▪ Les actions continuent de grimper. L’or connaît des haut et des bas… mais se maintient au-dessus des 1 600 $. La plupart des gens préféreraient de loin avoir des actions plutôt que de l’or. La plupart du temps, ils ont probablement raison. L’or ne verse pas de dividendes. Pas plus qu’il n’invente des choses ou n’ouvre de nouveaux marchés… et tous les autres facteurs qui font grimper les actions.
A présent, la plupart des gens semblent penser qu’une reprise est en cours… et que les autorités ont le contrôle de la situation. Alors qui a besoin d’or ?
Selon le livre de Kim MacQuarrie, Last Days of the Incas [« Les derniers jours des Incas », ndlr.], un marin du 16ème siècle gagnait environ huit onces d’or pour un an de service.
Combien gagne un matelot de la marine marchande de nos jours ? Une petite recherche sur internet révèle un salaire d’environ 2 500 $ par mois… soit à peu près 30 000 $ par an. Voilà qui semble un peu bas, probablement parce que les avantages sociaux ne sont pas inclus. Et peut-être que ce chiffre inclut les marins d’Indonésie et des Philippines, qui doivent gagner moins que le navigateur américain moyen. Alors disons 40 000 $, soit le salaire moyen aux Etats-Unis environ.
Hmmm… 8 x 1 600 $ ne nous emmène pas très loin. 12 800 $ seulement. Alors soit MacQuarrie se trompe… soit les marins gagnent beaucoup plus aujourd’hui qu’autrefois. Ou bien le prix de l’or est bien trop bas.
Les marins n’étaient probablement pas très bien payés durant l’ère des conquêtes espagnoles. Nous nous hasarderons à dire que le salaire moyen était probablement plus proche d’une once d’or par mois. Ce serait un salaire de 1 600 $ par mois… Plutôt bas par rapport aux critères américains, mais pas par rapport aux critères d’une bonne partie du reste du monde.
C’est là le genre de problème et de questions auquel on se heurte quand on essaie de calculer si l’or est sur- ou sous-évalué. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que sur la base d’un salaire de marin, l’or n’est probablement pas loin du seuil où il devrait être.
Pizarro a touché le gros lot quand il a conquis les Incas et volé leur or. Sur une période de quatre mois, entre mars et juillet 1550, les conquistadores ont fondu 40 000 livres de bijoux, de couverts et d’objets d’art ou religieux incas. 20% de cet or a été renvoyé au roi d’Espagne. Le reste a été divisé entre les 168 conquistadores.
Cela a été une affaire sanglante — des milliers d’Incas désarmés ont été massacrés à Cajamarca, par exemple. Mais ça a payé. Les cavaliers du groupe ont chacun eu 90 livres d’or 22,5 carats, plus 180 livres d’argent-métal. S’ils s’étaient contentés de mettre cet or à l’abri pour être déterré par un descendant au 21ème siècle, la fortune se monterait à près de deux millions de dollars.
▪ L’Europe dans une mauvaise passe
Ces derniers jours, l’or a pris un petit coup de fouet lorsqu’il est devenu apparent que 1) l’Europe est toujours confrontée à des défis financiers gigantesques et perturbants, 2) les gouvernements sont prêts à dérober de vastes quantités d’argent sur les comptes en banques et 3) ils se préparent également à mettre en place des contrôles de capitaux pour vous empêcher de mettre votre argent en sécurité.
Nous avons encore un petit compte en banque en France, que nous utilisons pour l’entretien de notre maison sur place. La personne qui le gère nous a envoyé ce message vendredi : « ne faites pas de dépôts supplémentaires sur ce compte — nous ne voulons pas être ‘chyprisés’ ! »
Quelles sont les probabilités que le gouvernement français gèle le secteur bancaire tout entier pour prélever 10% des comptes ? Assez basse. La France n’est pas dans un tel pétrin… pour l’instant.
Mais tous les pays du monde développé vont dans cette direction. Ils dépensent plus qu’ils ne touchent de recettes fiscales. A mesure que leur dette augmente, il en va de même pour les intérêts qu’ils doivent payer.
Bien entendu, les politiques de taux ultra-bas — rendues possibles par les achats de dette gouvernementale de la part des banques centrales — font que les intérêts sont limités, pour le moment. Mais les taux bas ne le restent pas éternellement. Comme l’ont déjà découvert la Grèce, l’Espagne, le Portugal et d’autres emprunteurs, M. le Marché peut être vraiment casse-pieds. Lorsqu’il insiste pour avoir des taux d’intérêt plus élevés — craignant de ne pas être remboursé comme promis — les budgets des Etats sont réduits en lambeaux. Ensuite, comme Chypre, les autorités se retrouvent désespérément à court d’argent. Et elles vont tenter d’en récupérer par tous les moyens.
Tout cela rend l’épargne aussi dangereuse qu’ingrate. D’abord, les autorités font pression sur les taux d’intérêt de sorte que vous ne touchez pas de rendement sur votre épargne. Ensuite, quand elles se retrouvent dans le pétrin, elles « chyprent » directement vos comptes.
[NDLR : Comment éviter que vos dépôts bancaires soient victimes de tous ces dangers ? Nous avons mené l’enquête pour vous…]
Ce n’est là qu’une seule des raisons pour lesquelles nous gardons un oeil sur l’or. Si le matelot du 16ème siècle avait pris son salaire annuel et l’avait enterré sous un arbre en Estrémadure, son magot pourrait y être encore. Le chasseur de trésor chanceux pourrait se retrouver aussi riche que le marin qui l’avait enterré cinq siècles auparavant.
La bonne chose, au sujet de l’or, c’est que non seulement il garde sa valeur au cours des siècles, mais c’est aussi un actif que l’on peut conserver en dehors du système bancaire. Comme des bijoux ou des voitures antiques, vous pouvez le garder chez vous. L’enterrer sous votre propre arbre. Le garder dans votre propre coffre. Si le système bancaire est paralysé ou s’effondre… vous l’avez encore. Vous pouvez le transmettre à vos enfants. Le donner comme cadeau d’anniversaire. Ou simplement l’enfermer et ne plus y penser.
L’or est une monnaie privée. Les euros, les dollars et les livres sont des monnaies publiques… avec tous les inconvénients qui vont avec.