La Chronique Agora

Guerre du pétrole : les nouveaux foyers de conflit

▪ La situation est de plus en plus explosive au Yémen. A présent que l’Arabie Saoudite s’est engagée dans la guerre — en bombardant et en massant des troupes à la frontière — nous pourrions voir le prix du pétrole remonter beaucoup plus tôt qu’on ne le pensait.

Que se passe-t-il ?

Il y a environ cinq ans, j’avais prédit des "Guerres du pétrole" et avais qualifié l’Arabie Saoudite de "dernier champ de bataille". Voici la carte que j’avais utilisée, agrémentée de la légende ci-dessous, mot pour mot :


Tout d’un coup, l’ennemi mortel de l’Iran, l’Arabie Saoudite, est cernée — des millions de Chiites vivent même sur les PROPRES champs de pétrole des Saoudiens.

Le scénario des Guerres du pétrole était basé sur un fait stratégique : l’Iran a un plan long terme pour encercler les Saoudiens. C’est une question purement géographique : l’Iran se situe au nord-est de l’Arabie Saoudite. En outre, il est bien implanté en Syrie et au Liban, deux pays au nord de l’Arabie Saoudite.

Ces dernières années, l’Iran est entré en Irak, après le retrait des forces américaines. Depuis ces derniers mois, nous avons assisté au renforcement de l’influence iranienne au Yémen, au sud de l’Arabie Saoudite. Comme le montre la carte ci-dessus, les Saoudiens sont cernés.
En effet, de récents développements ont corroboré ce que m’avait confié un initié bien informé du secteur de l’énergie lors d’une conférence à Houston il y a peu de temps.

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La principale motivation des Saoudiens à faire baisser les prix du pétrole en novembre dernier était de pénaliser l’Iran. En d’autres termes, il ne s’agissait pas de punir la Russie à cause de l’Ukraine ; ni de freiner l’avancée du fracking nord-américain. Les Saoudiens voulaient assécher les comptes en banque des mollahs à Téhéran.

A présent, nous assistons à la réponse iranienne. Les rebelles soutenus par les Iraniens ont fait tomber l’ancien gouvernement yéménite, allié à la fois de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis. A leur frontière sud, les Saoudiens mènent une guerre religieuse contre des opposants totalement soutenus par l’Iran.

▪ Qu’arrivera-t-il par la suite ?
Nous sommes au beau milieu d’un effondrement historique des Etats-nations du Moyen-Orient. Les frontières nées de la Première Guerre mondiale — dessinées par la Grande-Bretagne et la France après la chute de l’Empire ottoman — sont en train de s’effacer. Pour l’instant, la notion moderne d’Etat-nation n’est plus pertinente. Le tribalisme triomphe.
Selon une récente analyse publiée dans le New York Times :

"Les autocraties arabes corrompues et dysfonctionnelles qui ont perduré pendant un demi-siècle dans des pays comme l’Egypte, la Syrie, l’Irak, le Yémen et la Libye ont perdu toute crédibilité parce qu’elles n’ont pas su répondre aux besoins de leurs citoyens.

Mais aucun nouveau modèle (politique) n’est apparu ; à la place, toute une série d’acteurs locaux et de puissances régionales se disputent pour établir un nouvel ordre ou du moins y accroître leur emprise".

Un des acteurs clés est l’Iran, qui travaille à devenir puissance régionale, conforté par le retrait des Etats-Unis. D’une certaine façon, cela explique également l’effort majeur de l’Iran pour construire des capacités nucléaires — la course à la bombe atomique perse, en dépit des négociations actuelles pour retarder ou remettre l’évènement.

Naturellement, cela déclenchera (sans jeu de mot) une course aux armes nucléaires à travers toute la région — mais ce n’est pas le sujet de cet article.

Globalement, la politique américaine au Moyen-Orient est totalement confuse, folle, incohérente et sans ligne directrice. Rien ne semble logique. D’un côté les Etats-Unis combattent l’EI en Irak — en "aidant" même les forces iraniennes sur place par des frappes aériennes.

D’un autre côté, les navires de guerre iraniens défient les navires américains en mer. En outre, l’Iran travaille à déstabiliser le Yémen, qui était un allié des Etats-Unis et une base pour les forces américaines. Et puis, il y a cet "accord" nucléaire avec l’Iran, qui devrait être trouvé d’ici fin juin.

Tout cela est très étrange. Où est la cohérence stratégique de Washington ? Pour être charitable envers ceux qui essaient de comprendre, je dirais que cela est complexe et que le monde fait ses choix.

Pendant ce temps, nous vivons avec un pétrole bon marché en comparaison avec la même époque il y a un an. Trop de barils ; pas assez de demande. Cette situation peut-elle changer ? A quelle vitesse ? Et dans quelle direction ? Est-il temps de commencer à acheter des compagnies pétrolières et de services dans le secteur ?

A mon avis, l’Arabie Saoudite va vite apprendre qu’il est plus difficile de cesser une guerre que d’en commencer une. Les Saoudiens feraient bien de "gagner" rapidement au Yémen ou bien ils sont partis pour un long calvaire dans un nid de vipères. Il en va toujours ainsi. Mais les Saoudiens sont des gens intelligents et ils savent cela.

Byron King
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