La Chronique Agora

Il pourrait se passer n'importe quoi

** Hier matin, nous avons appris que de nouveaux projets immobiliers majeurs sont abandonnés à Washington DC, ainsi qu’à Las Vegas et à Miami. Dans tous les Etats-Unis, il y aurait quatre millions de maisons neuves et anciennes sur le marché. Des chiffres en provenance de tous le pays nous parlent de hausse des stocks, de chute des ventes et de baisse des prix.

* Comment est-ce que tout cela se finira, nous demandons-nous. Par une explosion ou par un murmure ?

* Parallèlement, il demeure un fait curieux : les consommateurs américains continuent de consommer comme des idiots. Les dépenses et les dettes grimpent toujours, en dépit du ralentissement des ventes immobilières. Et selon les sondages concernant l’attitude des consommateurs, les lumpeninvestisseurs parlent de vagues pressentiments de problèmes, mais pas de véritable crainte.

* C’est comme s’ils pensaient qu’on attend d’eux qu’ils semblent méfiants. Comme s’il pouvait paraître inconvenant ou superficiel de penser que ces beaux jours dureront éternellement. Mais, si on les interroge plus en profondeur, c’est exactement ce qu’ils pensent.

** Susan Walker, de la lettre Elliott Wave Forecast, déclare qu’"un récent sondage [américain] réalisé par le Los Angeles Times auprès des propriétaires immobiliers montre ‘une large confiance dans le marché immobilier’. Le pire scénario possible, selon lequel les prix ‘resteront les mêmes’ au cours des trois prochaines années, n’a été choisi que par 5% des propriétaires. Ce total était moins que les 6% ayant déclaré s’attendre à une augmentation de 31% ou plus. Peu importe combien on parle de bulle, les propriétaires continuent à démontrer qu’ils n’ont pas la moindre idée des ramifications d’une telle situation. Et on parle là d’un environnement où les prix chutent ! Ils refusent si obstinément de le voir que ce n’est même plus du refus. C’est une sorte de déconnexion épique entre la réalité d’un marché immobilier en récente chute et un contrat social implicite selon lequel les prix des maisons ne baissent jamais".

* Nous nous rappelons qu’à la fin des années 90, une étude concernant les croyances des investisseurs avait mené à une surprenante découverte : un nombre substantiel d’acheteurs de fonds d’investissement pensaient que leur argent était assuré par le gouvernement fédéral. Il s’agissait bien entendu des lumpeninvestisseurs non sophistiqués. Les investisseurs plus "expérimentés", eux, pensaient que le marché entier était protégé par le "put Greenspan" — qui signifiait que le président de la Fed volerait toujours au secours d’un marché en baisse avec plus de liquidités. Et Greenspan est arrivé avec le liquide, mais ce dernier s’est écoulé dans l’immobilier, et non dans les dot.com.

* "Nous sommes d’avis que ‘l’exubérance irrationnelle’ est passée des actions à l’immobilier, plantant le décor pour une ‘déflation immobilière’", écrit John Rubino, de 321gold.com. "Nous nous attendons à une chute sérieuse de la construction, des ventes et de la valeur immobilière, qui commencera en 2006 et se fera plus prononcée en 2007. Un excès de nouvelles maisons s’accumulera au cours des 12 à 24 prochains mois, provoquant une chute des prix et de la construction de nouvelles unités, et installant un sérieux risque de déclin des prix (similaire à ‘l’effondrement des technologiques’ sur le marché immobilier."

* A présent, les lumpeninvestisseurs parient que la nouvelle équipe à la tête de la Fed et du Trésor US, ainsi que le président, le Congrès, tous les navires des océans et Dieu lui-même s’assureront qu’ils n’obtiendront jamais ce qu’ils méritent. En d’autres termes, ils parient qu’ils n’auront jamais à remettre la valeur qu’ils ont retirée de leurs maisons… que cette pente n’est pas glissante… qu’il n’y a pas de revers à la médaille… pas de marché baissier immobilier suivant le marché haussier.

* Pourtant, il y en a toujours. Cela ne signifie pas que les prix des maisons chuteront brusquement. Le marché immobilier anglais en est la preuve. Mais il y a plus d’une manière d’équilibrer un boom de l’immobilier et de ruiner des spéculateurs ; certains des propriétaires s’en rendraient à peine compte…

* Les prix de l’immobilier pourraient rester à leurs niveaux actuels pour les dix prochaines années… permettant à l’inflation de les diviser par deux, laminant ainsi lentement les spéculateurs, dont les coûts de détention augmenteraient tandis que leurs actifs se déprécient…

* Ou bien les prix pourraient s’effondrer dans certaines régions, et rester stables dans d’autres. Ils pourraient même continuer à grimper… mais moins rapidement que les prix à la consommation.

* Il pourrait se passer n’importe quoi, et ce sera probablement ce qui arrivera.

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