La Chronique Agora

Inflation, déflation : qui l’emportera ?

▪ Une légère brise a parcouru les marchés américains la semaine dernière. Quelques feuilles ont voleté.

Mais nos lecteurs veulent savoir : d’où viendra l’ouragan ?

Hélas, nous ne recevons pas les journaux plus tôt que quiconque. Et ils présentent toujours les nouvelles d’hier… non celles de demain. Nous restons donc là à méditer et tenter de comprendre ce qui viendra ensuite.

La tempête qui a soufflé en 2008 était fondamentalement déflationniste. Elle était classique. Elle était si prévisible que nous n’avions pas besoin des gros titres du lendemain : les prévisions météo étaient évidentes.

Après des décennies d’augmentation de leur charge de dettes, les Américains chancelaient. Et lorsque les prix de l’immobilier ont chuté, leurs jambes ont cédé, leur dos s’est cassé.

En 1971 — avant que la bulle de dette ne commence à enfler — les ménages américains avaient 5 $ de revenus pour 4 $ de dette

Sagement, les ménages ont réduit leurs dépenses et leurs emprunts. Mais aujourd’hui encore, ils sont toujours lourdement endettés. En 1971 — avant que la bulle de dette ne commence à enfler — les ménages américains avaient 5 $ de revenus pour 4 $ de dette. Aujourd’hui, pour 5 $ de revenus, ils ont 12 $ de dette. C’est une baisse par rapport au pic de dette de 2007 — avec 13 $ pour chaque dollar de revenu disponible — mais c’est toujours bien supérieur à la moyenne historique.

La réaction des autorités face à la prudence des ménages était elle aussi prévisible. Elles avaient passé des années à soutenir le marché boursier… et attirer les consommateurs et les entreprises toujours plus profondément dans la dette : elles n’allaient pas arrêter comme ça. De plus, leurs théories leurs disaient que c’était dans ces moments-là que leur aide était la plus nécessaire.

▪ M. le Marché/autorités monétaires : le match
Cela mettait les autorités et M. le Marché du côté opposé : les autorités attisent le vent du sud. M. le Marché souffle depuis le nord. Les autorités veulent l’inflation ; M. le Marché veut la déflation. Les autorités veulent plus de crédit ; M. le Marché est prêt pour une contraction du crédit. Les autorités envoient des torrents de liquidités ; M. le Marché les éponge.

Au milieu se trouve l’économie… dans l’oeil du cyclone, où le calme règne. Les prix semblent relativement stables. Les rues sont calmes. Le soleil brille. Les restaurants et les bars sont raisonnablement fréquentés.

Black Friday et sa frénésie d’achatsont été décevants pour les commerçants ; cela a été attribué au fait qu’une bonne quantité des achats se font désormais en ligne. Il y a peu d’emplois qui "paient bien". Mais ma foi, le chômage est en baisse. L’économie est paresseuse… mais les marchés boursiers disent que la mer est calme.

Pourtant, dans toutes les directions, au-delà de cette scène de calme et de normalité, soufflent des vents d’une force presque irrésistible, contre un objet quasi-impossible à bouger.

Politiques de taux zéro… assouplissement quantitatif… dépenses déficitaires — tous sont censés compenser les nuages sombres et les féroces tornades de M. le Marché. Si M. le Marché n’était pas d’humeur si destructrice, ces mesures auraient déjà envoyé les taux d’intérêt et l’inflation en orbite. Sans M. le Marché, il y aurait probablement un super-boom, avec un Dow Jones s’envolant à 25 000… l’or à 3 000 $ l’once… et le Big Mac à 5 $.

Et si les autorités n’étaient pas si déterminées à l’arrêter, M. le Marché aurait probablement remis le Dow à la moitié de ce qu’il est aujourd’hui

Et si les autorités n’étaient pas si déterminées à l’arrêter, M. le Marché aurait probablement remis le Dow à la moitié de ce qu’il est aujourd’hui. Il aurait écrasé la moitié des grandes firmes de Wall Street… et on pourrait probablement acheter un Big Mac pour 1 $ — avec des frites.

Pour l’instant… tout est calme. Ou presque. M. le Marché est contre-balancé par les autorités. Les autorités tiennent M. le Marché à distance.

Qui va gagner ?

En fin de compte, M. le Marché triomphera. C’est toujours ainsi. Il représente les forces de la Nature… et les dieux. C’est lui qui empêche les arbres de grimper jusqu’au ciel… qui force les prix à rejoindre la moyenne… et qui ne donne jamais une chance à un perdant. Quant à la cloche qu’on n’entend pas sonner lorsqu’un marché a atteint un sommet ? C’est M. le Marché qui ne la fait pas sonner.

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