La Chronique Agora

Inflation : les Etats-Unis ne valent guère mieux que l’Argentine

▪ Oh là là… Beaucoup de choses à dire. Notamment sur la fin du monde tel que nous le connaissons.

Commençons avec un peu de comédie. Nous en viendrons à la tragédie plus tard.

Cristina Fernandez de Kirchner était à l’université de Georgetown mercredi dernier. On lui a posé une question sur les drôles de chiffres que l’Argentine utilise pour mesurer son taux d’inflation. Ses bureaucrates mettent l’IPC à moins de 10%. Les analystes indépendants et les ménagères, quant à eux, connaissent un autre chiffre : les prix grimpent d’environ 25% par an.

Durant la conférence de presse, Cristina s’est habilement défendue :

« Vraiment, vous pensez que les prix à la consommation n’augmentent que de 2% aux Etats-Unis ? »

Bingo. Ils mentent tous.

2%, c’est ce que dit le Bureau des statistiques de l’emploi. Mais les ronds-de-cuir infligent un tel traitement aux chiffres que ces derniers n’ont plus du tout la même tête.

Le taux réel est probablement plus proche des 5%. Peut-être des 10%. Qui sait ? On pourrait dire que tout dépend de la manière dont les mécomptes sont faits. C’est dans l’intérêt du gouvernement que de mettre un taux inférieur à la réalité. De la sorte, inutile de trop ajuster les obligations ajustées à l’inflation. Ou les allocations sociales.

▪ Tant qu’à faire…
Ce qui ne fait que prouver à quel point le système est louche. Cristina a raison. Tous les chiffres sont inventés… autant faire en sorte qu’ils vous arrangent ! Abaissez les chiffres de l’inflation et vous rendez les autres statistiques plus attrayantes aussi. Comme la croissance du PIB. Et la productivité. Et les marchés boursiers.

Si nous vous disons qu’une action est passée de 10 $ à 100 $ sur une période de 10 ans, vous penserez qu’il s’agit d’un grand succès. Mais si l’inflation était de 10% par an sur la même période, le succès semble bien moins impressionnant.

Chaque investisseur a une petite idée de l’argent qu’il a gagné… mais personne ne sait le chiffre avec certitude. Parce que si l’on calculait l’inflation comme ils le faisaient en 1980 (le système a été modifié deux fois depuis), on aurait aujourd’hui un taux d’inflation d’environ 9%. Si c’est bien le cas, les gains boursiers engrangés entre 1980 et 2012 disparaissent presque.

Naturellement, les autorités ne veulent pas qu’on sache que leur gestion économique a été un échec total. Elles passent donc les chiffres au rouleau-compresseur.

Le problème, c’est que les gens commencent à comprendre. C’est là que la tragédie commence. L’Etat-Providence — le monde que nous connaissons depuis le début de notre vie — est, en fin de compte, une arnaque en pyramide. L’électeur moyen espère retirer du système plus que ce qu’il a payé. Tel est le « contrat social » implicite — les masses donnent leur voix aux politiciens qui promettent de leur donner plus qu’ils ne paient. Jusqu’à maintenant, ça fonctionnait. Des générations plus nombreuses et plus riches — et les dettes — permettaient aux politiciens de payer.

Mais aujourd’hui, la prochaine génération est plus petite… et plus pauvre. Les gens ne comprennent pas ce qui se passe. Ils ne savent pas quels politiciens sont à blâmer. Mais quand ils s’énervent, ils causent des problèmes.

Il suffit de regarder la Grèce ou l’Espagne.

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