▪ Il n’y a pas de geyser en Seine-Saint-Denis, mais ça ne devrait pas empêcher la ville de Neuilly-sur-Marne de lancer un programme de géothermie dans les mois à venir. La ville a sélectionné en juillet dernier le groupe Idex pour la construction d’un réseau de chaleur à base de géothermie profonde. Ce réseau sera raccordé dès 2014 au quartier de Neuilly-sur-Marne, puis en 2018 au nouvel éco-quartier de l’Est nocéen. Le forage géothermique à 1 800 mètres de profondeur permettra d’alimenter à 61% le réseau de chaleur de la ville.
La géothermie reste relativement peu connue en France. Au regard de ce programme, c’est davantage le manque d’ambition qui semble limiter son développement plutôt que le manque d’opportunités. Avec une eau en tête de puits de 65 degrés Celsius et un débit de 300 m3/heure, la Dogger, la couche géologique dont les eaux seront utilisées pour le programme, procure à l’Ile-de-France une attractivité parmi les plus intéressantes d’Europe.
J’étais revenu en novembre dernier dans l’un de mes articles sur la situation de la France dans la géothermie. La faiblesse des projets n’incitait guère à l’optimisme. Le projet de Neuilly-sur-Marne est un rappel que les opportunités existent. La Geothermal Energy Association (GEA) classe d’ailleurs la France parmi les quelques pays qui misent actuellement sur la géothermie, avec l’Ouganda, la Tanzanie, le Chili et le Rwanda. Pourtant selon les prévisions de l’association, deux autres pays sont leaders, de très loin, sur ce marché.
▪ Les Etats-Unis mènent la danse
De loin, Washington mène les débats sur la géothermie. Avec 3 389 Mégawatts d’installés, le pays est largement devant le deuxième pays au classement, les Philippines, avec 1884 MW, et plus encore de l’Indonésie (1 333 MW).
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Il n’y a pas que sur le pétrole ou les gaz de schiste que les Etats-Unis sont des pionniers ; ils le sont également sur la géothermie. Si c’est en Italie que la première production d’électricité à base de géothermie s’est produite, ce sont les Américains qui ont industrialisé le procédé. Leur première centrale, et première au monde, date des années 1960. Surtout, le pays a commencé à rechercher dès cette époque des ressources en géothermie. A titre de comparaison, le Chili ou l’Indonésie ne commencent qu’à peine leur recherche.
Pourtant l’irruption des pays émergents sur la scène internationale et le maintien du prix du pétrole désormais au-dessus des 100 $ pourraient rapidement changer la donne sur ce secteur. Au regard des capacités en train d’être installées, l’Indonésie pourrait bientôt faire jeu égal avec les Etats-Unis.
▪ Projets de géothermie en développement
Si les Etats-Unis mènent trois fois plus de projets que l’Indonésie, l’importance des capacités des projets envisagées en Indonésie devrait amener Jakarta à faire jeu égal avec Washington.
D’ailleurs, la GEA souligne que les inquiétudes environnementales et les difficultés de financement aux Etats-Unis, peut-être du fait de la concurrence des gaz de schiste, ralentissent le développement de la géothermie aux Etats-Unis. L’association n’exclut pas que l’Indonésie devienne le plus grand marché du secteur prochainement.
▪ Une certitude : un marché en croissance
Actuellement 1 1765 MW d’énergie géothermique sont installés dans le monde. Une fois que tous les projets actuellement en construction fonctionneront, ce sera 11 766 MW qui viendront s’ajouter aux capacités déjà existantes. Pour faire simple, le marché est en train de doubler. Déjà, les capacités installées supplémentaires à partir de centrales déjà existantes vont considérablement gonfler le marché.
Capacités installées en MW à partir de centrales existantes
Dès 2017, les capacités installées pourraient atteindre 13 402 MW. C’est un bond de 14% en quatre ans à peine.
▪ Mon conseil
Le marché de la géothermie est un marché en constante progression depuis les années 1970. Encore faut-il miser sur les bonnes technologies. Bien que le marché se développe fortement en Asie du sud-est et en Afrique, la technologie est encore entre les mains des pays occidentaux, au premier rang desquels les Etats-Unis et le Japon. Ce sont sur ces deux marchés qu’il faut chercher pour investir sur la géothermie.