La Chronique Agora

L’impôt détermine la valeur de la monnaie

▪ Imaginez des parents qui créent des "bons" qu’ils utilisent pour payer leurs enfants lorsqu’ils accomplissent de menues tâches dans la maison. Ils "taxent" les enfants de 10 bons par semaine. Si les enfants n’ont pas 10 bons, les parents les punissent. "Cela ressemble fortement à l’impôt dans l’économie réelle. Nous devons payer nos impôts sous peine de devoir payer en plus des amendes", explique l’économiste Warren Mosler, dont nous vient cet exemple.

Notre ménage possède désormais sa propre monnaie. C’est comme le gouvernement américain, qui émet une monnaie fiduciaire, le dollar. (Cela signifie que l’Oncle Sam n’a pas à donner quelque chose en retour à ses contribuables, par exemple, une certaine quantité d’or.) Si vous réfléchissez à partir de cette simple analogie, vous pouvez en retirer toutes sortes d’idées intéressantes.

Par exemple, les parents doivent-ils récupérer des bons de leurs enfants avant de les payer pour avoir accompli leurs tâches ménagères ? De toute évidence non. En fait, les parents doivent d’abord dépenser leurs bons en payant leurs enfants pour accomplir des tâches avant de collecter les impôts. "De quelle autre manière les enfants pourraient-ils obtenir les bons qu’ils doivent à leurs parents ?" demande Mosler.

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"De même"," continue-t-il, "dans l’économie réelle, le gouvernement fédéral, tout comme ce ménage qui possède ses propres bons, n’a pas besoin d’obtenir les dollars qu’il dépense par l’impôt, ou l’emprunt, ou d’ailleurs pour pouvoir les dépenser".

Le gouvernement ne peut pas faire faillite. Il paie toutes ses factures en dollars, dont il est l’unique émetteur

Le gouvernement américain crée des dollars. Il n’a même pas besoin de les imprimer car en grande majorité les dépenses sont honorées simplement en ajoutant des dollars électroniques à des comptes en banque. Par conséquent, le gouvernement ne peut pas faire faillite. Il paie toutes ses factures en dollars, dont il est l’unique émetteur.

▪ Quelles conclusions en tirer pour les déficits nationaux ?
Cela semble tellement évident pourtant, il est étonnant de voir combien de gens — même intelligents — oublient ce simple fait. Ils deviennent hystériques à propos du déficit budgétaire ou de la dette nationale. (Je ne veux pas dire par là qu’il n’y a pas de conséquences néfastes à l’émission de trop de bons, ou aux dépenses gouvernementales en général.) La seule manière dont le gouvernement américain peut faire défaut est s’il choisit de le faire.

Si l’on revient à l’exemple donné par Mosler, posons une autre question : comment les enfants peuvent-ils "épargner" les bons qui leur restent après l’impôt hebdomadaire ? Cela ne leur est possible que si les parents dépensent plus qu’ils ne taxent. Il n’y a pas d’autres moyens d’amasser des coupons. Dans l’économie réelle, c’est la même chose. Le secteur privé peut épargner des dollars seulement si le gouvernement dépense plus qu’il ne taxe. Dépenser permet de déverser de la monnaie fiduciaire dans une économie ; payer des impôts l’en retire.

Pour emprunter à une autre analogie de Mosler, le gouvernement américain ne peut pas être plus à court de dollars qu’un marqueur à court de points

Autre question : les parents ont-ils moins de bons s’ils dépensent plus qu’ils ne taxent ? Non. Ce sont eux qui fabriquent les bons. Ils n’ont même pas besoin de bons physiques, il leur suffit de les consigner sur un morceau de papier ou dans un tableur. De même, le gouvernement américain n’a pas moins de dollars après avoir enregistré des déficits. Il ne peut pas arriver au défaut. (Il existe des limitations liées au monde réel le montant de la dépense du gouvernement.) Pour emprunter à une autre analogie de Mosler, le gouvernement américain ne peut pas être plus à court de dollars qu’un marqueur à court de points.

Vous pouvez ne pas apprécier cela (c’est mon cas). C’est simplement une description de la façon dont fonctionne un système de monnaie fiduciaire. C’est le monde dans lequel nous vivons. Trop de gens abordent les questions économiques d’un point de vue idéologique, moi pas moins qu’un autre. Ma propre vision de cet Etat est qu’il est, au mieux, maladroit, incompétent et gaspilleur. Au pire, il exerce une force néfaste sur la société.

Néanmoins, après beaucoup de lectures et de réflexions, je suis d’accord avec Mosler sur ce point : la capacité de l’Etat à faire payer des impôts, des amendes et des frais détermine la demande d’argent. Ou comme le dit Mosler : "l’impôt détermine la valeur de l’argent".

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