La Chronique Agora

L’héroïsme dépend des circonstances

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Nous semblons avoir rouvert d’anciennes blessures… et en avoir infligé de nouvelles… avec nos commentaires sur feu Mohammed Ali.

Dans nos bureaux américains, le courrier des lecteurs ressemble à l’offensive du Tet… avec des balles qui sifflent et des bombes explosant dans tous les coins.

Guerre du Vietnam : Traître ou héros ?

Peu affirment que la guerre du Vietnam était une bonne idée.

Mais certains pensent qu’il est du devoir d’un jeune homme de combattre quand le Deep State l’ordonne… même lorsque le Congrès n’est pas d’accord et qu’il n’y a aucune chance que l’ennemi menace la mère patrie.

Qui plus est, ce que l’armée américaine essayait d’empêcher s’est produit quand même… et quelles qu’aient été ses raisons de le faire, ça s’est révélé n’avoir de toute façon aucune importance.

Environ trois millions de personnes sont mortes (le nombre de Vietnamiens, de Laotiens et de Cambodgiens tués reste très incertain).

Et pour quoi ?

Personne ne le sait.

Les gens ne sont ni des lâches complets ni des héros à 100%

Les gens ne sont ni des lâches complets ni des héros à 100%. Tout dépend des circonstances. L’ancien Secrétaire à la Défense Robert McNamara a sûrement été lâche lorsqu’il ne s’est pas présenté pour dire la vérité à la nation au moment où ça aurait pu servir.

En 1968, il a accepté ses médailles en héros. Mais il n’a pas mentionné que la guerre dont il était en grande partie responsable était une erreur, quand bien même il a admis par la suite qu’il était déjà parvenu à cette conclusion à l’époque. Au moins un million de personnes de plus sont mortes pendant la guerre après son départ du Pentagone.

C’est près de trois décennies plus tard qu’il a trouvé le courage de le dire en public, les larmes aux yeux, affirmant que c’était « une erreur, une terrible erreur ». (Il a ensuite servi le Deep State en tant que président de la Banque mondiale).

Apparemment, la moitié de nos lecteurs sont d’accord avec lui. Ils pensent que la guerre du Vietnam était une erreur… et que quiconque a suivi le mouvement était idiot.

L’autre moitié pense qu’il vaut mieux ne pas réfléchir du tout. On faisait son devoir… ou on était un traître. Il n’y a pas à aller plus loin.

La jungle des deux côtés

« Qu’en penses-tu ? » Nous avons posé la question à un cousin qui avait servi au Vietnam.

« Je pense que j’ai été idiot de m’en mêler. Les plus intelligents sont restés à l’université… sont entrés dans la Garde nationale… ou ont trouvé le moyen de rester loin de tout ça. J’y suis allé parce que je n’avais rien de mieux à faire.

Mais tes lecteurs devraient lâcher un peu de lest. La plupart d’entre nous n’avions pas la moindre idée de ce que nous faisions. On faisait ce qu’on nous disait. On faisait ce qu’on avait à faire. On faisait ce qui nous attirerait le moins d’ennuis.

Et on ne sait jamais ce qui peut se passer. J’étais lieutenant dans l’armée. J’étais ingénieur. J’étais censé construire des pistes d’atterrissage et des routes.

Comme l’a dit Ali, je n’avais rien contre les Viet Congs. Je ne voulais pas être là-bas. Et je ne voulais certainement pas me battre contre eux. Mais on ne sait jamais…

La zone était censée être sûre. Mais je savais que quelque chose n’allait pas. C’était trop calme

Une fois, nous rentrions de patrouille. J’étais en tête. Nous n’avions que trois Jeeps… quatre hommes par véhicule. La zone était censée être sûre. Mais je savais que quelque chose n’allait pas. C’était trop calme.

Et puis on a pris un virage… j’ai entendu des coups de feu… et l’enfer s’est déchaîné. L’un de mes hommes s’est effondré. Nous ne pouvions pas déterminer d’où venaient les tirs. La jungle était des deux côtés de la route. Nous avons donc simplement fait feu avec tout ce que nous avions.

Puis j’ai remarqué qu’un des gars derrière moi était simplement assis là. Le truc le plus étrange. En plein milieu des tirs croisés… il se contentait de rester assit.

Je lui ai crié : ‘qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Aide-nous un peu !’

Il a dit qu’il ne pouvait pas. Qu’il était objecteur de conscience.

Mais que diable… ? Comment un objecteur de conscience s’était-il retrouvé dans ma Jeep alors que les Viet Congs nous tiraient dessus ? Il m’a fallu quelques secondes pour intégrer l’information.

Ensuite… Le canon de mon fusil était chauffé au rouge, à force de tirer. Je l’ai appuyé contre son front et je lui ai dit que s’il ne prenait pas son arme, je lui ferais sauter la tête.

Les gens sont bizarres. Je crois que je l’aurais fait. Il a compris le message. Il s’est mis à tirer. Je serais prêt à parier qu’il a encore un rond sur le front aujourd’hui.

Le patriotisme ? Lutter contre le communisme ? Co***ries. On s’est battu parce qu’on y était obligé. Ou parce que nous ne voyions pas plus loin que le bout de notre nez ».

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