Les cours des bons du Trésor ont grimpé et les rendements ont enregistré le 23 janvier leur plus forte chute journalière depuis plus de deux semaines.
Autrement dit, les investisseurs tournent le dos aux actions risquées et s’orientent vers les obligations, traditionnelles « valeurs refuges ».
Le mini-boom de Trump semble s’estomper.
Le président Trump pourrait vraiment « partir en guerre » contre le Deep State. Et perdre.
Si cela devait se produire, les investisseurs se retrouveraient très certainement sous les tirs croisés.
Mais ne vous inquiétez pas. C’est très peu probable. La seule façon de mettre au pas le Deep State, c’est de le priver des financements dont il s’abreuve, issus de l’argent facile.
M. Trump ne l’a même pas suggéré. Cela ne va pas se produire, du moins pas volontairement.
La possibilité la plus probable : le lion du Queens va frayer avec les renards du marigot, sur les rives du Potomac… et ensemble, ils se régaleront des pauvres petits agneaux qui l’ont élu.
Les romanciers inventent souvent des personnages. Ils les placent dans une situation donnée. Puis ils se demandent ce qu’ils pourraient bien faire.
« Le destin de l’homme est son caractère inné », disaient les Anciens.
Donc aujourd’hui, voici la question que nous nous posons : que pourrait bien faire Donald ?
Petit à petit, nous commençons à mieux comprendre M. Trump. C’est un vaurien doublé d’un mufle, un arriviste coriace venu des confins de l’East River, malin et égocentrique. Mais nous le disons avec autant d’admiration que de dégoût.
Petit à petit, nous voyons un peu mieux ce qu’il pourrait faire. Il est ce qu’il est. Il fera ce qu’il fera.
Nous ne le critiquons pas, peut-être qu’il est exactement ce qu’il nous faut. Tout empire doit s’achever un jour. Trump est peut-être l’homme de la situation.
Des hommes d’argent et des gendarmes dans sa poche
Tout de suite après sa victoire électorale, M. Trump a convié dans son QG de la Trump Tower, dans le centre de Manhattan, les bestioles les plus puissantes du marigot : les financiers et les militaires.
Il a peuplé son cabinet d’anciens de Goldman et du Pentagone. Puis il a fait marche arrière sur la réduction des prestations sociales promises par l’Obamacare, en disant que son nouveau plan offrirait une couverture bien meilleure pour tous les moutons.
Et à présent, Rick Perry (ancien gouverneur du Texas) choisi par Trump pour diriger le département de l’énergie, déclare que lorsqu’il a plaidé en faveur de la suppression de ce même département, au cours de la campagne présidentielle de 2012, il ne savait pas à quel point il était important.
Voici ce que Perry a déclaré, lors de son audition de confirmation, la semaine dernière :
« En fait, après avoir pris connaissance des innombrables fonctions vitales du Département de l’Energie, je regrette d’en avoir recommandé la suppression. »
Pas folle, la guêpe Trump.
Protégé par la puissance financière, l’artillerie lourde, les géants pétroliers et pharmaceutiques, il pourra cogner librement sur les ressortissants plus modestes du Deep State : universitaires, médias, bureaucratie, affaires, entreprises et menu fretin.
Ni républicain ni démocrate, ni adepte du social-libéralisme, ni conservateur, voilà l’essence du Trumpismo : maintenir les compères en équilibre instable tout en demeurant le héros du petit peuple.
Pour le plus grand bonheur de ses supporters aux casquettes rouges, la Team Trump s’en prendra à quelques ennemis symboliques « du peuple » et laissera l’argent se déverser sur les initiés les plus puissants.
Quelle sera la conséquence ? Un boom à Wall Street ? Une croissance de 4% du PIB ? Une dépression catastrophique ?
Qui sait ? Les présidents chanceux sont meilleurs que ceux qui sont intelligents. Or M. Trump a de la chance, c’est bien connu. Pour lui, cela pourrait même être les deux.