La Chronique Agora

Il faut arrêter de sauver des Etats et des banques avec de l'argent qu'on n'a pas !

▪ Où diable en étions-nous…
Ah oui ! Tout va bien : anticipations de croissance en hausse, marchés financiers impressionnants d’optimisme, résultats d’entreprises éclatants, inflation totalement sous contrôle, chômage en baisse… tout baigne.

▪ Serions-nous devant un « miroir sans tain »
Vous savez, ce miroir qui permet de voir sans être vu… Le côté miroir (le vôtre) étant toujours du côté le plus éclairé. Eclairé… et baigné d’optimisme par les bonnes nouvelles qu’on nous diffuse, ajouterais-je…

Et derrière le miroir ? Les grands de ce monde… ceux qui « fabriquent » les monnaies, « font » les marchés, tirent les ficelles.

▪ Pour commencer, soyez critique…
On ne le dira jamais assez : faites attention aux chiffres et aux paroles des grands de ce monde.
– Aux Etats-Unis, le chômage baisse parce que les inscrits au chômage sortent des statistiques pour grossir les rangs des pauvres.
– De même, l’inflation calculée par les gouvernements est une chose. L’inflation que vous ressentez à chaque fois que vous ouvrez votre porte-monnaie (la vraie, celle qui fait mal) en est une autre.

▪ En plus, soyez vigilant
Tsunami, catastrophe nucléaire, guerre en Libye, risque majeur de basculement du Moyen-Orient, dettes souveraines explosives, montée de l’inflation, ralentissement des émergents, pétrole à des niveaux stratosphériques capable de briser la croissance… Rien n’y fait. Les marchés restent de glace et ne cillent pas.

Vous trouvez cela normal ? Moi pas.

▪ Quand on a trop d’argent, on s’en fiche d’en perdre… On en est là
Les marchés restent d’airain et sont inébranlables. Ils sont totalement « shootés » à la création monétaire. Direct en intraveineuse. Et ça marche : Japon, Chine, Europe, Etats-Unis… les banquiers centraux en usent et en abusent tous.

Cette injection de liquidités est une drogue qui fait perdre aux marchés la conscience de la réalité et du risque. Ils ne réagissent plus. Ne savent plus jauger le risque.

▪ Alors les autorités monétaires continuent…
Elles fabriquent de toutes pièces la « croissance » et la hausse des marchés financiers, à coups de centaines de milliards de création monétaire ex-nihilo. Et ce n’est pas tout. On y ajoute de la « cavalerie, pure et dure ».

Regardez l’Irlande qui demande 24 milliards supplémentaires pour ses banques. L’Irlande en faillite totale. Qui va payer ? Les pays de la Zone euro… à coups d’émissions obligataires. Si au moins ils en avaient les moyens… mais même pas ! Eux aussi sont dans un gouffre financier insoluble. Mais ils continuent de creuser leur déficit. Et leur tombe…

▪ Il faut arrêter de sauver des Etats et des banques avec de l’argent qu’on n’a pas !
– Il faut fermer le robinet de l’argent qui coule à flots.
– Il faut cesser de fuir la réalité en se réfugiant derrière la création monétaire et l’accroissement de la dette.
– Il faut dire la vérité aux gens : oui, l’Irlande et la Grèce sont en faillite…
– Il faut prendre ses responsabilités et agir : oui, nous allons restructurer les dettes de ces Etats. Et oui, ce seront les investisseurs privés, et non plus les contribuables des Etats (vous !), qui paieront pour les fautes des Etats et des banques.
– Il faudra frapper fort : en n’hésitant pas à euthanasier carrément certaines banques qui ont fauté.
– Il faut réapprendre à faire du vrai avec du vrai. Et non du faux avec du faux.

Le plus dur sera de trouver des politiques pour le dire et pour le faire. Des vrais. Pas de ceux qui courent après le prochain mandat électoral. Et si on ne les trouve pas vite, les urnes s’en chargeront. Au péril des démocraties.

▪ Chassez le naturel il revient au galop…
Tous ces montages improbables de sauvetage, tous ces mirages de création monétaire pour soutenir une croissance illusoire auront une fin. La réalité nous rattrapera alors. Je pense sincèrement que nous allons au-delà de difficultés et qu’il faut les prévoir. Non pas pour les fuir. Mais pour s’y préparer et les affronter.

▪ Si je vous dis tout cela, c’est qu’on peut le faire
Tant que les marchés montent, il faut en profiter, rester investi. Mais rester vigilant. Le marché peut réagir violemment, très soudainement. J’ai comme l’impression que nous avons à faire à une cocotte-minute dans laquelle la pression monte d’un cran tous les jours, mais qui pour l’instant reste sous contrôle. Jusqu’à ce que…

– Il est important de préparer aujourd’hui, en ayant un portefeuille global alloué de façon optimale.
– Il est important aussi d’avoir en poche un « plan » qui vous permettra de protéger vos actifs contre le retournement s’il a lieu. Voire d’en profiter.

Et ce plan, ce n’est pas quand le retournement est à l’oeuvre qu’il faut y réfléchir, c’est maintenant, quand les marchés voient la vie en rose.

Je suis convaincue d’une chose : l’investisseur qui gagne en Bourse au final n’est pas celui qui multiplie les coups gagnants ; c’est celui qui maîtrise le risque et sait se protéger contre les retournements.

[Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises, dont cet article est extrait. Cette lettre Internet gratuite est consacrée au marché des matières premières et au marché des devises. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché, ainsi que celui du Forex.]

Première parution dans l’Edito Matières et Devises le 01/04/2011.

 
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