La Chronique Agora

Hausse du pétrole, baisse de l'immobilier : un couple mal assorti

** "Les taux hypothécaires américains grimpent en flèche alors que les investisseurs parient sur un geste de la Fed", titrait le Financial Times hier matin. Les prêts hypothécaires à taux fixe à 30 ans ont dépassé les 6% pour la première fois en près de trois mois. Les bons du Trésor US à 10 ans, pendant ce temps, ont chuté à un rendement de plus de 4%.

* Les marchés ne sont-ils pas merveilleux, cher lecteur ? Tout le dur travail des autorités — qui visait à maintenir les taux si bas que les gens puissent continuer à emprunter plus d’argent — tout ça peut être défait en une seule séance de bourse !

* "La hausse des taux hypothécaires augmentera le coût des achats immobiliers ; elle diminue également les chances de voir les propriétaires existants refinancer leurs prêts. Cela réduit à son tour les espoirs de voir une reprise rapide du marché immobilier américain", expliquait le Financial Times.

** Qu’est-ce qui a mal tourné ?

* Lorsque la Fed a commencé à réduire ses taux en septembre dernier, le prix du pétrole a grimpé en flèche. La hausse des prix du pétrole se propage désormais à l’économie entière… gonflant les prix de tout, des concombres jusqu’aux couches-culotte. Et les tendances qui ont maintenu les prix à la consommation au plancher pendant si longtemps les poussent à présent dans la direction opposée. Les coûts de la main d’œuvre ont été contraints de baisser lorsque des centaines de milliers d’Asiatiques sont arrivés sur le marché de l’emploi mondial, par exemple. Mais à présent, ces travailleurs cuisinent au gaz… conduisent des voitures… et mangent des repas réguliers — faisant ainsi concurrence aux Occidentaux pour la nourriture et l’énergie, et faisant grimper les prix alors même que l’économie ralentit.

* Voilà quelques nouvelles en provenance de l’agence Associated Press :

* "Les Indonésiens manifestent contre la baisse des subventions pour le carburant dans un pays où près de la moitié des 235 millions d’habitants vit avec moins de deux dollars par jour. On trouve actuellement 887 millions de véhicules dans le monde, par rapport à 553 millions il y a 15 ans seulement, et on est en bonne voie pour quasiment doubler et atteindre le milliard d’ici 2012, selon Global Insights, consultants basés à Londres".

* "Ainsi, à mesure que les prix du pétrole grimpaient, les prix moyens du carburant [US] ont augmenté de 144% au cours des cinq dernières années — passant de 1,67 $ en mai à 4,02 $ le gallon ce mois-ci, selon l’Administration américaine de l’information énergétique. Sur la même période, les prix du carburant en France ont grimpé de 117%".

* "Les propositions des candidats présidentiels américains John McCain et Hillary Clinton de suspendre les taxes fédérales sur le carburant cet été feraient baisser la facture — mais n’auraient que peu d’impact sur le prix du pétrole sous-jacent. Le président Nicolas Sarkozy a quant à lui demandé à l’Union européenne de baisser la TVA sur le carburant".

* "Les pêcheurs et agriculteurs français, qui ont besoin de faire tourner leurs chalutiers et leurs tracteurs, déclarent que leur gagne-pain est menacé par la hausse des prix, et ont bloqué des terminaux pétroliers en France ainsi que le fret sur le Channel britannique afin d’obtenir des aides gouvernementales. Les pêcheurs italiens, portugais et espagnols les ont rejoints, se mettant en grève vendredi. Les routiers britanniques et bulgares manifestent eux aussi contre la hausse du carburant".

* "La Turquie se trouve confrontée à des problèmes similaires — et des prix encore plus élevés : 11,29 $ le gallon ; pour le plein d’une voiture de taille moyenne, on atteindrait près de 200 $, le prix d’un billet d’avion sur un vol intérieur".

* Comment les gens réagissent-ils à une hausse des prix du carburant ? Ils économisent, bien entendu. Dans la région de Philadelphie, par exemple, l’Association américaine des automobilistes (AAA) rapporte qu’ils achètent moins de carburant… puis finissent à sec. L’AAA reçoit deux fois plus d’appels de conducteurs se retrouvant en panne d’essence.

** La confiance des consommateurs est elle aussi en panne sèche — elle est à son niveau le plus bas de ces 28 dernières années. Ce n’est pas étonnant ; les prix des maisons continuent de chuter… tandis que les prix à la consommation grimpent bien plus rapidement que ne le suggèrent les prix de l’IPC.

* Sur le front de l’immobilier, le Boston Globe affirme que certaines villes environnantes ont vu les prix des maisons perdre jusqu’à 33% ces 12 derniers mois. Le New York Times ajoute que le problème de l’immobilier "se répand" jusqu’à la classe moyenne supérieure. Ca a peut-être commencé avec les emprunteurs subprime marginaux, dit le journal, mais à présent, même des maisons chères dans de beaux quartiers voient leur prix baisser… et mettent beaucoup plus longtemps à se vendre. Et mieux vaut ne pas être pressé de vendre, parce que les vendeurs ont peu de poids dans les négociations.

* Vraiment, heureusement que le gouvernement Bush a envoyé les fameux chèques de réduction d’impôts. Ils permettront d’acheter près de 300 gallons de carburant pour chaque homme, femme et enfant aux Etats-Unis. Cela devrait aider à maintenir le pays sur la route pendant encore un petit temps…

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