▪ "Les marchés montent à mesure que les jupes des femmes raccourcissent", affirmait hier Marc Mayor, qui ne recule pas devant des investigations approfondies pour élaborer ses théories d’investissement.
"Non, ce n’est pas le résultat de l’excitation ressentie par les traders de Wall Street sur le chemin du travail lorsque le printemps revient", expliquait-il, "c’est la conclusion d’une étude qui a fait de l’ourlet un indicateur fiable de l’évolution des marchés. Cette année, celui-ci se portera bas, très bas même. Pas loin du plancher, en définitive. Pour les marchés, il faut donc craindre le pire"…
Voilà qui a poussé votre correspondante (qui n’hésite pas non plus à enquêter pour vous sur des terrains difficiles) à faire un petit tour dans quelques boutiques, histoire de vérifier cette théorie. Eh bien, j’ai croisé un phénomène tout à fait intéressant sur les mannequins de deux grands magasins parisiens : des jupes d’une longueur monacale… mais faites d’un tissu aérien ne laissant pas grand-chose à l’imagination.
Aha ! Nous voilà face à une terrible énigme économique. Longueur mais transparence. Que faut-il en déduire pour les marchés ? Qu’est-ce qui est le plus significatif : la taille ou l’opacité ? Est-ce un complot entre le gouvernement et l’industrie de la mode destiné à tromper les gens sur la gravité de la crise ?
Est-ce que cette jupe longue qui en laisse autant entrevoir qu’une mini constitue au contraire un parfait symbole du rebond fictif : on est bien dans un marché baissier, mais on dirait un marché haussier ? Ou l’inverse, peut-être : on dirait une jupe longue mais c’est comme une mini-jupe — par conséquent les marchés vont grimper à coup sûr ?
Décidément, le métier de chroniqueuse économique est bien ardu, cher lecteur.
C’est peut-être Bill Bonner qui détenait la clé de l’énigme, lorsqu’il décrivait mercredi dernier les caractéristiques de la Grande Correction en train de se dérouler :
"Premièrement, elle semble marquer la fin d’une expansion de crédit qui a duré 60 ans. Rien que ça rendrait n’importe quelle correction intéressante".
"Deuxièmement, elle semble également signaler un zénith pour les Etats-Unis. Ils seront peut-être encore à la tête du monde pendant un temps, mais d’autres pays se développent bien plus rapidement — si bien qu’en termes relatifs, les Etats-Unis ne seront plus jamais dans une telle position de domination".
"La troisième chose à être corrigée est la plus intéressante de toutes. Le système monétaire basé sur le dollar américain, créé en 1971, mijote sans doute une correction d’une sorte ou d’une autre. Alors que le secteur privé essaie de résoudre ses problèmes, le secteur public augmente les siens. Il vit au-dessus de ses moyens. Tôt ou tard, lui aussi devra être corrigé".
Eh bien, la voilà, l’explication de ces jupes si intrigantes : on est bien en crise… mais une crise si profonde et radicale qu’elle expose tout au grand jour !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora