La Chronique Agora

En Inde, l’or brille toujours

Henry Bonner

▪ A près de 1 200 $ l’once… l’or est resté relativement stable au cours des 18 derniers mois. Les achats d’or physique sur les marchés ont permis d’enrayer toute baisse.

L’Inde en particulier a été un important acheteur d’or physique. En 2009, le gouvernement indien a fait les gros titres en achetant 200 tonnes d’or au FMI ; les épargnants indiens ont été d’importants acheteurs d’or sur les marchés internationaux.

Jayant Bhandari a quitté l’Inde à l’âge de 36 ans. Depuis, il surveille étroitement l’économie et les marchés indiens. En début d’année, il a pressenti que le marché indien allait probablement chuter et l’a écrit dans la lettre Sprott’s Thoughts.

Quelle est la position de Jayant sur la demande indienne d’or et qu’est-ce que cela signifie pour nous ?

Jayant voit l’or prendre une place de plus en plus prépondérante en Amérique du Nord et en Europe, et y endosser le même rôle que celui qu’il joue dans l’économie indienne en difficulté.

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Il écrit :

Les Indiens achètent de l’or comme réserve de valeur. Selon moi, sa hausse ne les intéresse pas. En fait, peu leur importe de perdre une partie de leur pouvoir d’achat. Pour eux, il faut à tout prix sécuriser une partie de ce qu’ils possèdent.

Pourquoi les Indiens se tournent-ils vers l’or ?

Pourquoi les Indiens se tournent-ils vers l’or ?

Car ils se rendent bien compte que les rendements réels des actions, des obligations et de l’immobilier seront probablement négatifs. L’or offre une réserve de valeur qui ne rapporte rien ; mais lorsque les rendements réels sont négatifs, l’or devient compétitif.

▪ Biens immobiliers, actions, obligations et or
Deux tiers de l’épargne des ménages indiens sont concentrés sur l’or et les biens immobiliers. La classe moyenne place son épargne dans l’immobilier. En 2013, les rendements locatifs ont chuté de près de 2% à New Delhi et 3,5% à Mumbai.

La grande partie des logements appartenant aux épargnants de la classe moyenne reste inoccupée. Les propriétaires ne louent pas leur bien parce qu’ils n’ont pas de protection légale suffisante contre les locataires ou les squatters illégaux.

Les Indiens ne pouvant pas facilement sortir leur argent du pays, ils ont donc tendance à mettre leurs économies dans le marché boursier domestique, par manque d’alternatives. Comme le marché immobilier, les actions indiennes rapportent des dividendes dérisoires d’environ 1,4%, selon le S&P BSE Sensex Index, qui suit les plus grandes entreprises indiennes cotées en bourse.

Les étrangers sont entrés dans un marché boursier qui était déjà cher, attirés par les encouragements du nouveau Premier Ministre, Narendra Modi. Beaucoup l’ont vu comme un sauveur économique et cela a fait encore plus monter les prix.

Entre temps, les rendements obligataires sur les obligations d’Etat ‘sans risque’ tournent autour de 8%, ce qui montre à quel point les rendements sur les actions et les biens immobiliers se sont comprimés.

La roupie perd du terrain face au dollar d’environ 9% par an. L’inflation des prix en Inde si situe autour de 9% par an également. Les rendements sont clairement trop bas pour maintenir le pouvoir d’achat.

Récemment encore, les prix des titres boursiers et des biens immobiliers augmentaient en valeurs réelles. Le faible revenu des investissements pour les épargnants était donc compensé par des valorisations en hausse.

Mais dernièrement, les cours boursiers ont commencé à faiblir. Le Sensex a reculé de près de 7% par rapport à son plus haut fin janvier 2015.

L’or est donc une destination alternative pour l’épargne

Sans une hausse du prix des actifs, les actions et les biens immobiliers ne peuvent pas protéger le pouvoir d’achat des épargnants indiens. Les rendements obligataires se situent autour du taux d’inflation. L’or est donc une destination alternative pour l’épargne.

L’or ne génère aucun rendement. Lorsque globalement les rendements sont négatifs en valeur réelle, l’absence de rendement n’a plus d’effet dissuasif.

Outre le risque d’une chute des prix des actifs, la corruption est endémique et l’environnement commercial est très concurrentiel. Vous êtes sans cesse sous la menace de fraude et d’extorsion par les autorités. Cela crée un besoin supplémentaire de garder sa richesse loin du danger.

Les Indiens ne sont pas des spéculateurs, ni des ‘gold bugs.’ Ils achètent de l’or parce qu’ils sont prêts à accepter l’absence de rendements dans le but de protéger leur richesse. L’or en roupies n’a pas encore produit de rendements importants, mais les Indiens continuent d’en acheter afin de mettre leur richesse en lieu sûr.

▪ Des ‘temps barbares’ à venir
Certains qualifient l’or de ‘relique barbare’, après que le célèbre économiste John Maynard Keynes a utilisé ce terme pour décrire l’étalon or dans la première moitié du 20ème siècle.

L’or est une relique barbare mais nous vivons également des ‘temps barbares.’

Ils ont raison. L’or est une relique barbare mais nous vivons également des ‘temps barbares.’
Lorsque les risques sont plus élevés que les rendements potentiels, il y a plus de probabilité de perdre de l’argent en investissant qu’à en gagner.

On est prêt à renoncer à des rendements, voire même à subir des pertes, dans le but de protéger sa richesse.

Nous commençons à voir ce comportement également en Occident. L’année dernière, nous avons vu des taux d’intérêt négatifs en Europe, malgré un euro affaibli.

Alors que la croissance économique stagne en Occident, la hausse du prix des actifs devrait également faiblir. Les petits investisseurs pourraient se rendre compte qu’il n’y a pas de croissance et qu’une fois que la phase transitoire de hausse des actifs sera terminée, les rendements positifs réels deviendront probablement rares.

Si les investisseurs découvrent qu’ils ne pourront sans doute pas réaliser des rendements positifs sur leurs investissements dans les actions, les obligations ou les biens immobiliers, l’alternative de posséder de l’or deviendra plus attractive.

Dans un monde de non croissance, on ne peut pas s’attendre à gagner de l’argent en investissant. Il faut donc rechercher des moyens de préserver sa richesse.

Comme nous pouvons le voir en Inde, l’or brille en ces ‘temps barbares.’

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