La Chronique Agora

Les impôts détournés des écoles et des hôpitaux

optimisation fiscale

L’affaire des Paradise papers a permis aux dirigistes de tout poil de conspuer l’optimisation fiscale en oubliant de promouvoir l’optimisation des dépenses publique.

S’organiser en vue de réduire son niveau d’imposition, c’est « autant d’argent en moins pour les hôpitaux et les écoles en France », selon la journaliste Elise Lucet.

Une autre façon de voir les choses serait de dire que cela devrait pousser les hérauts de l’intervention étatique à réduire leurs gaspillages.

Critiqué jusqu’à la Cour des comptes pour son utilisation clientéliste, le système de la réserve parlementaire prendra fin en janvier 2018. Ceux qui ne jouent ni à la pétanque ni au bridge n’auront donc plus à payer pour les autres, pas plus que ceux qui n’embrassent pas la conception socialiste de la vie en société.

Or 137 millions par-ci, 137 millions par-là, ça fait vite un milliard au bout de huit ans !

Excellente mesure donc que la suppression de cette réserve ! Reste à espérer qu’elle ne sera pas remplacée par un dispositif similaire…

Malheureusement, il demeure bien d’autres voies pour le clientélisme…

Des infrastructures pour tous

La plus coûteuse est sans doute la construction d’infrastructures hors de prix, quand elles ne sont pas en plus inutiles. Les exemples sont légion.

Il n’y a pas qu’en Chine que certains ponts ne mènent nulle part. A 15 km de Dieppe en Normandie, le viaduc de la Scie, achevé depuis juillet 2015, a coûté 77 M€. Le problème est qu’il lui manque un tronçon de 7,7 km de goudron pour être raccordé à la nationale. L’intégralité du budget ayant été consommée, il faudra attendre 2020 pour le voir entrer en service, si son état ne s’est pas d’ici-là fortement dégradé. Que voilà un très bon exemple de la « Loi de Parkinson« qui veut que quelle que soit la taille de l’enveloppe allouée à une administration, elle finira consommée dans son intégralité, indépendamment de la difficulté de la tâche ».

Espérons que le viaduc trouvera son utilité et que cette dépense finira par être rentabilisée. Il est moins probable que ce soit le cas du TER Oloron-Sainte-Marie à Bedous qui aura coûté 102 M€. Abandonnée au début des années 1980 faute de trafic, la ligne a finalement été relancée pour remplacer un bus qui transportait moins de quatre passagers par voyage. Mais peu importe le coût pour le contribuable : ce qui compte, c’est qu’Oloron soit à nouveau reliée par train à Bedous, n’est-ce pas ?

Accélérons un peu et parlons TGV. La ligne à grande vitesse qui met Paris à quatre heures et quart de Toulouse par Bordeaux a été inaugurée début juillet. Coût de la plaisanterie : 3,6 M€ de frais passés en Smith Haut Lafitte 2014, en huîtres d’Arcachon et en veau du Limousin. Mais pour la SNCF, il n’y a « ni sujet, ni matière à alimenter la polémique », vu que la somme représente seulement 0,05% du budget global. Ah, qu’il est bon de gaspiller à grande vitesse l’argent des autres !

Terminons avec un peu de culture. Plutôt que de vous parler en détails du musée du Louvre de Lens (201 M€ + 16 M€ de dépenses annuelles de fonctionnement) qui n’a attiré que 435 000 visiteurs en 2015 (contre un million de prévus) dont la moitié d’entrées gratuites (soit 2,7 M€ de recettes annuelles), je voudrais aborder les dernières tendances en matière d’art subventionné.

Du 29 mars au 6 août, la mairie de Paris accueillait l’artiste suisse Zimoun, spécialisé dans les sculptures sonores. On pouvait notamment y contempler son oeuvre « Mécaniques remontées »qui consiste en une soixantaine de bétonnières disposées en rangées qui tournent à vide. Le site EXPOintheCITY commente :

« Regardez ces bétonnières noires, qui tournent à vide, toutes noires, jolies, toutes neuves, une soixantaine quand même c’est pas rien. Un concert comme je défie d’en avoir déjà entendu … »

Quand bien même ce serait le cas, est-ce que cela méritait de consacrer 8,5 M€ de subventions en 2015 au centre culturel 104 qui a hébergé cette exposition ? Les artistes ne devraient-ils pas être confrontés au marché et les spectateurs libres de ne pas payer pour ce qu’ils n’ont pas envie de voir ?

Encore ces dépenses sont-elles censées profiter à un certain public. Mais que dire de nouveaux bâtiments ayant vocation à accueillir nos élus et certains de nos fonctionnaires ?

A voir le coût de construction de ces édifices, comment ne pas conclure que nos élus sont pris de la folie des grandeurs ?

Comment justifier les 10 M€ déboursés par le Régime social des indépendants ou RSI (encore lui !) pour acquérir son nouveau siège à Rennes en décembre 2016 ? Les entrepreneurs locataires apprécieront.

Dans le même genre, les contribuables auvergnats doivent bien regretter que leurs élus aient déboursé 80 M€ en 2014 pour l’hôtel de région de Clermont-Ferrand. Suite au choix de Lyon comme siège de la région Auvergne-Rhône-Alpes, une partie des locaux de l’édifice reste en effet inoccupée…

Mais la palme revient une fois de plus à l’Union européenne — dont Le Monde rappelle qu’il porte le surnom ironique de « Caprice des Dieux ». C’est 320 M€ qu’aura coûté le nouveau siège du Conseil européen à Bruxelles. Comme bien souvent pour ce genre de projets, le budget initial a explosé en cours de route.

Parfois, un simple déménagement suffit aussi à faire de gros trous dans les poches du contribuable ! C’est ce qui s’est passé au mois d’août dans le cadre du changement d’adresse de l’INSEE. Face à la résistance des fonctionnaires, le processus a traîné huit ans, le déménagement à Metz ne concernant finalement que 60% des effectifs. Ajoutez à cela les primes de délocalisation, le maintien de certains postes qui auraient dû disparaître et une gestion immobilière pitoyable, et vous arrivez à une facture d’un montant de 50 M€.

Face à ce mépris de votre argent, réagissez : défendez l’optimisation fiscale !

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