La Chronique Agora

Inflation, déflation… et dernière "grosse bulle"

** Vous vous souvenez de l’époque où 800 milliards de dollars représentaient beaucoup d’argent ? Cette même époque où les représentants du gouvernement des Etats-Unis prétendaient s’inquiéter de dépenser de l’argent que le pays n’avait pas ?

– Eh bien, vous pouvez dire que nous sommes vieux jeu, mais nous pensons toujours que 800 milliards de dollars représentent beaucoup d’argent… et nous pensons toujours que les représentants du gouvernement devraient s’inquiéter des dépenses déficitaires.

– Malheureusement, il semble que nous soyons en minorité. La Réserve fédérale a annoncé avant-hier un nouveau plan de renflouement de 800 milliards de dollars, juste après un plan de renflouement de 326 milliards annoncé la veille, et apparemment personne ne le remarque ou ne s’en inquiète.

– Ces énormes initiatives de relance budgétaire ne surprennent plus personne à Wall Street, elles ne provoquent même pas un haussement de sourcil… pas plus qu’une hausse des actions.

** Mais 800 milliards de dollars, c’est toujours beaucoup d’argent, surtout quand vous ne les avez pas vraiment. 5 000 milliards de dollars, c’est aussi beaucoup d’argent, surtout quand vous ne les avez pas non plus. Et 5 000 milliards, à quelques centaines de milliards près, c’est plus ou moins la quantité de dollars que la Réserve fédérale a versé sur la crise du crédit jusqu’à maintenant.

– En déversant tout cet argent des chaudrons bouillonnants de la création de devise sur son bilan, la Réserve fédérale pourrait aussi faire sortir une dose effrayante d’inflation. On pourrait donc pardonner à un investisseur qui voit à long terme de se demander si l’interlude déflationniste d’aujourd’hui ne risque pas se transformer brusquement en une spirale inflationniste vicieuse… ou du moins en une légère hausse inflationniste.

– Les banques centrales du monde entier ont injecté des milliers de milliards de dollars dans la masse monétaire mondiale pour ressusciter le système financier. Pendant les 12 derniers mois, les organismes du gouvernement américain ont à eux seuls fourni, ou promis de fournir, la somme astronomique de 8 000 milliards de dollars en plans de renflouement, prêts et garanties.

– Sur ces 8 000 milliards de dollars, la Réserve fédérale fournit 5 000 milliards de dollars, dont plus de 2 000 milliards en liquidités. Ces fonds ne sortent pas tout à fait de nulle part, mais presque.

– Quand les banques centrales injectent beaucoup de crédit et de devises dans le système financier, les choses vont bien pendant un certain temps. Le taux d’emprunt chute, ce qui encourage les gens à tenter leur chance, chose qu’ils n’auraient pas osé faire dans d’autres circonstances. Quand beaucoup de gens tentent leur chance en même temps, l’économie s’épanouit, le prix des actions monte et tout le monde est content. Mais à long terme, un excès de création de devises mène à un excès d’inflation.

– C’est pourquoi notre collègue australien Dan Denning affirme que le marché haussier des bons du Trésor américain est la "dernière grosse bulle".

– "Le rendement des bons du Trésor des Etats-Unis à 30 ans a plongé à 3,62%", remarque Dan, "le niveau le plus bas depuis le début de l’émission régulière du titre, en 1977. C’est la dernière grosse bulle. La punition va être rude pour ceux qui restent dans les T-Bonds alors que l’offre augmente (le bon à trois ans revient, les ventes aux enchères mensuelles pour les bons à dix ans vont disparaître). Et puis il y a aussi ce nouveau stimulus. Tous ces nouveaux emprunts. Tous ces nouveaux renflouements ! Les rendements vont augmenter, il n’y a aucun doute là-dessus".

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile