La Chronique Agora

La Grèce emprunte auprès de la BCE, un discret coup de canif au contrat…

▪ Le CAC 40 a passé la majeure partie de la séance de lundi à osciller entre 3 410 et 3 415 points, avant d’en terminer à 3 411 points. Le marché ne va nulle part et continue de n’aller nulle part, à plus forte raison un jour semi-férié à Wall Street (Veterans Day).

Il ne s’est échangé que 1,7 milliard d’euros ce lundi à Paris. C’est comme nous avions vécu une sorte de préouverture de la séance de mardi.

Rien ne permet d’affirmer que cette séance sera plus palpitante tant nous avons le sentiment que le scénario de la semaine pourrait s’apparenter à de la roue libre jusqu’à la séance des « Trois sorcières » de vendredi, histoire d’écraser la volatilité avec le même bonheur qu’au mois de septembre et au mois d’octobre : cela permet d’encaisser la valeur temps tandis que tous les paris directionnels s’avèreraient une fois de plus perdants.

Les permabulls se font un peu plus discrets depuis la mi-octobre. Mais s’ils ont perdu tous leurs paris à la hausse sur les options, les warrants et autres turbos call depuis la mi-août, ils n’ont pas perdu espoir que les marchés reprennent actuellement leur souffle avant d’entamer leur rally de fin d’année. Si certains commencent à changer d’avis, il est difficile de leur en vouloir car il y a légitimement de quoi s’interroger sur les perspectives de croissance mondiale.

▪ Les mauvaises nouvelles s’accumulent
La semaine avait plutôt mal commencé en Asie après l’annonce d’un repli de 0,9% du PIB japonais au troisième trimestre (-0,93% à Tokyo) et un recul de 0,4% de la production industrielle en Inde.

En Europe, la Grèce a adopté dimanche soir le projet de budget 2013 prévoyant de nouvelles coupes budgétaires et de nouvelles mesures d’austérité.

En attendant, la banque centrale grecque — dont les caisses sont totalement vides — s’apprêterait à emprunter cinq milliards d’euros auprès de la BCE… ce qui est strictement interdit par ses statuts.

Wall Street fait également comme si le dicton « plus c’est gros, plus ça passe » allait trouver une nouvelle confirmation à la sauce Eurozone. C’est une entorse majeure aux principes fondateurs de la monnaie unique mais elle est dictée par le principe de réalité : si la Grèce fait défaut, c’est la BCE qui va au tapis.

Entre un discret coup de canif qui biseaute un coin du contrat et un hara kiri à grand spectacle sous les fenêtres des spéculateurs eurosceptiques de la City, la cause est entendue. La Bundesbank et le Parlement allemand feront semblant de n’avoir rien vu ni rien entendu.

Un des grands sujets de conversation dans la presse allemande, c’est ce que la France devrait faire pour rester crédible aux yeux des agences de notation. Les cinq « sages » qui conseillent Angela Merkel auraient même « un plan » qu’ils tiennent à la disposition de François Hollande (ou de son entourage… mais nous parions que personne n’est intéressé).

▪ Pour les Etats-Unis, l’heure tourne… et la falaise fiscale se rapproche
Les Etats-Unis, vu l’ampleur de leurs déficits, jouent également gros vis-à-vis des agences de notation. Toutefois, il faudra attendre jusqu’à ce vendredi pour cerner quel type d’opposition (ou de coopération… mais ne rêvons pas) va être exprimée par rapport au projet de Barack Obama de « taxer les riches », comme l’un de ces dirigeants « communistes » dont l’Europe a le secret.

Pour l’heure, les membres du Congrès US essayent de déterminer ce qu’est « un riche » : de quoi alimenter quelques discussions durant encore… mettons sept bonnes semaines !

Il apparaît urgent d’attendre que le débat technico-philosophique soit tranché et Wall Street fait cela à merveille depuis trois mois.

Une nouvelle démonstration nous en a été offerte hier soir. Il n’y avait aucune raison d’entamer les grandes manoeuvres en cette séance de Veterans Day… alors Wall Street a fini l’arme au pied, figé au garde à vous.

Les trois principaux indices américains ont terminé à l’équilibre, avec une précision qui — au choix — intrigue ou force l’admiration. Nous y détectons un travail d’orfèvre de la part des maîtres du trading algorithmique.

Les indices sont passés du vert au rouge au cours de la première demi-heure, puis se sont stabilisés autour de -0,2% durant 90 minutes. Ils sont ensuite repartis à la mi-séance (+0,5% vers 19h20) avant de tout reperdre en deux heures… pour finir par refaire une incursion dans le rouge à une demi-heure de la clôture.

Après une ultime oscillation de 0,2% d’amplitude, le Dow Jones en terminait à 0,00%, le Nasdaq à -0,02%, le S&P à +0,01% : du grand art !

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