Alerte rouge ! Alerte rouge ! Le spectre de l’inflation est de retour… Ca sent le début de la fin de l’Europe.
Les banques centrales sont censées contenir l’inflation en relevant les taux d’intérêt et éviter la déflation en les réduisant. C’est ce qu’on appelle une politique contra-cyclique. On essaye de compenser le cycle économique pour le rendre plus stable.
Qu’arrive-t-il quand il y a à la fois inflation et déflation ?
En Espagne, en Belgique et en Allemagne, les taux d’inflation ont grimpé en flèche depuis mi-2016. En Espagne, les prix sont passés d’une baisse de 1% par an à une hausse de 3%. En Belgique, l’inflation a doublé pour arriver à 3%. En Allemagne aussi, le taux d’inflation se situe bien au-delà de la cible de 2% de la BCE.
Entre temps, le Portugal, l’Italie et la Grèce sont encore bien en dessous de la cible d’inflation.
Comment alors établir une politique monétaire pour les deux groupes en même temps ?
La réponse des banquiers centraux consiste à couper la poire en deux et à croiser les doigts. Ils espèrent que les taux d’inflation entre les différents pays se nivelleront. Par conséquent, en établissant un taux pour l’ensemble de l’Europe, ils font bien leur boulot. Les principaux banquiers centraux européens pensent que des taux d’inflation différenciés au sein de l’Europe ne sont tout simplement pas leur problème. Pour eux, la Zone euro est un tout.
Mais si on regarde de plus près chaque pays individuellement, on se rend compte à quel point cette inertie est dangereuse. L’Espagne est enlisée dans des taux d’intérêt incroyablement bas et un taux d’inflation élevé. Avec une économie moribonde, les Grecs seraient horrifiés par une hausse des taux.
Le résultat de cette politique mi-figue mi-raisin de la BCE est à l’exact opposé de la politique contra-cyclique. Elle est pro-cyclique. La BCE aggrave l’inflation dans les pays où l’inflation est forte et étrangle ceux où l’inflation est faible.
Les Espagnols savent bien où mène cette situation. Si les taux ne grimpent pas pour l’Espagne, il y aura une bulle spéculative artificielle financée par la dette qui éclatera par la suite, tout comme au début des années 2000.
Certes, la BCE pourrait augmenter les taux pour lutter contre l’inflation en Allemagne, en Belgique et en Espagne. Mais la Grèce ne pourrait pas supporter un taux d’intérêt plus élevé. Cela étoufferait toute croissance économique, sans parler du budget du gouvernement, qui ne peut se permettre des charges d’intérêt supplémentaires. C’est là une différence essentielle et j’y reviendrai un peu plus loin.
Le fait est que la BCE n’a pas d’issue. Mais nous savons que les banquiers centraux préfèrent que l’inflation devienne incontrôlable plutôt que de laisser entrer la déflation. C’est là l’histoire de toutes les monnaies. Elles finissent par disparaître à force d’inflations.
Tout ceci offre d’excellentes opportunités d’investissement. Par exemple, l’Allemagne connaît maintenant le boom immobilier qu’elle avait raté dans les années 2000. A cette époque, les taux d’intérêt étaient élevés pour « l’homme malade de l’Europe. » Cette fois-ci, ils sont bas pour le poumon économique de l’Europe.
Mais tout cela finira mal. Demandez donc aux Espagnols et aux Irlandais.
Les taux d’intérêt réels sont négatifs en Allemagne et en Belgique
Les gouvernements européens ne peuvent se permettre une hausse des taux d’intérêt. Ils ont trop de dette. Ils sont assez contents de voir l’inflation grignoter cette dette alors que la BCE maintient les taux d’intérêt bas.
Etudions de plus près les rendements des obligations d’Etat – le taux d’intérêt que le gouvernement doit payer pour emprunter plus d’argent. Si on tient compte de l’inflation pour obtenir le « taux réel, » ils sont insolites. Les Espagnols peuvent emprunter de l’argent pour deux ans à -3% ! Les Allemands à -2,6% pour deux ans et à -1,7% à 10 ans. Les Belges peuvent emprunter de l’argent à –2,27% pour 10 ans !
Ceux qui achètent les obligations d’Etat perdent de l’argent, et vite. Les gouvernements gagnent de l’argent sur leurs emprunts, ajustés de l’inflation. Tant que cela durera, les gouvernements seront ravis d’avoir une inflation élevée et des taux d’intérêt bas. Mais les bulles se gonflent tout comme dans les années 2000.
Lorsque l’inflation deviendra incontrôlable dans les pays florissants d’Europe ou qu’une hausse des taux d’intérêt posera des problèmes aux économies malades, les pays exigeront de restaurer le contrôle de leur propre politique monétaire. Mais ce serait un tel coup au coeur de l’UE que celle-ci en mourra probablement.
[NDLR : Des taux d’intérêt réels négatifs ont toujours été bons pour l’or, et les secousses sur l’euro aussi. C’est à cette occasion que l’or avait frisé les 1 900 $ l’once en 2011. Tôt ou tard, les investisseurs laminés par les taux d’intérêt négatifs retrouveront les charmes de la seule monnaie unique qui ne soit pas manipulée : l’or. Les minières connaîtront alors une croissance explosive. Nous en avons découvert une qui présente une caractéristique unique, capable de multiplier la hausse de l’or. Découvrez-là ici.]
Il faut donc surveiller d’un oeil les prochaines statistiques d’inflation et de l’autre les taux d’intérêt de la BCE. L’Europe se dirige droit vers la ruine, quel que soit le chemin qu’elle emprunte.