La Chronique Agora

Hors ligne en Argentine

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Nous prenons des mini-vacances cette semaine.

A moins qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire sur les marchés, nous allons les ignorer. En revanche, nous sommes heureux de vous conter ce qui se passe au ranch.

Ces derniers jours, nous avons connu une série d’incidents.

Pour commencer, notre accès internet par satellite est tombé en panne sans raison apparente.

Il avait fait très froid, avec beaucoup de vent, si bien que nous avons vérifié toutes les connexions. Tout semblait en ordre. Nous avons attendu. Et attendu. Puis nous nous sommes dit qu’il fallait reprendre contact avec le monde extérieur.

Nous avons donc pris la route de Colomé, un domaine viticole à environ une heure de voiture. Il comprend un musée et un petit restaurant avec le wi-fi.

Il semble impossible qu’un tel endroit existe — si proche de nous mais si loin de tout le reste. Et pourtant, il est là : un joyeux miracle. Un îlot de civilisation créé par un riche viticulteur suisse et son épouse.

En chemin vers Colomé

Donald et Ursula Hess sont tombés amoureux de l’endroit il y a environ 15 ans.

Ils auraient pu vivre n’importe où — mais ils ont décidé de vivre ici, dans cet endroit loin de tout mais si riche de sa propre culture

Ils avaient des vignobles en Californie, en Australie et en Afrique du Sud — mais l’Argentine était leur endroit préféré. Ils auraient pu vivre n’importe où — mais ils ont décidé de vivre ici, dans cet endroit loin de tout mais si riche de sa propre culture.

Ils ont planté des acres de vignes… construit un hôtel de luxe et un musée dédié à l’oeuvre de l’artiste James Turrell (célèbre pour ses installations lumineuses)… et ont ajouté un petit café-restaurant à leur exploitation.

Puis la pauvre Ursula a eu des problèmes pulmonaires. Ensuite, le moment de la retraite est venu pour Donald. Ils sont donc retournés en Suisse, où ils vivent aujourd’hui. Ils ont fermé l’hôtel, mais le reste fonctionne toujours.

En chemin vers Colomé, nous avons repéré une voiture grimpant la colline en direction du ranch. Nous sommes devenu légèrement méfiant à l’égard des personnes qui arrivent sans s’annoncer.

Il y a un groupe de fanatiques du 4×4 qui veulent à tout prix rouler sur nos terres. Notre ancien intendant, Jorge, nous a conseillé de leur refuser l’accès parce qu’ils ne ferment pas les barrières. Ensuite, ils ont systématiquement des problèmes et nous devons les secourir — souvent avec bulldozer et chevaux.

Un petit groupe, par exemple, s’entraînait pour le Paris-Dakar. Ils ont roulé jusqu’aux limites du ranch et se sont retrouvés embourbés dans un pâturage d’altitude.

Deux d’entre eux sont redescendus à grand’peine vers la maison principale pour rapporter que leurs camarades, restés avec les véhicules, allaient se retrouver à court de nourriture.

Nous n’avons pas pris leur alerte très au sérieux : la prairie est pleine de bétail, sans parler des moutons, chèvres et lamas locaux. S’ils mouraient de faim, avons-nous raisonné, ce serait de leur propre faute.

Mais nous avons organisé une équipe de cavaliers qui sont allés tirer leurs 4×4 de la boue.

En dehors des fanas du tout-terrain, les gens ne viennent ici en voiture que lorsqu’ils y sont obligés

Des visiteurs inattendus

Peu de gens viennent nous rendre visite. En dehors des fanas du tout-terrain, les gens ne viennent ici en voiture que lorsqu’ils y sont obligés. Ou parce qu’une personne âgée, sur le ranch, a une urgence médicale. Avant-hier, par exemple, une tante de notre nouvel intendant Gustavo s’est réveillée avec la jambe droite paralysée.

Nous étions d’avis qu’il s’agissait probablement d’une attaque. Nous avons donc pris des mesures pour que quelqu’un l’amène à l’hôpital le plus proche, dans le village de Molinos. Elle est de retour chez elle, à présent — les médecins ne semblent pas savoir ce qui ne va pas.

Voyant la voiture approcher, nous nous sommes arrêté pour savoir ce qui se passait.

« Bonjour, nous sommes Greg et Christy, nous venons de Washington. Nous avons entendu dire qu’il y avait un endroit magnifique par ici. Nous avons donc décidé de monter jeter un coup d’oeil ».

Le couple dans la voiture était d’âge mûr, souriant, ouvert et d’un optimisme très américain.

« Euh… Avez-vous remarqué que vous vous trouvez sur une propriété privée ? » avons-nous répondu avec un peu de froideur, une manière de parler que nous avons apprise durant nos années en France.

« Non. Nous n’y avions pas pensé. Et nous n’avons pas vu le moindre panneau ».

« Pas de problème ».

Nous nous dégelions, revenant à nos racines naturellement amicales. Et Greg et Christy semblaient être des gens sympathiques.

« Vous êtes venus jusqu’ici. Allez à la maison principale et dites à Marta que vous êtes des amis. Elle vous fera visiter et s’occupera de vous ».

Nous sommes enfin arrivés à Colomé, où nous avons rencontré de vieux amis de Cafayate — dont l’analyste de Doug Casey, Louis James, qui se trouvait là en visite.

Après quelques bavardages, nous nous sommes assis, avons commandé un café et nous sommes mis au travail — notamment pour faire savoir à nos équipes que nous pourrions être hors de portée pendant un temps.

Etre hors ligne est un concept difficile à comprendre pour les Américains

Hors ligne

Etre hors ligne est un concept difficile à comprendre pour les Américains.

A Baltimore, nous sommes toujours connecté — 24 heures par jour, 365 jours par an.

S’il y avait un problème avec le wi-fi au bureau, nous nous tournerions vers notre téléphone portable, qui semble toujours capter les nouvelles depuis l’éther. Nous ne savons pas comment ces messages nous parviennent, mais ils semblent nous trouver peu importe où nous sommes.

Nous pouvons envoyer et recevoir… toute la journée. Ici, c’est une autre paire de manches.

De retour au ranch, Greg et Christy se préparaient à partir. Ils nous ont affirmé avoir été très bien traités, ce qui nous a fait plaisir.

Et dans la maison, internet fonctionnait à nouveau. La connexion était revenue comme elle était partie — à l’instar d’un adolescent boudeur, sans excuse ni explication.

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