La Chronique Agora

Il reste 24 heures aux Etats-Unis avant d'être en cessation de paiement

▪ Wall Street s’est vite remis de ses émotions, après le séisme (magnitude 7,4) survenu à 16h35 au Japon. Une alerte au tsunami avait été lancée avant d’être levée une heure plus tard. Le Dow Jones qui cédait jusqu’à 0,74% revenait alors à l’équilibre.

Un séisme de 7,4 un 7 avril (7/4), voilà une sorte de clin d’oeil du calendrier à la tectonique des plaques. Heureusement que nous n’étions pas le 9 avril, cela aurait fait beaucoup plus de dégâts !

Un léger craquement de l’écorce terrestre quelque part au large du Nord-Est du Japon a troublé la sérénité des marchés. Cela a ravivé de mauvais souvenirs : les terrifiantes images du 11 mars sont encore dans toutes les mémoires.

Sans secousse tellurique, les indices auraient continué de somnoler tranquillement en hausse de 0,3 à 0,5% jusqu’à la clôture.

▪ Les places boursières européennes n’avaient pas l’intention de clôturer en repli. L’Euro Stoxx 50 gagnait même 0,6% avant l’alerte au tsunami. Paris a fini dans le rouge (-0,5%) après avoir fait le grand écart au cours de la dernière heure entre 4 071 points et 4 025 points.

Le bilan hebdomadaire devient légèrement négatif. Un écart de 0,65% apparaît quantité négligeable, si les robots ont été programmés depuis un mois pour propulser le CAC 40 vers 4 100. Ou encore ramener le S&P 500 au contact du zénith annuel des 1 344 d’ici ce week-end.

Le séisme de ce jeudi a peut-être servi de prétexte pour quelques prises de bénéfices. Wall Street, lui, semblait avoir du mal à déborder ses plus hauts de la semaine.

Cela faisait quatre jours que les opérateurs voyaient le S&P plafonner sous les 1 340 points et le Nasdaq Composite au contact des 2 800 points. Il manquait un catalyseur, c’est-à-dire l’émergence de positions majoritairement haussières ou baissières sur les marchés dérivés. Le jeu consistant à rincer systématiquement les opérateurs qui succombent à un consensus.

Il est en tout cas bien difficile d’affirmer que les marchés ont pris un biais baissier ce jeudi. Même si une lecture au premier degré des graphiques pourrait le laisser penser. Francfort et Londres perdent 0,5%. Les indices paneuropéens ricochent sous d’importants niveaux de résistance.

Avant que la volatilité ne ressurgisse inopinément, les opérateurs affectaient de jouer le fait accompli de la hausse de 0,25% du taux directeur de la BCE. Il était maintenu à un plancher de 1% depuis mai 2009.

Mais plus que cette hausse des taux — déjà anticipée par le marché — c’est le discours du président de la BCE qui semblait tempérer l’optimisme des marchés.

Il n’y aura pas de nouvelle hausse de taux en mai, sauf aggravation spectaculaire de l’inflation. J.-C. Trichet réaffirme que tout sera fait pour assurer la stabilité des prix. Et il est clair que la hausse des matières premières fait pencher le risque vers une perte d’ancrage des anticipations concernant la stabilité monétaire.

Les prochains resserrements du loyer de l’argent pourraient s’enchaîner sur un rythme trimestriel. Ce qui induit l’objectif de 1,75% d’ici fin 2011, désormais privilégié par le marché.

De son côté, la Banque d’Angleterre semble se laisser prendre de vitesse par le dérapage des prix en maintenant de nouveau son taux de référence à 0,5%. Pendant ce temps, l’inflation sous-jacente dépasse les 4%.

La Fed, quant à elle, ne bougera pas avant la mi-2012. Elle continue de nier jusqu’à l’existence du problème. En excluant toutes les composantes sujettes à un renchérissement ponctuel ou structurel, l’indice des prix PCE core affiche un électro-encéphalogramme parfaitement plat, tout comme les salaires d’ailleurs !

Jeudi, la progression de l’euro semblait enrayée vers 1,4300 $. En revanche, le baril de pétrole WTI clôturait au plus haut de l’année, à 110 $ sur le NYMEX.

Les matières premières, l’énergie et les denrées agricoles ne rentrent pas dans les calculs de la Fed — l’inflation de second tour, voilà bien une de ces stupides inventions de la BCE. Il n’y a donc aucune raison que les politiciens américains s’en préoccupent. Les prix du pétrole ou du maïs peuvent bien grimper où ils veulent, c’est le marché qui décide.

La population pourrait aussi décider un jour que, si les marchés n’ont plus aucune connexion avec la réalité économique, ils sont aussi utiles à la société qu’une planche à billets privée d’encre et de papier.

Wall Street se fiche de l’avis de Main Street. Le recul millimétrique de 0,15% des indices US ce jeudi s’explique probablement par le bras de fer entre démocrates et républicains au sujet de la mise au point du budget fédéral pour 2011/2012.

▪ Il ne reste plus que 24 heures pour trouver un compromis sur le financement de l’économie américaine, après quoi, l’Etat sera en cessation de paiement.
Comme il n’est pas question de ne pas rembourser ses créanciers, l’Etat choisira de ne plus payer ses fonctionnaires. 800 000 d’entre eux pourraient se retrouver au chômage technique.

En 1995 et 1996, ce cas de figure s’était produit à deux reprises. Les Etats-Unis étaient à l’époque un pays prospère mais les républicains avaient juré de torpiller Bill Clinton en empêchant le vote du budget.
Quinze ans plus tard, les Etats Unis sont un pays en quasi-faillite. L’argent pour boucler les fins de mois fait réellement défaut.

Il y a 15 ans, le Congrès ne parvenait pas à trouver un accord pour affecter les dépenses. Cette fois-ci, il s’agit de tomber d’accord sur les coupes et la suppression de programmes sociaux. Ce sera dans tous les cas frustrant pour la Maison Blanche et douloureux pour beaucoup d’Américains.

Les républicains exigent 66 milliards de dollars d’économies, les démocrates ne sont prêts à en consentir que la moitié.
Se greffent là-dessus des marchandages idéologiques sordides qui n’ont qu’un lointain rapport avec les grands équilibres budgétaire. Mais les ultra-conservateurs ont régulièrement recours à ce genre de procédé.

Le Tea Party, lui, confirme sa stratégie du refus. Ses représentants affichent un rejet total de tout ce que la Maison Blanche propose comme dépenses pour faire fonctionner les administrations. Elles devraient être toutes privatisées, sauf l’armée et la police… et encore !

Aucune redistribution visant à soutenir les classes les plus défavorisées ne doit être tolérée. Chacun pour soi, Wall Street pour tous et que le meilleur gagne !

Le débat politique a atteint ces derniers jours et ces dernières heures une dimension caricaturale où l’intérêt général est bien le cadet des soucis des politiciens qui s’affrontent.

Il s’agit déjà de prendre date pour les présidentielles de 2012. Barack Obama vient de déclarer en début de semaine qu’il briguerait un second mandat.

Il faudra trouver mieux que yes, we can. Car à part imprimer des dollars, l’Amérique ne peut plus grand-chose pour se sortir de la panade !

Et la Fed semble désormais la dernière à savoir ce qu’il faudrait faire !

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*1,35 euro par appel + 0,34 euro / minute.
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