La Chronique Agora

Une inévitable récession ?

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Les signaux indiquant que l’économie réelle est en train de basculer se multiplient. Peut-on encore vraiment espérer s’en sortir sans en passer par la case « récession » ?

C’est souvent à des « petits rien » que les investisseurs réalisent qu’un marché est en train de basculer… Vous savez, ces battements d’ailes d’un papillon qui, depuis le fond de l’Amazonie, peuvent déclencher une tempête terrible sur les côtes bretonnes.

Bon, en réalité, tout que ce qui se passe dans l’hémisphère sud a en fait peu de chances d’affecter l’hémisphère nord, les deux systèmes climatiques évoluant de manière complètement séparée de part et d’autre de l’équateur.

Mais, si les marchés devaient être déstabilisés par des battements, ce serait par celui des oreilles d’un troupeau d’éléphants bien énervés qui fonce vers nous à travers la pièce.

Bien sûr, il y a les 125 points de hausse supplémentaire de taux que la Fed semble déterminée à rajouter d’ici fin 2022, mais cet élément été tellement discuté qu’aucun effet de surprise ne devrait faire tressaillir les marchés lors d’une prochaine prise de parole de Jerome Powell qui, c’est acté, n’est plus le meilleur ami des marchés mais de « juste lui-même ».

Avec comme seule préoccupation de ne pas perdre définitivement sa « crédibilité », après s’être totalement planté dans sa gestion puis sa communication relative à l’inflation.

Baromètre de l’économie réelle

Oublions un peu l’éléphant « taux » (oui je sais, ce calembour est usé jusqu’à la corde) pour nous intéresser à l’éléphant « FedEx ».

FedEx, considéré comme le baromètre le plus fiable de l’activité économique réelle (parce que le reflet de ce que les consommateurs commandent « dans la vraie vie ») a vu son cours de Bourse chuter de près de 25% en six séances, entre le 15 et le 23 septembre (la plus lourde chute de son histoire).

FedEx a annoncé un chiffre d’affaires en légère hausse, mais surtout un bénéfice par action dilué ajusté chutant de 4,37 $ vers 3,44 $ (consensus de 2,8 $).

Et ce n’est qu’un des éléphants qui nous foncent dessus… cliquez ici pour lire la suite.

Et ça ne s’arrête pas là : les perspectives du quatrième trimestre 2022 sont également revues à la baisse. Son profit reculera vers 2,65 $ malgré Thanksgiving et le « cyber Monday », puis les fêtes de fin d’année.

Le PDG de FedEx, Raj Subramaniam, explique : « Les volumes mondiaux ont diminué alors que les tendances macroéconomiques se sont considérablement dégradées plus tard au cours du trimestre, tant à l’échelle internationale qu’aux États-Unis. »

De plus, en ce qui concerne 2023, le n°1 américain de la messagerie abandonne ses « guidances » initiales. Notamment car Amazon cherche à se passer d’intermédiaires, développe et expérimente de son côté ses propres modes de transport alternatifs, y compris des livraisons par robots et par drones.

Fret et pétrole

Le troisième éléphant qui nous fonce dessus en battant des oreilles, c’est celui du fret maritime, avec des tarifs en chute libre du fait d’une baisse des quantités de marchandises transportées par conteneurs entre la Chine et les Etats Unis, la route maritime la plus importante en volumes.

Le prix de location d’un conteneur est passé de plus de 20 000 $ l’automne dernier (et oui, avant la guerre en Ukraine) à tout juste 3 000 $, soit une chute de 85% en un an. Ce sont des niveaux plus revus depuis juin 2020, au sortir des confinements et de la mise à l’arrêt de l’économie mondiale.

 

Mais il y a aussi un quatrième éléphant, qui est celui de la chute du pétrole, un marqueur des anticipations des marchés en matière d’activité économique planétaire. Le baril de « WTI » a ainsi invalidé sa tendance haussière de moyen terme (datant de l’été 2020) en enfonçant le support des 86 puis des 82 $. Il se dirige maintenant vers l’ex-zénith des 74,5 $, atteint en juin 2018.

Alors nous pouvons toujours regarder voltiger les papillons. Il semble cependant peu probable que leurs battements d’ailes puissent – par une succession d’interactions chaotiques – provoquer un tel courant d’air que cela chasse ces quatre éléphants de la pièce récessionniste dont nous cherchons en vain à nous échapper.

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