La Chronique Agora

L’inflation commence à s’ancrer dans le flot de liquidités

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Si 2017 restera l’année au cours de laquelle le monde est passé de la peur de la déflation à des attentes d’inflation, 2018 marquera l’arrivée officielle de cette dernière.

Le véritable tournant (si l’on peut dire) a eu lieu en juin 2017. Voici ce qu’il s’est passé :

  1. Janet Yellen, la présidente de la Fed, a amorcé un processus selon lequel la Fed a publiquement reconnu qu’elle ignorait totalement comment l’inflation fonctionne vraiment.
  2. La Banque du Japon (BoJ) a annoncé qu’elle poursuivait ses opérations de QE massives, alors même qu’il était clair que l’économie japonaise était tirée d’affaire.
  3. La Banque centrale européenne (BCE) a affirmé qu’elle continuerait ses propres programmes de QE colossaux alors qu’il était clair que l’économie de l’Union européenne était stable.

Bref, en juin 2017, la banque centrale la plus importante du monde a renoncé à prétendre qu’elle comprenait l’inflation… pile au moment où les deuxième et troisième principales banques centrales annonçaient qu’elles poursuivraient leurs QE dans des proportions dignes d’une situation d’urgence, et alors même que leurs économies étaient stables et enregistraient de la croissance.

Les marchés ont « bien reçu le message ». A partir du mois de juillet, les matières premières (qui s’envolent normalement en période d’augmentation de l’inflation) ont surperformé le S&P 500 dans de vastes proportions (sauf brièvement début décembre).

Cette tendance majeure ne fait que commencer.

Le fait est qu’après 14 000 Mds$ de QE et quelque chose comme 700 réductions de taux d’intérêt directeur de la part des différentes banques centrales (depuis 2008), les banques centrales ont fini par obtenir de l’inflation. Pour la bonne raison qu’elles ont maintenu des niveaux d’assouplissement monétaire dignes de situations d’urgence, bien que l’économie mondiale ait redémarré.

L’économie américaine affiche de la croissance depuis le premier trimestre 2014.

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls dans ce cas. La croissance du PIB de l’Union européenne est positive depuis le deuxième trimestre 2013. Nous ne parlons pas d’une croissance élevée, certes, mais il ne s’agit pas non plus d’une contraction, et encore moins d’une récession.

Même au Japon, figure emblématique de l’absence de croissance, le PIB affiche désormais sept trimestres consécutifs de croissance positive.

Tout au long de cette période, les banques centrales du monde (à l’exception de la Réserve fédérale américaine) ont imprimé plus de 3 000 Mds$ qu’elles ont injectés dans le système financier. Pour vous donner une idée de cette folie, imaginez que, collectivement, les banques centrales ont fourni plus de liquidités à un moment où l’économie mondiale enregistrait de la croissance qu’au plus profond de la Grande crise financière.

C’est ce qui a enfin provoqué l’inflation. 2018 sera l’année où celle-ci va pleinement s’installer. En fait, le marché obligataire signale déjà ce qui s’annonce.

Le bon du Trésor américain à 10 ans est l’obligation la plus importante de toutes, dans le monde. C’est ce que l’on appelle le taux de rendement « sans risque » qui sert de référence pour l’évaluation de tous les actifs risqués (actions, obligations d’entreprises, obligations municipales, matières premières, crédits hypothécaires, etc.).

Le rendement des bons du Trésor à 10 ans se négocie en fonction de l’inflation (et de l’activité économique). Par conséquent, si l’inflation augmente, le rendement de ce bon va également augmenter.

En conservant cela à l’esprit, imaginez qu’en 2017 le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans a amorcé sa première échappée attestée sur 20 ans.

L’obligation la plus importante de toutes, littéralement, sur le marché financier, nous signale que « l’inflation part à la hausse » : du jamais vu depuis 20 ans.

Ce n’est pas le seul élément. Le rendement du bund allemand à 10 ans s’est également échappé d’une tendance baissière qui durait depuis 10 ans.

Même les bons du Trésor japonais s’exposent à une échappée, bien que la BoJ vise 0% de rendement sur ses bons.

Ce n’est que le début de ce qui s’annonce. Le fait que nous constations déjà ces types de mouvements sur les marchés obligataires nous indique que, malheureusement, les banques centrales « ont un métro de retard », s’agissant de l’inflation.

Elles s’en rendront compte, collectivement d’ici mi-2018, lorsque le marché obligataire va vraiment commencer à se révolter.

Je pense, en particulier, que le rendement des Bons du Trésor américain à 10 ans passera à 3% au cours du premier semestre 2018. Lorsque cela se produira, les banques centrales se rendront compte de leur erreur (la persistance de niveaux de QE dignes d’une situation d’urgence) alors que les taux, partout dans le monde, commenceront à se corriger à la hausse.

Permettez-moi d’abord de resituer le contexte. Depuis 2007, la dette mondiale s’est alourdie de plus de 68 000 Mds$. Cette recrudescence s’est fondée sur une bulle des obligations souveraines créée volontairement par les banques centrales afin de lutter contre la Grande crise financière.

Autrement dit, le monde a alourdi sa dette à hauteur de près de 100% de son PIB, en fonction d’un profil de risque erroné du système financier. Aucune de ces nouvelles dettes ne pourrait encaisser une augmentation des taux significative.

C’est pourquoi, lorsque le rendement des Bons du Trésor américains à 10 ans (le rendement obligataire le plus élevé du monde) atteindra les 3% au cours des prochains mois, les banques centrales vont commencer à paniquer et à opérer une marche arrière sur l’assouplissement monétaire.

Cela marquera probablement le début du prochain marché baissier pour les actions, à mesure que les banques centrales réduiront leurs injections de liquidités. Notez que je ne dis pas que les actions vont s’effondrer pile à ce moment-là. Je dis que mi-2018 marquera l’étape suivante pour les marchés actions, lorsque les banques centrales seront forcées de commencer à retirer les liquidités, ou de courir le risque de faire exploser la bulle obligataire.

En conservant cela à l’esprit, j’émets les prévisions suivantes :

  1. Les matières premières vont surperformer les actions de façon SPECTACULAIRE, en 2018.
  2. Les bons du Trésor américain vont chuter, puis grimper, au moment où les banques centrales seront obligées d’opérer un violent resserrement en milieu d’année, afin de juguler l’inflation.
  3. Les investissements « par la valeur » surperformeront les investissements « croissance » de façon spectaculaire.
  4. A la fin de l’année, l’indice dollar (qui mesure le dollar contre un panier de grandes devises) se situera aux alentours de 80 au lieu de 90 actuellement.

En observant ce qui précède, vous pourriez probablement penser que c’est le moment idéal pour se précipiter sur l’achat de matières premières, notamment l’or.

Pas si vite…

En fin d’année 2017, l’or, le pétrole et d’autres matières premières ont tous été extrêmement surachetés. Nous allons probablement entrer dans une brève période de six semaines au cours de laquelle le dollar va grimper et mettre la pression sur les matières premières et l’or.

Quand va-t-il falloir exactement se placer sur les thèmes anti-inflation que sont les matières premières et l’or, et sur quelles valeurs ? Toutes les réponses sont ici.

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