[NDLR : Suite à quelques problèmes informatiques, la chronique de Philippe Béchade est un peu plus courte que d’habitude… et surtout, elle a dû se faire "à quatre mains", avec la participation de Françoise Garteiser : par conséquent, ne vous inquiétez pas du changement de style en conclusion — les choses reviendront à la normale dès lundi.]
** Les marchés de la Zone euro s’étaient assoupis depuis la mi-août dans une zone de cours très voisine de celle ayant fait office de résistance du 21 juillet au 8 août dernier. Ni la décrue du pétrole sous les 115 $ ni un euro retombé à son plus bas niveau depuis six mois contre le yen et le billet vert n’étaient parvenus à encourager des investisseurs rendus frileux par des perspectives économiques moroses et les menaces de récession qui planent de part et d’autre de l’Atlantique depuis fin 2007.
Des anticipations qui seraient exagérément pessimistes si l’on en croit les dernières statistiques d’activité économiques publiées ce jeudi aux Etats-Unis, le PIB américain aurait en effet connu un spectaculaire rebond au deuxième trimestre.
Il ressortirait en hausse de 3,3% en rythme annualisé (contre une estimation initiale de +1,9%), déjouant un consensus redevenu plus optimiste depuis la publication des commandes à l’industrie et qui tablait sur une révision à 2,5%, après une croissance de seulement 0,9% au premier trimestre.
Ces chiffres ont été salués par une envolée de 2% du CAC 40 (ce qui porte le bilan hebdomadaire à +1,4%), et de 1,85% des indices paneuropéens — tandis que Wall Street affichait +1,5% à mi-séance jeudi soir.
Ne nous demandez pas comment les statisticiens américains ont pu commettre une erreur d’estimation de 50%. En France, avec 0,1% en plus ou en moins par rapport à ses propres prévisions, l’INSEE est aussitôt soupçonné d’avoir "tripatouillé" les chiffres officiels pour complaire à tel ou tel ministère.
En revanche, nous sommes beaucoup moins surpris par le timing puisque l’annonce d’une croissance plus que flatteuse de 3,3% tombe à 10 semaines des présidentielles américaines. Pile au moment où les derniers sondages placent les questions économiques au centre des préoccupations des électeurs… et où le candidat républicain serait en train de combler son retard sur son rival démocrate (sa remontée coïncide — un pur hasard assurément — avec la décrue du baril du pétrole depuis la fin juillet).
Non seulement les carburants coûtent moins cher mais de surcroît, le marché du travail retrouverait de sa fluidité et les emplois redeviendraient plus nombreux : pour preuve, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont reculé de 10 000 unité, à 425 000 la semaine passée, selon le département du Travail US.
** Voilà de quoi faire oublier l’éphémère remontée de 2% du pétrole, à 120 $ le baril en début de séance à New York. Cela témoigne des accès d’inquiétude récurrents suscités par l’ouragan Gustav qui se rapproche — en forcissant — des installations pétrolières offshore du golfe du Mexique.
Allez, offrons-nous quelques lignes de cynisme gratuit : il se pourrait qu’aux yeux des propriétaires immobiliers pris à la gorge en Floride, notamment, le cyclone Gustav ne soit pas forcément une mauvaise chose. Une catastrophe naturelle s’abattant sur la région représenterait certes, un drame économique (et écologique)… mais endommagerait des propriétés pour lesquelles il serait désormais possible de faire jouer l’assurance, apportant ainsi une solution providentielle — si l’on ose dire — à de nombreux problèmes d’endettement, de maisons impossibles à revendre et ainsi de suite.
Mais passons. Quoiqu’il en soit, vous pouvez être certain que personne ne va chercher à savoir pourquoi le PIB américain est à 3,3% plutôt qu’à 1,5% — même si les Américains eux-mêmes sont nombreux à reconnaître que leur économie est "a wreck", une épave.
Et les prix des actions ne sont pas faits par les propriétaires de biens qui se cassent la figure ; l’effet d’aubaine prime. Si le Dow Jones débordait les 11 750, cela constituerait un signal haussier très important — le plus favorable qu’on ait vu depuis la mi-juillet. Dans ce cas, le principal indice américain filerait probablement jusqu’aux 12 300 points.
L’Europe suivrait, bien entendu ; à Paris, les choses se passeraient en trois vagues pour le CAC 40. Une fois soulevée la résistance des 4 570 points, on pourrait rapidement atteindre les 4 600 puis les 4 730 — on verrait alors se reproduire le scénario qui s’était déroulé du 18 mars au 19 mai, dans la même amplitude temporelle, cette fois-ci du 14 juillet au 15 septembre.
Ce n’est pas parce qu’une hausse était inattendue ou inespérée que les spéculateurs ne s’y engouffreront pas : en ce qui nous concerne, nous restons baissiers à moyen terme — mais si le scénario évoqué ci-dessus se concrétise, il y aura des choses à faire d’ici la mi-septembre…
[NDLR : Et Philippe ne se privera pas d’agir, dans le cadre du portefeuille qu’il gère au sein de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine — pour retrouver toutes ses recommandations, il suffit de continuer votre lecture…]
Philippe Béchade,
Paris