La Chronique Agora

En Inde, le BSE 30 va-t-il repartir à la hausse ?

▪ Nous avons traversé le nouvel aéroport de Bombay, gigantesque et ultra-moderne, à notre arrivée en Inde. C’est une merveille d’ingénierie et d’architecture…

Un aéroport est nécessairement une affaire rationnelle, planifiée. Voyageurs, bagages, avions — tout doit fonctionner aussi efficacement que possible. Il faut tenir les délais. Il faut suivre les procédures. Il faut maintenir l’ordre.

Tout autour de l’aéroport, en revanche, c’était le chaos. Les piliers de soutien d’une autoroute s’élevaient dans la poussière… au milieu de blocs de béton brisés et abandonnés. Des outils… des matériaux de construction… des huttes et des abris… des ordures… et, bien sûr, des gens, se mélangeaient dans le plus complet désordre.

Pourquoi laisser l’endroit dans un tel était ? Pourquoi ne pas ranger tout ça ? Pourquoi ne pas mettre de l’ordre ? L’Inde sera-t-elle toujours un chaos de pauvreté et de confusion ?

"Tu ne comprendras jamais l’Inde tant que tu n’auras pas lu la Bhagavad-Gîtâ et le Veda", nous avait prévenu un vieil ami.

Nous n’avions pas le temps de lire les textes anciens. Nous avons donc gardé les yeux et les oreilles ouverts.

▪ Est-ce que tout est illusion ?…
A notre arrivée, nous nous sommes frayé un chemin parmi les festivités de Kala Ghoda, au centre de Bombay, pour rejoindre la demeure Sassoon. Les rues étaient bondées. Des piétons. Des motos. Des automobiles. Il y avait peu d’espace libre. Des femmes en saris colorés… des odeurs d’épices sur le trottoir… des vendeurs de bijoux et de tambours. Des klaxons. On était à Bombay, après tout.

David Sassoon était un riche Indien juif qui a installé sa famille en Angleterre. Son petit-fils a combattu durant la Deuxième guerre mondiale et en a conté la folie dans des poèmes. Dans la cour intérieure de la maison — qui est un musée à présent — des poètes locaux récitaient leurs vers devant un maigre public. Une jeune femme à l’accent très anglais était sur scène :

"Que dois-je comprendre de tous les sons ?
Tout le bruit.
Est-ce la vraie vie… la réalité… est-ce là tout ce qui existe… rien de plus ?
Ou bien n’est-ce qu’illusion et distraction…
Détournant mon attention des profonds mystères de ma propre âme ?"

Nous ne sommes pas resté pour la réponse. Est-ce que tout est illusion ? Peut-être. Mais c’est tout ce que nous avons. Mieux vaut s’en accommoder le mieux possible. Cela se fait non en explorant les mystères de notre âme, mais les mystères du bruit.

▪ … Ou bien est-ce que tout est corruption ?
"En Inde, tout le monde est corrompu. Enfin, pas tout le monde. Mais il y a eu tant de scandales qu’il n’est pas étonnant que les gens rechignent à investir dans les valeurs indiennes".

Notre collègue nous expliquait la mauvaise performance des valeurs indiennes. Alors que les valeurs américaines ont grimpé de 30% l’an dernier, les valeurs indiennes ont chuté de 2%.

Mais plus les explications arrivaient, plus notre perplexité augmentait.

"L’Inde a toujours été une pays très corrompu. C’est la seule manière de faire les choses. Il faut soudoyer quelqu’un. Mais le Congrès a fait passer une loi exigeant la publication des contrats entre le gouvernement et les entreprises privées. Pour la première fois, on peut voir ce qui se passe vraiment. Naturellement, on trouve de la corruption. Les entrepreneurs ne voulaient pas être poursuivis, de sorte qu’ils ont arrêté de passer des accords. Résultats, les grands projets d’investissement se sont arrêtés net et l’économie en a souffert".

Apparemment, ce n’était pas la corruption qui faisait du mal à l’économie indienne, mais son absence.

"Ce n’est qu’une phase, elle va passer. Les gens s’habitueront à cette nouvelle loi de transparence. Ils trouveront comment être corrompus sans se faire prendre. L’économie reprendra".

Et comment les actions indiennes vont-elles s’en sortir ? Se remettront-elles sur pied ?

"Depuis l’an 2000, on constate que le marché préféré de tout le monde — les Etats-Unis — a grimpé d’environ 50%. On parle là du S&P 500. Comparez ça à la bourse de Bombay. Le BSE 30 a augmenté de 600% depuis 2000. Les conditions fondamentales n’ont pas changé. L’Inde est jeune et pauvre. Les Etats-Unis sont vieux et riches. Qui va se développer le plus au cours des prochaines 10 à 20 années ? Probablement l’Inde".

Oui, une fois qu’elle aura trouvé comment refaire fonctionner son système de corruption… l’Inde est partie pour un boom. Ou pas.

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