La Chronique Agora

Les habits du dimanche

▪ L’or refuse de baisser. Les actions refusent de grimper. Ces dix dernières années, l’or a grimpé considérablement, tandis que les actions ont stagné.

Pourquoi ? Parce que l’empire américain a atteint son sommet en 1999.

▪ Nous sommes allé à la messe dimanche dernier. L’église a été bâtie dans les années 1860 par un groupe d’épiscopaliens du Maryland qui cherchaient à se séparer d’une paroisse pro-Union. En elle-même, c’est un magnifique exemple du style architectural « gothique rural américain » du milieu du XIXe siècle.

Dans la mesure où nous avons vécu en Europe ces 15 dernières années, nous n’avons pas eu beaucoup l’occasion de nous rendre à notre église locale. Elle jouait autrefois un rôle important dans notre vie, toutefois. Notre famille s’y rendait tous les dimanches, et votre correspondant a été enfant de choeur pendant plusieurs années.

Nous avons donc mis nos habits du dimanche — veston ET cravate — et sommes retourné à l’église que nous avons connue enfant, nous glissant sur un banc à l’arrière de la nef.

La première chose que nous avons remarquée, c’est que nous étions le seul à porter une cravate… ou une veste. Le reste de l’assemblée semblait prêt à commander des hot-dogs géants, ou à étaler serviettes et parasol. Un homme âgé d’une cinquantaine d’année portait un vaste bermuda — du genre de ceux qu’on trempe dans un seau d’eau savonneuse pour laver sa voiture. Sur son estomac rebondi était tendu un tee-shirt vert délavé semblable à ceux que portent généralement les mécaniciens. Nous n’avions encore jamais vu un tel niveau de relâchement dans une église épiscopalienne — ni dans aucun autre établissement religieux, d’ailleurs.

L’apparition du choeur à l’arrière de l’église nous a rassuré. Tout semblait normal. Ils étaient vêtus de bleu et de rouge traditionnels, précédés de la croix. Sauf que le porteur de ladite croix était flanqué de deux drapeaux — celui de l’église épiscopalienne, et le Stars & Stripes américain. La politique et la religion — l’Etat et l’Eglise — marchaient côte à côte dans l’allée centrale, le choeur chantant un hymne joyeux.

Ils entonnèrent ensuite deux chants patriotiques. Jamais encore nous n’avions entendu de louanges à César dans une église.

Personne n’a semblé s’en offusquer. Jésus-Christ et César, César et Jésus-Christ… La plupart des gens aiment les voir réunis ; ils sont aussi heureux de servir un maître que l’autre. Ils préfèrent même en avoir deux.

Nous ne nous en sommes pas formalisé non plus. Après tout, on était veille de fête nationale ; peut-être ne le faisaient-ils qu’une fois l’an…

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