La Chronique Agora

Inflation et hyperinflation sont au programme pour les Etats-Unis

▪ Nous sommes dans les Andes, pour continuer notre tour d’horizon de l’avenir. Qu’avons-nous appris pour l’instant ?

Il est peut-être trop tôt pour vendre les Etats-Unis et acheter l’Argentine, mais nous gardons tout de même un oeil sur cette transaction.

Tant le Brésil que l’Argentine ont connu des taux d’inflation extrêmement élevés (plus de 1 000% par an). Les Etats-Unis, le Japon et la Grande-Bretagne prennent la même direction.

La Bolivie est elle aussi championne olympique de l’inflation, tout comme le Brésil et l’Argentine. Entre 1983 et 1985, les prix ont grimpé de 23 000% en Bolivie. Est-ce un record ? Non, de loin pas. Mais c’est quand même impressionnant.

Les prix à la consommation du Brésil ont grimpé de 14,2 quadrillions pourcents entre 1961 et 2006. Et l’inflation des prix à la consommation au Zimbabwe est probablement incalculable ; c’est devenu si épouvantable qu’il n’y avait plus de produits consommables à vendre…

Ici en Argentine, les prix ont grimpé de 12 000% en 1989 — impressionnant, à nouveau, mais certainement pas un record.

Qui s’en soucie ?

Eh bien, nous n’en parlons que parce que nous sommes en Amérique du Sud pour un tour d’horizon de l’avenir. Oui, cher lecteur, nous observons non pas ce qui est, mais ce qui va être. C’est du moins ce que nous pensons faire.

Et quoi de mieux que l’Argentine pour le faire ? Existe-t-il une politique économique si idiote que les Argentins ne l’ont pas essayée à plusieurs reprises ? Nous en doutons. En fait, nous envisageons de lancer une nouvelle publication : « conseils financiers de la part des Argentins : tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les catastrophes financières sans jamais oser le demander ».

Hyperinflation in the Etats-Unis ? Probablement, mais pas tout de suite…
Oui, cher lecteur, nous devenons tous Argentins. Notamment aux Etats-Unis, où le gouvernement intervient partout. La banque centrale utilise des trucs et des subterfuges. Le peso… non, pardon, le dollar… est soumis à des dévaluations sans préavis. Les Américains pourraient renier leur dette (comme Richard Nixon l’a fait en 1971… annonçant aux détenteurs de dollars étrangers qu’ils pouvaient oublier l’idée d’échanger leur argent papier au taux fixe et obligatoire). Ou ils pourraient simplement laisser l’inflation agir jusqu’à ce que la dette disparaisse.

C’est là que les choses deviendront vraiment excitantes… comme elles l’étaient en Amérique du Sud dans les années 80.

Comment est-ce que ça arrivera ? Eh bien, d’abord, on entendra les personnes responsables affirmer qu’imprimer plus d’argent n’est pas si terrible. Ensuite, on verra des gens demander à ce que les autorités larguent vraiment de l’argent par hélicoptère.

Il faut s’y préparer. Observez le ciel. Nous ne plaisantons pas.

Evidemment, l’idée a toujours été fantaisiste. Aucune économiste sérieux n’a jamais suggéré qu’il faudrait larguer de l’argent par hélicoptère. Mais cela n’arrête pas les économistes frivoles… et les idiots sérieux… de vouloir le faire.

Beaucoup de gens pensent que le problème, avec l’économie actuelle, est un manque de demande. On peut entendre des gens comme Krugman, Stiglitz et Summers le dire régulièrement. Ils sont partisans des efforts pour accroître la demande en augmentant les dépenses gouvernementales et en baissant le prix de l’emprunt — c’est-à-dire des mesures de relance budgétaire et monétaire.

▪ Court-circuitons les banques !
Mais ces mesures n’ont pas fonctionné. Elles n’ont fait qu’enrichir les banquiers et les investisseurs obligataires. Alors pourquoi ne pas simplement court-circuiter les banques ? Pourquoi ne pas donner l’argent — la demande supplémentaire — directement aux gens ?

Voici un article publié la semaine dernière dans les colonnes du journal Etats-Unis Today :

« Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale, s’est attiré le surnom de ‘Helicopter Ben’ après avoir suggéré que la Fed pourrait employer l’équivalent de la suggestion humoristique du prix Nobel d’économie Milton Friedman, selon qui l’argent pourrait être simplement largué sur la population par hélicoptère afin d’éviter la déflation. Donnez de l’argent gratuit aux gens, ils le dépenseront, stimulant la demande et les niveaux de prix ».

« C’était une métaphore amusante, qui ne doit pas être prise au pied de la lettre ; conceptuellement, cependant, la Fed peut créer de l’argent à partir de rien et le donner aux gens. La version Bernanke du ‘largage par hélicoptère’ impliquait de financer les baisses d’impôts avec de l’argent gratuit de la part de la Fed. Alternativement, la Fed pouvait financer une augmentation des dépenses gouvernementales sur des choses comme les infrastructures et l’éducation, menant à l’embauche de plus de maçons et d’enseignants sans qu’il soit nécessaire d’augmenter l’emprunt ou les impôts ».

« Le seul risque potentiel serait une augmentation de l’inflation, bien qu’une hausse de l’inflation soit une conséquence possible de toute politique monétaire expansionniste, et la Fed a démontré sa capacité à réduire l’inflation quand c’était nécessaire. Dans tous les cas, un peu d’inflation supplémentaire serait la bienvenue actuellement, dans la mesure où cela réduirait la valeur réelle des prêts hypothécaires à taux fixe et aiderait à réduire le nombre d’emprunteurs ‘sous l’eau’. »

Ce n’est qu’une question de temps…

Le Brésil, l’Argentine et la Bolivie ont déjà fait l’expérience de l’hyperinflation.

Les Etats-Unis, le Japon et la Grande-Bretagne se préparent à la leur.

On apprend. On désapprend. C’est ainsi que fonctionnent les choses. Le monde tourne.

Et au moins un économiste argentin pense que le monde tourne dans sa direction. Des politiques mal conçues ont causé en Argentine un demi-siècle de recul et de pauvreté. Il pense que les Argentins commencent à en avoir assez. Il espère qu’ils se referont une conduite et passeront les 50 prochaines années à rattraper les Etats-Unis…

« Le soleil brille sur l’Argentine », écrit Xavier P. Romer. « Nous devons simplement ouvrir nos stores ».

Il n’a peut-être pas de souci à se faire sur le rattrapage. Les Etats-Unis pourraient venir aux pampas avant que l’Argentine ne vienne aux Grandes Plaines.

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