La Chronique Agora

Les impôts dévoyés

[En ce week-end de « pont », nous vous proposons un extrait du dernier livre de Simone Wapler, Comment l’Etat va faire main basse sur votre argent… avec un point de vue décapant — et fort à propos — sur la fiscalité. Bonne lecture et bonne fin de week-end !]

Depuis l’automne 2012, la France est le pays le plus taxé au monde. Auparavant, nous n’accédions qu’au deuxième ou troisième rang des pays classés selon le critère de la pression fiscale. Mais, cette fois, nous avons réussi à nous hisser au sommet et à obtenir la médaille d’or de cette discipline. Nos impôts financent les dépenses publiques, qui pèsent 57% de l’activité économique, contre 43% pour le secteur privé. Nous sommes entourés de pays où la proportion est inverse : plutôt 45% pour le secteur public et 55% pour le secteur privé, même dans des social-démocraties comme la Suède.

Pourtant, on ne peut pas dire que les pays qui nous entourent suent la misère, ou au contraire que la France se détache de façon spectaculaire de ses voisins sur le plan des services publics. Certes, on trouvera toujours un domaine ou un autre (routes et voieries, justice, médecine, trains, enseignement primaire, secondaire, supérieur) dans lequel un pays est supérieur à l’autre.

Mais aucun pays d’Europe n’est un enfer. Pourtant, la France, malgré sa très lourde fiscalité, n’est pas un paradis. Fin 2012, les médias ont accordé une grande place au thème des people exilés fiscaux : Depardieu, Arnaud… Ils sont accusés de désertion.

Dans l’Antiquité, l’Empire romain taxait fortement. Cependant, il n’y avait pas d’exode fiscal. Car les bénéfices d’être citoyen romain dépassaient largement les inconvénients de l’impôt et aucun contribuable n’aurait souhaité s’établir dans le monde barbare. Mais nous n’en sommes plus là.

« L’excès des impôts conduit à la subversion de la justice, à la détérioration de la morale, à la destruction de la liberté individuelle », déplorait déjà Benjamin Constant, qui pourtant en payait peu, comparé à nous.

Comment en sommes-nous arrivés à conquérir de haute lutte ce statut d’enfer fiscal ? Le secteur public vit en ponctionnant le secteur privé, les recettes de l’Etat sont l’impôt. Il est donc parfaitement logique que plus l’Etat grandit plus les impôts grossissent. C’est évident, me direz-vous, mais certaines portes ouvertes méritent d’être enfoncées.

Vous sentez bien intuitivement que, lorsqu’on dépasse le seuil de 50% de l’activité économique produite par le secteur public, il se passe quelque chose d’important. Le rapport de force change, il y a un minoritaire et un majoritaire. Gardez présent à l’esprit que dans un système démocratique la majorité est réputée avoir raison, ou tout au moins elle impose ses vues.

Aujourd’hui, ce n’est plus le secteur privé créateur de richesse qui a la main, mais le secteur public. Avouez que c’est embêtant, la majorité de l’économie ne fonctionne pas pour créer la richesse mais pour la répartir.

Tout organisme ou organisation sociale a finalement un objectif : grandir, devenir plus important dans sa sphère d’activité. C’est humain. N’importe quel employé – qu’il soit du secteur privé ou du secteur public – ne vous dira jamais spontanément que son activité est inutile, il trouvera toujours de très bons arguments pour justifier sa fonction, son travail. Pourtant, réduire la pression fiscale, c’est avant tout réduire le secteur public ; inversement, toute augmentation du secteur public conduit à augmenter la pression fiscale.

N’oubliez pas que le véritable déficit est (comptablement) de 20%. Pour le diminuer, deux voies sont possibles. La première consiste à dépenser moins, c’est-à-dire réduire les dépenses de l’Etat. La seconde consiste à taxer plus pour gonfler les recettes. Un ménage confronté à un trou chronique choisira de dépenser moins, car c’est une voie plus facile et rapide que de gagner plus. Mais l’Etat, fort des 120 000 fonctionnaires du Trésor, a les moyens de faire rentrer l’impôt et donc de gagner plus.

Presque tous les pays qui se sont réformés pour reprendre la main sur leur endettement ont décidé d’adopter le régime minceur deux tiers-un tiers : deux tiers de diminution des dépenses et un tiers d’augmentation des impôts. Mais dans un des pays les plus fiscalisés au monde, c’est la voie un tiers-deux tiers qui a été choisie à l’automne 2012. Un tiers d’économies supposées (en réalité des dépenses repoussées à plus tard) et deux tiers d’impôts supplémentaires tout de suite.

[NDLR : Pour lire l’intégralité de l’analyse de Simone sur les impôts (que vous retrouverez au chapitre 8, p. 219), commandez vite votre exemplaire de Main basse sur votre argent : il suffit de cliquer ici…]

Meilleures salutations,

Simone Wapler
Pour la Chronique Agora

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