Vous travaillez dur et tenez vos finances d’une main de maître. A force de mettre « un petit peu de côté régulièrement« , vous voilà à la tête d’un capital qui vous permettra d’arrondir vos fins de mois lorsque vous serez à la retraite.
Sachant que l’inflation est de 2% l’an, réalisez-vous que le pouvoir d’achat de votre capital sera divisé par deux dans 35 ans ?
Evitons d’être anxiogène. Heureusement, le Livret A est là…
▪ Vous comptez sur le Livret A ? Lisez ceci
Vous mettez 10 000 euros sur votre Livret A qui rapporte 1,75%. Votre capital génère donc un rendement de 175 euros par an, sans risque ni taxe. Une aubaine, pensez-vous…
Toutefois, c’est un rendement brut. Si vous voulez correctement gérer vos finances personnelles, raisonnez toujours en rendement réel. Pour le calculer, vous devez défalquer le taux d’inflation au taux de rendement brut.
L’inflation en France étant de 2% en moyenne, votre rendement réel est négatif :
1,75% – 2% = -0,25%.
Votre capital de 10 000 euros perd donc de sa valeur tous les mois. Au bout d’un an, il ne vaudra plus que 9 975 euros. Vous aurez alors perdu 25 euros de pouvoir d’achat.
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Votre patrimoine n’est pas à la hauteur de vos espérances…
Votre revenu suffit tout juste à couvrir vos dépenses — et ces dépenses grimpent…
On est en pleine crise ; les économistes prédisent que les choses vont empirer…
QUE POUVEZ-VOUS FAIRE ?
La réponse est étonnamment simple… et étonnamment efficace : tout est là…
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Tel est votre rendement réel calculé à partir du taux d’inflation officiel, c’est-à-dire l’inflation calculée par l’INSEE. Seulement voilà, ce taux est très sous-estimé.
▪ Approfondissons…
On estime l’inflation non-officielle (celle qui rogne les espèces sonnantes et trébuchantes de votre porte-monnaie quand vous faites le plein de courses ou passez à la pompe) à quelque 5%. C’est probablement une fourchette basse car aux Etats-Unis, où elle est suivie et calculée selon les méthodes en vigueur au début des années 1980 (avant transformation des méthodes de calcul tendant à la minimiser), l’inflation officieuse ressort à 9%.
Calculons donc notre rendement réel sur la base du taux d’inflation probable mais non officiel, soit 5%. Cette fois, vous ne perdez plus -0,25% par an, mais bien -3,25% (5% – 1,75%). Votre capital de 10 000 euros ne vaut donc plus que 9 675 euros au bout d’un an. Vous avez perdu 325 euros de pouvoir d’achat… Au bout de 22 ans, il aura perdu la moitié de sa valeur.
Ceci vaut aussi pour votre pension de retraite ou votre salaire s’ils ne sont pas indexés sur le rythme de l’inflation. Votre pouvoir d’achat s’évapore au rythme de l’inflation. Dit autrement, vos 1 000 euros achètent de moins en moins de choses au fur et à mesure que les mois passent.
▪ Vous vous appauvrissez, lentement mais sûrement…
Vous comprenez pourquoi les gouvernements ont rapidement compris l’intérêt de « bien calculer » le taux d’inflation.
« Bien calculer » l’inflation, c’est s’autoriser une bonne dose de créativité dans les modes de calculs. Actuaires et statisticiens sont des artistes ; des magiciens capables de faire dire ce qu’ils veulent aux chiffres. Tout est dans le dosage… un peu, mais pas trop.
– Première astuce : faire abstraction de certains prix. Le taux d’inflation ne tient pas compte des prix de l’immobilier par exemple. Uniquement des loyers que l’Etat peut en partie contrôler.
– Autre astuce : réduire la part des produits dont le prix augmente. Vous aimez la viande et en consommez régulièrement — mais son prix devenant délirant, vous réduisez progressivement votre consommation. Aussitôt, la part de la viande dans le calcul de l’inflation baisse. Mécaniquement, l’effet hausse du prix de la viande est dilué ; il impacte de moins en moins le taux d’inflation.
– Autre façon de manipuler le taux : augmenter la part des produits dont le prix baisse. Là, ça devient un peu plus subtil mais l’idée est bien celle-là. Votre iPhone 3 vous a coûté 100 euros. L’iPhone 5 vous coûte 100 euros. A priori le prix est stable. Que nenni ! Le 5 est bien plus puissant que le 3 et offre tout un tas de services en plus : « vous en avez plus pour votre argent ». L’INSEE va donc retenir une baisse de prix en modifiant sa base prix. Tous les biens technologiques (ordinateur, tablette, téléphone, Internet) tirent ainsi le taux d’inflation vers le bas.
▪ Qu’est-ce que l’inflation au juste ?
C’est un processus continu de hausse généralisée des prix ou, synonyme, un processus de baisse continue de la valeur de la monnaie.
L’une des principales causes de l’inflation est l’augmentation de la masse monétaire sans justification (l’augmentation de la masse monétaire est supérieure à celle de la croissance).
L’inflation a un grand avantage : en dépréciant la valeur de la monnaie, elle profite aux débiteurs qui voient la valeur réelle de leur dette partir en fumée ; une aubaine pour les Etats surendettés. En revanche, les créanciers qui se voient remboursés en monnaie de singe sont les grandes victimes de l’inflation. Mais pas seulement…
▪ L’intérêt de la Nation passe avant le vôtre
Si vous êtes retraité ou salarié et que votre pension/salaire ne progresse pas au rythme de l’inflation, vous êtes euthanasié, comme le créancier. Mes condoléances… (Pour information, la désindexation des retraites complémentaires est à l’étude).
Les gouvernements, eux, sont surendettés, au bord de l’asphyxie. Vous comprenez pourquoi ce sont les gouvernements, alliés aux banquiers centraux, qui contrôlent et les méthodes de calcul du taux d’inflation et le rythme de création monétaire.
Quel environnement nous façonnent-ils avec ces deux armes entre les mains ? Un environnement où l’inflation réelle est sous-estimée et dans lequel les politiques monétaires en vigueur sont expansionnistes et laxistes.
Pourquoi ?
Parce que créer de la monnaie ex nihilo est le moyen le moins douloureux de faire s’évaporer les montagnes de dettes des Etats ; et que surtout il faut éviter que cela se voie, donc mettre la « pédale douce » sur le taux d’inflation officiel.
Tout ceci n’est pas bien grave… à condition que vous en soyez conscient et que vous réagissiez en conséquence pour protéger le pouvoir d’achat de vos avoirs.
Sans quoi, gare aux dégâts collatéraux…
Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 25/01/2013.