La Chronique Agora

Inflation ou croissance, le difficile choix de la Fed

▪ Vous voulez savoir pourquoi Bernanke ne mettra pas fin au QE et aux taux zéro ? Parce qu’ils ne fonctionnent pas.

Sur CNN Money :

"Ne vous inquiétez pas d’une hausse des taux, déclarent les célèbres investisseurs obligataires Jeffrey Gundlach et Dan Fuss".

"Gundlach, de Double Line, et Fuss, de Loomis Sayles, déclarent que le récent rebond des rendements a peu de chances de se poursuivre, grâce à la Fed".

"Tous deux affirment que la Réserve fédérale fera en sorte que toute hausse des taux soit lente et contrôlée. Selon Gundlach et Fuss, les conséquences pour les marchés mondiaux et l’économie seront catastrophiques si la banque centrale échoue".

"’Les gens disent que la Fed pense que l’économie n’a plus besoin d’aide, et cela entraîne un manque de soutien pour les obligations’, déclare Gundlach. ‘Mais toute la structure des marchés financier repose sur des taux d’intérêt bas’."

Oui, cher lecteur, il y a quelques années, tout ça aurait semblé absurde et/ou criminel. A présent, ça semble indispensable. La Fed prête de l’argent à un taux inférieur à celui de l’inflation des prix à la consommation… et soutient les banques et les spéculateurs avec 85 milliards de dollars par mois d’argent additionnel.

Et à présent, toute l’économie en dépend.

▪ Un remède de charlatan
Mais les taux zéro et l’assouplissement quantitatif sont des remèdes de charlatan. Ils tiennent de la saignée… qui empire l’état du patient et l’empêche de guérir. Puisque le QE et les taux zéro ne fonctionnent pas, l’économie ne se remet pas… et a donc besoin de plus d’"aide" de la Fed. Bloomberg nous en dit plus :

"L’activité manufacturière aux Etats-Unis a connu un recul inattendu en mai, au rythme le plus rapide de ces quatre dernières années, montrant que le ralentissement des dépenses des entreprises et du gouvernement entrave la plus grande économie mondiale".

"L’indice manufacturier de l’Institute for Supply Management a chuté à 49, son plus bas chiffre depuis juin 2009, contre 50,7 le mois précédent, selon le rapport du groupe basé à Tempe, en Arizona. Cinquante représente le seuil séparant la croissance et la contraction. La prévision médiane des 81 économistes interrogés par Bloomberg était de 51".

Comme nous le répétons souvent, la Fed n’ont pas déclenché, ne déclenchent pas et ne déclencheront jamais une reprise. Cette dernière se produira toute seule… quand l’économie sera prête. Et pas une minute avant.

Tout ce que les autorités peuvent faire, c’est retarder le processus… en privant les petites et moyennes entreprises de la véritable épargne (crédit) dont elles ont besoin… en faisant passer les ressources des entreprises productives vers le gouvernement et les grosses entreprises zombies… en punissant l’épargne… en encourageant la spéculation plutôt que l’authentique formation de capital et l’investissement à long terme… et en augmentant la quantité totale de dettes dans une société qui en est déjà imbibée.

Rien de tout ça n’aide une reprise. En fait, ça la ralentit. Cela rend l’économie plus faible… ce que la Fed trouve fabuleux. Parce que si l’économie se remettait vraiment — même un peu — l’inflation et les taux d’intérêt grimperaient.

Et ensuite ? Ensuite, l’économie, autrefois alcoolique au dernier degré, devrait se sevrer d’un seul coup. Ce ne serait guère agréable. La Fed ne pourrait pas continuer ses taux zéro et ses rachats d’obligations — pas avec un IPC en hausse. Elle devrait arrêter.

M. Bernanke & Co. seraient coincés, piégés entre la Scylla d’une économie qui s’effondre et la Charybde d’une inflation galopante. Leurs manoeuvres commenceraient à ressembler à de grosses erreurs.

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