La Chronique Agora

Hausse des taux et carry trade : où et comment ?

▪ Cela a commencé en Asie. A présent, cela s’étend vers l’ouest et touche l’Europe. Et en un rien de temps, cela pourrait même atteindre les Etats-Unis.

La grippe porcine ?

Non. « Cela », ce sont les taux d’intérêt qui augmentent et la fin de la libre circulation de l’argent facile qui s’est répandue sur la planète en réaction à la crise financière de 2007-08. Les mandarins de la monnaie au niveau mondial décident, l’un après l’autre, qu’il est temps de fermer le robinet, ne serait-ce qu’un peu.

Cela a commencé en octobre dernier, lorsque la Chine a augmenté les taux d’intérêt. Trois augmentations supplémentaires ont suivi, dont la plus récente mardi dernier.

En Europe, malgré un accord pour renflouer le Portugal avec la coquette somme de 100 milliards de dollars, la Banque centrale européenne (BCE) a voté mercredi le relèvement de son taux d’intérêt principal pour la première fois depuis juillet 2008 — de 1% à 1,25%.

▪ « Les banques centrales augmentent les taux d’intérêt lorsqu’elles veulent ralentir une économie qui pourrait surchauffer et générer trop d’inflation », explique notre trader de devises Abe Cofnas. « Le relèvement du taux des banques centrales révèle un nouveau sentiment fréquemment partagé : la peur de l’inflation ».

« C’est avant tout un grand bouleversement des forces fondamentales qui font bouger les monnaies. Pour les traders et les investisseurs, c’est également une belle opportunité. Lorsqu’une banque centrale modifie ses taux d’intérêt, cela crée un déséquilibre des flux de capitaux. Ces déséquilibres se répercutent sur quasiment toutes les devises échangées ».

« Ceci est dû au carry trade, stratégie par laquelle les investisseurs vendent ou empruntent des devises à faibles taux d’intérêt et utilisent ce capital pour acheter des devises avec des taux d’intérêt plus élevés ».

« Le carry trade était une opération qui rapportait beaucoup il y a encore quelques années », affirme Abe. Le Japon a maintenu des taux extrêmement bas dans une tentative vaine de stimulus. « Emprunter des yens pour investir dans des devises à taux plus hauts était un moyen quasi certain de gagner de l’argent ».

Cette situation a pris fin avec la Panique de 2008. Le monde entier a commencé à imiter les Japonais, réduisant radicalement les taux. Et les emprunteurs ont dû rapatrier leur capital pour rembourser leurs dettes.

Comment alors prendre le pouls du carry trade ? « Il suffit d’observer l’iPath Optimized Currency Carry ETN (ICI) », répond Abe. Cet ETN (exchange-traded note) — c’est la même chose qu’un ETF (exchange-traded fund) — utilise le carry trade comme discipline d’investissement. Tout bénéfice dans un ICI reflète un carry trade renforcé ».

Abe surveille de près le niveau à 47 $ sur son graphique. « Si ce niveau est dépassé, c’est un signal clair que le carry est de retour ! »

Et si le carry trade est de retour, quelles sont les conséquences ? Abe en voit trois…

« Le yen sera encore une fois une cible privilégiée des adeptes du carry trade. La reconstruction après le séisme étant une priorité, le Japon favorise un yen plus faible ».

« Si le taux dans les autres pays du G7 continue à monter dans les mois à venir, le real brésilien deviendra plus vulnérable à une liquidation ».  Les taux d’intérêt brésiliens sont à un pourcentage exorbitant de 11,75%, mais un simple rétrécissement du spread avec d’autres pays pourrait finir par affaiblir le real.

« Le dollar est encore une devise à taux bas et pourrait également souffrir de l’effet carry trade. Autrement dit, les traders pourraient pousser vers le bas la valeur du dollar à mesure qu’ils vendent des billets verts et achètent d’autres devises ».

Mais attention : « si le président Ben Bernanke signale que l’assouplissement quantitatif ne sera sans doute pas prolongé, ou s’il signale une vigilance sur l’inflation, les traders pourraient anticiper une forte montée des taux ».

 
Note : Cet article vous a plu ? Pour recevoir tous les jours l’édition complète de La Chronique Agora par e-mail, il suffit de vous inscrire.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile