▪ Les pages des journaux étaient pleines de bonnes nouvelles, ces derniers jours. Le fort rebond des prix de l’immobilier américain, disaient-ils, signifie qu’une reprise est en cours. De Reuters :
"Les prix des maisons [aux Etats-Unis] ont connu leur plus forte accélération en près de sept ans en mars, les achats du printemps ayant donné de l’élan au secteur, tandis que la hausse de la confiance des consommateurs soulignait une certaine résilience de la reprise économique".
"Les données de mardi suggéraient également que les deux segments pouvaient agir comme ‘zone tampon’ alors que l’économie au sens plus large est confrontée au resserrement budgétaire mis en place à Washington".
"L’indice composite S&P/Case Shiller, comprenant 20 zones métropolitaines, a grimpé de 10,9% d’une année sur l’autre, alors qu’on n’attendait que 10,2%. C’est la plus grande augmentation depuis avril 2006, juste avant que les prix n’atteignent leur sommet l’été de cette même année".
Si l’on ajoute à ça un marché boursier record, la bonne humeur régnait sur l’ensemble des Etats-Unis. Reuters encore :
"La confiance des consommateurs [américains] s’est renforcée en mai pour atteindre son plus haut niveau en plus de cinq ans, suggérant que les Américains faisaient preuve de résilience face au resserrement budgétaire à Washington, selon un rapport privé publié mardi".
"Le Conference Board, un groupe industriel, a déclaré que son indice mesurant le sentiment des consommateurs est passé à 76,2 par rapport à 69 (révisé à la hausse) en avril, dépassant les attentes des économistes, à 71. C’est son meilleur niveau depuis février 2008".
▪ Le monde à l’envers
Vous voyez, cher lecteur… Tout est génial, magnifique et super, non ?
Mais attendez… que voyons-nous ? Devant toutes ces bonnes nouvelles, les marchés US ont en fait chuté, tandis que l’or regagnait du terrain.
Pourquoi ? Parce que les bonnes nouvelles sont de mauvaises nouvelles. Les mauvaises nouvelles sont de bonnes nouvelles. Le haut est en bas, et reculer c’est avancer. Rien n’est ce qu’il semble être… ou ce qu’il devrait être.
Si l’économie allait vraiment mieux, la Fed devrait tenir sa promesse de "normaliser" la politique monétaire. C’est-à-dire qu’elle arrêterait de prêter à des taux zéro et mettrait fin à son programme d’assouplissement quantitatif à 85 milliards de dollars par mois.
Mais ce sont ces mesures abracadabrantesques — et non une véritable reprise — qui permettent aux prix des actions de continuer à grimper. Supprimez-les, vous supprimerez aussi le boom des actions… et de l’immobilier. Les prix des maisons dépendent eux aussi, à présent, des taux hypothécaires les plus bas en 50 ans.
Ce que tout ça signifie, c’est qu’il n’y a pas de reprise authentique. Ce n’est que le miroir aux alouettes du QE. Quand le spectacle de magie s’achèvera… il en ira de même pour l’illusion de reprise.