La Chronique Agora

Haka Tone : le xv de francfort résiste (1)

Par le Banquier Central (*)

[Le capitaine du XV d’Angleterre] était l’amant de la princesse Diana ; alors que David Beckham a épousé une Spice Girl. No comment !
— Daniel Herrero

L’angoisse du coach en demi-finale
A Francfort aussi, on se passionne pour la coupe du monde. Il faut dire que l’art difficile de la banque centrale a tout, en ce moment, de la mêlée ou du maul en rugby. Ayant bloqué à mi-terrain l’offensive du subprime, le XV de Francfort résiste comme il peut — à coups de milliards injectés qui viennent renforcer, jour après jour, la défense compacte de l’économie mondiale.

Pour renforcer le moral de l’équipe, les sélectionneurs européens ont consenti à un geste : le 6 septembre, le conseil des gouverneurs décidait à l’unanimité de laisser son taux directeur inchangé (4%). La Banque Centrale britannique, elle aussi, a choisi le même jour de jouer l’attente.

"Le problème, m’expliquait un talonneur de la BCE, c’est qu’on s’est fait couper nos espaces. On a eu de bonnes occasions ces derniers mois… mais on n’a pas su concrétiser… Aujourd’hui, nos marges de manœuvre sont beaucoup plus réduites ; surtout avec les All Blacks de Bercy, qui ne manquent pas une occasion de nous mettre la pression pour la détente des taux. Le coach ne sait plus s’il faut coller au score, ou bien rester crédible en s’arc-boutant sur son indépendance."

… C’est toujours le problème en coupe du monde : quand vingt millions de spectateurs s’improvisent sélectionneur, la position du coach devient sacrément délicate. D’autant que les rebondissements du tournoi, déclenchés par la crise du subprime en août, semblent donner raison aux uns comme aux autres.

Le bilan de l’emploi américain, tombé vendredi dernier, a douché une nouvelle fois les marchés, qui s’en seraient bien passé… On sait qu’il s’agit d’une donnée volatile, mais les chiffres avaient de quoi raviver quelques inquiétudes : 4 000 emplois perdus en août, contre 110 000 créations attendues — sans compter une révision à la baisse des chiffres de juin et de juillet. C’est aussi le moment qu’a choisi Alan Greenspan pour sortir de sa réserve (qui n’est plus fédérale). L’ex-coach américain, au détour d’une petite interview, vient tout juste, alors qu’on ne lui demandait rien, de dresser une comparaison catastrophiste entre la situation actuelle et les crises financières de 1987 et 1998…

Dans un contexte secoué par les tribulations du subprime, où tout le monde se demande qui sont les perdants et de combien, il n’en fallait pas davantage pour faire ressurgir le spectre d’une contagion mondiale. Le yoyo des indices ne semble donc pas près de s’arrêter : pour autant, l’impact du subprime sur l’économie mondiale reste difficile à cerner. C’est là que le parallèle brossé par Alan Greenspan mérite notre attention — non tant pour sa valeur en soi que pour ce qu’il traduit de la psychologie des opérateurs. Car chez les gros joueurs des marchés, le précédent de 98 est évidemment dans toutes les têtes.

Grandeur et décadence de l’équipe LTCM
Déclenchée en 97 par la dévaluation du baht, cette crise a fait partir en fumée des centaines de milliards de dollars, et porté un coup très dur aux économies émergentes du sud-est asiatique — l’Eldorado de l’époque — qui ont mis des années à rebondir.

En Occident, les financiers ont été les plus touchés, à commencer par des fonds d’investissement lourdement investis dans la zone, ainsi que dans la jeune Fédération de Russie. La crise russe, survenue dans le sillage de la précédente, leur a porté des coups mortels. Le hedge fund LTCM, passé à deux doigts de la banqueroute, en est resté l’exemple le plus célèbre. Le cas LTCM est intéressant à double titre : par la démesure (pour l’époque) de ses capitaux — plus de 100 milliards de dollars de positions — mais aussi pour la qualité de son management, qui ne comptait pas moins de deux prix Nobel dans ses rangs : Myron Scholes et Robert Merton.

La suite de cette affaire dès demain…

Meilleures salutations,

Le Banquier Central
Pour la Chronique Agora

(*) Derrière le Journal d’un Banquier Central, on trouve toute une équipe d’experts de la finance, de l’économie, de l’analyse technique et de la bourse qui mettent leurs connaissances au service des investisseurs individuels.

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