poursuivies.
Le grand espoir suivant portait sur les actions « Nifty Fifty » des années 1960. Pfizer, Phillip Morris, IT&T, Xerox et Eastman Kodak représentaient le meilleur de la technologie et du marketing américains. L’investissement était simple. Il suffisait d’acheter ces actions et d’oublier de faire quoi que ce soit d’autre. Elles étaient les meilleures, elles pouvaient embaucher les meilleurs talents et emprunter aux taux les plus bas pour construire l’avenir.
Hélas, l’avenir est arrivé… et bon nombre de ces sociétés « à acheter et à oublier » n’en faisaient plus partie. Globalement, après avoir atteint un sommet en 1966, les actions ont perdu de la valeur en raison de l’inflation pendant les 16 années qui ont suivi.
Mais il y a toujours de nouvelles raisons de parader. Et dans les années 1990, tout le monde parlait d’Internet et de la nouvelle génération de génies de la technologie. Ils étaient les jeunes magouilleurs qui avaient tout compris. Ils avaient compris comment Internet allait nous rendre tous riches.
Michael Saylor, aujourd’hui célèbre pour avoir investi toute sa fortune, et plus encore, dans le bitcoin, était alors absolument certain que ces sociétés « d’information » atteindraient bientôt une sorte de « vitesse de libération » qui leur permettrait de créer de plus en plus de richesses, sans qu’il soit nécessaire d’investir davantage de capitaux. Mais en 2000, la pluie s’est mise à tomber. Saylor a été contraint de revoir les résultats financiers de sa société pour les deux dernières années, ses actions ont chuté de 60% en un jour et l’effondrement des dot.com a commencé.
Comme nous le savons maintenant, la plupart des dot.com loufoques ont disparu. Seule une poignée de personnes s’est enrichie. Et au lieu de s’accélérer, la croissance du PIB s’est mise à boiter encore plus lentement qu’avant.
La bulle de l’IA sera-t-elle différente ? Nous ne parions pas là-dessus.