La Chronique Agora

Inflation… ou pas ? (2/2)

inflation

Et si… tout le monde se trompait au sujet de l’inflation – y compris nos spécialistes ? Jim Rickards se demande si la hausse des prix est si automatique que beaucoup le pensent…

L’économie allait forcément se remettre de la récession de 2020 provoquée par la pandémie, la pire enregistrée depuis 1946. Mais il semblerait que la reprise s’essouffle, désormais. Pour mémoire, il y avait déjà un ralentissement économique avant que la pandémie ne s’abatte.

Et si cette faible croissance tendancielle était en train de reprendre forme ?

Le taux de chômage baisse, comme nous l’avons vu hier, mais pas celui du chômage réel. Les Etats-Unis comptent toujours 7,6 millions d’emplois en moins, par rapport à la période antérieure à la pandémie, sans compter les dix millions, environ, de travailleurs dans la fleur de l’âge qui ont quitté la main-d’œuvre.

Il est vrai que les salaires augmentent dans certains secteurs des services tels que la restauration, dans la mesure où les employés sont difficiles à trouver. (McDonald’s offre désormais 35 000 $ par an, plus des avantages et une formation, pour les débutants.)

Dans l’ensemble, cependant, le niveau des salaires n’augmente pas de manière considérable, et la sous-utilisation de la main-d’œuvre fait planer une puissante menace déflationniste.

Ce n’est pas tout…

« C’est la vélocité, idiot ! »

L’émission d’argent frais est pratiquement dénuée de pertinence car la vélocité (vitesse de circulation) de l’argent baisse encore.

A quoi bon imprimer de l’argent frais si les banques se contentent de le déposer à la Fed sous forme d’excédents de réserves, de sorte que cet argent n’est jamais ni dépensé ni prêté ?

La politique budgétaire et les aides ne produisent pas une relance car les niveaux d’endettement sont très élevés (le ratio dette/PIB des Etats-Unis atteint désormais 130%, soit le plus élevé jamais enregistré). Les Américains réagissent en épargnant de manière préventive et en se désendettant.

Les données montrent que 75% des aides versées par le gouvernement ont soit été utilisées pour économiser, soit pour rembourser des dettes (économiquement, cela revient au même qu’épargner). Seules 25% de ces aides sont allées dans la consommation. C’est pathétique, en termes de « retour sur investissement ».

On constate certaines perturbations des chaînes d’approvisionnement, et des contraintes s’exerçant sur les capacités, surtout dans le secteur des semi-conducteurs, ce qui affecte la construction automobile. Pour autant, les fabricants n’ont pas réussi à surmonter ces contraintes via l’augmentation des prix à la consommation.

L’inflation demeure faible, corrigée des effets de base provoqués par la déflation de l’an dernier. Ces effets de base disparaîtront au troisième trimestre, lorsque les comparaisons d’une année sur l’autre se baseront sur la phase de reprise – et non sur la phase de récession – de 2020. L’inflation est tuée dans l’œuf.

Je sais que cette analyse me situe dans la minorité, mais cela ne me dérange pas : j’ai l’habitude. Je faisais également partie de la minorité, lorsque j’ai prédit le Brexit et l’élection de Trump, en 2016.

Ce qu’il faut retenir, c’est que le consensus a souvent tort.

Tournez-vous vers le marché obligataire

Le marché obligataire le sent déjà, de même que l’or. Les taux ont enregistré un pic le 31 mars et ils baissent depuis, bien que cela s’accompagne de la volatilité habituelle. Le marché obligataire signale que les discours d’inflation sont faux.

L’or dit la même chose. Il a atteint un plus bas intermédiaire de 1 678 $ l’once le 8 mars 2021 et, depuis, il évolue à la hausse. L’or se négocie à 1 825 $ environ en ce moment, après avoir enregistré un plus haut intermédiaire de 1 918 $ l’once le 1er juin 2021.

Là encore, l’or signale que les discours sont faux, que la croissance ralentit et que les taux vont baisser. Cela rend l’or plus séduisant aux yeux de ceux qui doivent répartir les actifs, car il est en concurrence avec les bons du Trésor US, face aux dollars à investir.

En théorie, les actions regardent vers l’avenir mais, en pratique, elles ne sont pas très douées pour les prévisions. Elles n’ont pas vu venir le krach en 2000, 2007 et 2020. Et elles ne verront pas non plus arriver le prochain (pas avant qu’il ne soit trop tard pour se retirer).

Les bons du Trésor et l’or sont de bien meilleurs indicateurs de l’orientation de l’économie.

Les signaux sont clairs. L’économie ralentit, le marché du travail est faible, la désinflation et même la déflation se profilent à l’horizon, les taux baissent et les cours de l’or offrent un excellent point d’entrée.

La réalité est en train de rattraper les discours… et si vous comprenez ce qui est en train de se passer, alors vous êtes mieux informé que les « experts ».

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