La Chronique Agora

Gigolo et finance

** Des escrocs — le monde en est plein.

* Notre thème du jour provient d’un film, dans lequel Michael Caine apprend à Steve Martin comment devenir gigolo. L’idée est d’identifier des femmes riches et vulnérables… de les séduire… et de prendre leur argent.

* Dans le monde actuel, devenir un vrai gigolo, c’est grimper l’échelle sociale. L’homme moyen — même s’il provient d’une bonne école et d’une bonne famille — est un goujat. A côté de lui, le gigolo, avec ses manières suaves et ses airs de dandy, ressemble à un palais vénitien à côté d’un camping-car.

* En plus, un gigolo a un bon rapport qualité-prix. Une femme n’a guère de mérite ou de frisson à ferrer un brasseur d’argent de Wall Street ; aussi riche soit-il, il est toujours grossier et préoccupé. Mais un gigolo apporte raffinement et goût à une femme ; elle se sent exceptionnelle grâce à lui — parce qu’il est exceptionnel. Pour une femme d’un certain âge, ses attentions sont aussi bienvenues qu’une lampe tamisée.

* Nous amenons ce sujet parce qu’il faisait les gros titres du Financial Times hier. La vie imite l’art, ou l’inverse, nous n’en savons rien — mais un gigolo a été condamné à passer six ans dans les geôles allemandes pour avoir profité de Susanne Klatten. Ils se sont rencontrés dans un spa — où le chasseur guettait sa proie. Après qu’il ait fait quelques avances… et qu’on ne lui ait apparemment guère résisté… il a inventé une histoire abracadabrante sur un accident où un enfant aurait été atteint. Selon lui, il avait la mafia aux trousses. Et s’il ne trouvait pas sept millions de dollars pour rembourser, on briserait ses jolis os, ou pire.

* Sa riche maîtresse lui donna l’argent — mais il devint gourmand, en voulut plus. Il menaça de montrer des photos embarrassantes à son mari… et elle appela la police.

* Tout cela aurait pu passer inaperçu si la personne en question n’avait pas été la femme la plus riche d’Allemagne, héritière de la fortune BMW.

* Il ne fait pas de doute que Mme Klatten regrette toute l’affaire. Son âme était peut-être prête à résister, mais sa chair était faible… comme pour le reste d’entre nous. Mais elle n’est de loin pas la seule femme — ou le seul homme — à être dévalisée par un escroc.

* "De l’aide est nécessaire alors que les fraudes à l’investissement sont en hausse", déclare un article dans le International Herald Tribune (IHT). L’IHT se concentre sur un autre arnaqueur — Arthur Nadel, accusé d’avoir dérobé jusqu’à 300 millions de dollars. L’article dit en substance qu’alors que les emplois se font rares — même les cambrioleurs ne trouvent plus de banque à dévaliser — les ‘receveurs’, des liquidateurs désignés par le tribunal, peuvent fixer leur propre prix : c’est "un emploi de plus en plus demandé dans des cas gigantesques de fraude à l’investissement comme le scandale Madoff ou celui du nabab texan Allen Stanford".

** Mais revenons-en aux marchés. Le Wall Street Journal se demande désormais ouvertement si le Dow pourrait chuter jusqu’à 5 000. Barron’s aussi. C’est "une possibilité baissière", déclare le Wall Street Journal. Mais Barron’s exprime ce que nous pensons être encore le sentiment dominant sur les marchés : "le Dow chutera-t-il jusqu’à 5 000 points ?", demande-t-il. "Nous ne le pensons pas", répond-il immédiatement.

* Non seulement les journaux envisagent nos cibles pour le Dow, mais ils commencent à piger ce qui est vraiment en train de se passer.

* L’économie est en proie à une "dynamique de dépression", annonce Bloomberg. Pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, l’économie planétaire recule… menée par les Etats-Unis d’Amérique.

* "Les pertes d’emploi laissent supposer une vaste réorganisation de l’économie américaine", ajoute le New York Times.

* David Rosenberg, de Merrill Lynch, examine les chiffres : on trouve désormais 12,5 millions demandeurs d’emploi aux Etats-Unis — un sommet de 25 ans. C’est bien plus de chômage que n’en produit une récession typique, note-t-il. "En cinq mois seulement, nous avons perdu 50% de plus que ce que nous perdons habituellement durant une récession classique de 10 mois".

* Oh, comme nous aimerions une récession de 10 mois à l’ancienne ! Mais nous n’avons pas affaire à une récession — c’est une dépression, durant laquelle l’économie sera restructurée, et non simplement relancée.

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