La Chronique Agora

L’inflation va s’aggraver : voici pourquoi (2/2)

Nous entrons dans une zone de danger en ce qui concerne l’inflation et les attentes inflationnistes. La question est de savoir si les autorités sauront le reconnaître – et réagir à temps…

Nous nous intéressions hier au cas de l’Allemagne en 1923 – en nous demandant comment l’hyperinflation avait pu avoir lieu alors que la population s’attendait à une baisse des prix.

A l’époque, l’essentiel de la nouvelle monnaie créée était thésaurisée et la demande de monnaie par la population allemande était en augmentation. Pour résumer, bien que la masse monétaire ait fortement augmenté, la demande de monnaie s’est également renforcée, ce qui a contrebalancé une partie de la pression inflationniste.

Comme l’explique Murray Rothbard, le fait que les prix n’augmentent pas en proportion de l’augmentation brutale de la masse monétaire est parfaitement compréhensible et même prévisible.

Bien sûr, la situation actuelle est différente de celle d’une économie de guerre…

… Mais pas autant qu’on pourrait le penser, comme on le verra ici…

Néanmoins, en ce qui concerne le point soulevé par Rothbard au sujet de la psychologie du consommateur moyen, la situation n’est finalement pas si différente que pendant la guerre.

Fausses anticipations

Aujourd’hui, la psychologie du consommateur américain moyen l’amène à penser :

« Je sais que les prix sont aujourd’hui plus hauts qu’ils ne l’étaient au bon vieux temps, avant 2020. Mais c’est à cause de la pandémie et de la rareté des biens et services résultant de l’inactivité d’une large partie de la population qui a été contrainte de rester confinée durant cette période dangereuse. Quand cette pandémie prendra fin, les choses reviendront à la normale et les prix redescendront à leur niveau antérieur. »

Le problème avec de telles anticipations, c’est qu’elles ne peuvent pas perdurer éternellement, comme l’explique Rothbard :

« Lentement mais sûrement, le grand public commence à réaliser : ‘nous avons attendu le retour des bons vieux jours et une baisse des prix à leur niveau de 1914. A la place, les prix n’ont cessé d’augmenter, il semble donc illusoire d’attendre un retour des bons vieux jours. Les prix ne font jamais redescendre ; en fait, ils vont probablement continuer d’augmenter.’

C’est lorsque cette nouvelle psychologie prend racine que l’état d’esprit du grand public bascule de la phase 1 à la phase 2 : ‘les prix vont continuer d’augmenter au lieu de redescendre, je suis donc convaincu que les prix seront plus élevés l’année prochaine’. Les anticipations déflationnistes du grand public sont ainsi remplacées par des anticipations inflationnistes. »

Rothbard explique que ces nouvelles anticipations ont pour conséquence d’amplifier l’inflation au lieu de la ralentir.

Il affirme également qu’il n’y a aucun moyen de savoir à quel moment cette inversion des anticipations se produira, étant donné qu’une multitude de facteurs, notamment culturels, technologiques et géographiques, ont des conséquences différentes selon les populations.

Par conséquent, nous ne pouvons malheureusement pas prévoir à quel moment la population réalisera que les prix ne vont pas retomber à leur niveau pré-pandémie et commencera à ajuster ses anticipations. Quel que soit le temps qu’il faudra, nous devons nous souvenir de cet avertissement lancé par Rothbard :

« Lorsque les anticipations s’orientent résolument en direction de l’inflation, au lieu de la déflation ou de la stabilité des prix, l’économie entre dans une zone de danger. La question cruciale est alors de savoir comment le gouvernement et les autorités monétaires vont réagir à cette évolution de la situation. »

Bien qu’il soit trop tard pour retirer la monnaie déjà mise en circulation, lorsque le jour viendra où nous entrerons dans cette zone de danger, il ne sera pas encore trop tard pour réagir de manière appropriée afin d’éviter que s’enclenche la phase finale de l’hyperinflation et permettre au contraire une déflation saine qui permettra à l’économie de se redresser, ce dont elle en a tellement besoin.


Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.

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