Il y a des leçons à tirer de cette expérience, notamment deux points importants.
Je n’irai probablement pas voir Dumb Money, le nouveau film sur l’engouement pour GameStop en janvier 2021 et l’implosion de l’action qui s’en est suivie.
J’ai suivi le déroulement des événements en temps réel, et j’ai signalé à mes lecteurs américains que l’action était vouée à des pertes maximales.
Le 28 janvier 2021, j’ai écrit un article intitulé « L’ascension fulgurante – et la chute imminente – de GameStop”.
L’action avait atteint un sommet de 483 $ ce jour-là. Vendredi dernier, elle a clôturé à 14,92 $ l’action.
Oui, c’est de l’histoire ancienne. Mais il y a là une leçon importante et durable à en tirer.
En janvier 2021, les fondamentaux de GameStop, un détaillant de jeux vidéo en difficulté, étaient au mieux médiocres. C’était parfaitement clair pour tous ceux qui ont examiné les comptes de l’entreprise durant la hausse parabolique de l’action. L’entreprise perdait de l’argent. Les ventes diminuaient à un rythme annuel de 30%.
Pourtant, les investisseurs sur les réseaux sociaux ont acheté les actions avec entrain, obligeant les vendeurs à découvert à se couvrir et faisant grimper l’action encore plus haut.
A l’époque, certains ont qualifié ce phénoménal « short squeeze » de triomphe pour les petits investisseurs lambdas, qui auraient remporté le match contre les grands méchants loups de Wall Street.
Ce n’est pas le cas.
Certes, quelques traders ont réussi à acheter et à vendre le titre au bon moment. Mais la plupart y ont perdu leur chemise.
Quelques gestionnaires de fonds spéculatifs un peu trop arrogants – en particulier ceux de Melvin Capital – ont subi des pertes de plusieurs milliards de dollars.
Alors que j’observais la manie GameStop, voici ce que j’ai dit à mes lecteurs, le 28 janvier 2021 :
« Dire que cela va mal se terminer est un euphémisme.
On dit souvent que le marché prend l’escalier pour monter, et l’ascenseur pour descendre.
Mais lorsque cette bulle éclatera, il ne s’agira pas d’un petit trajet en ascenseur. Elle se terminera comme le dernier vol de la navette spatiale Challenger.
Et ceux qui se congratulent en ce moment sur les réseaux sociaux auront une toute autre expression sur le visage…
Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Et – malgré l’enthousiasme débridé de certains individus – les actions n’atteignent pas non plus sur la lune…
Plus cette bulle grossit, plus des personnes inexpérimentées y laisseront leurs plumes.
Il n’y a aucun moyen de justifier le prix de [cette action] en se basant sur des données fondamentales de l’entreprise…
H.L. Mencken a déclaré : ‘La démocratie est la théorie selon laquelle le peuple sait ce qu’il veut et mérite de l’obtenir, bien et fort.’
On pourrait en dire autant des parieurs qui surenchérissent furieusement sur GameStop. »
On pourrait imaginer que les personnes qui se sont laissées happer par une forme d’obsession collective soient soulagées d’être averties d’un effondrement à venir.
Ce n’est pas le cas. Je m’étais attaqué à leur progéniture. De nombreux commentaires postés sous l’article étaient si incendiaires et blasphématoires que mes collaborateurs ont dû les supprimer.
Les gens ont continué à acheter le détaillant de centres commerciaux en difficulté même après qu’il ait été prouvé que le titre était totalement surévalué, même après que l’entreprise ait émis de nouvelles actions, ce qui s’est traduit par une plus petite part de propriété pour les actionnaires, même après que les initiés aient vendu des millions de dollars de leurs propres actions, et même après que les fonds spéculatifs et les vendeurs à découvert aient disparu depuis longtemps…
A quoi pensaient-ils ? Pensaient-ils tout court ?
S’étaient-ils rendus à un magasin GameStop récemment ? Ont-ils vu à quel point ils étaient défraîchis ? Ont-ils remarqué le peu de clients qui s’y trouvaient ?
Comparez-le avec votre magasin Apple local, si vous voulez voir la différence.
Il y a des leçons à tirer de cette expérience, et notamment deux points importants.
La première, que je mentionne régulièrement, est qu’il faut investir dans les chiffres, et non dans le narratif qui entoure une entreprise.
Les investisseurs expérimentés examinent les ventes, les bénéfices, les marges, la santé du secteur et la concurrence, pour analyser les perspectives commerciales à court et à long terme d’une entreprise.
Ils ne se laissent pas séduire par les discours du type « On va sur la lune ! » ou « Achetez pour toujours, ne vendez jamais ». C’est le langage du battage médiatique.
Deuxièmement, il faut savoir que l’on a beaucoup plus de chances d’atteindre les objectifs que l’on s’est fixés. Vous avez beaucoup plus de chances d’atteindre vos objectifs financiers les plus importants si vous évitez les champs de mines les plus évidents.
Comme tous les investisseurs, j’ai eu ma part d’investissements qui n’ont pas abouti comme je l’espérais.
Mais je n’ai pas perdu un centime dans la bulle Internet, la bulle immobilière, la bulle des mèmes, la bulle du cannabis, la bulle des NFT ou la bulle des cryptomonnaies. Je me suis plutôt efforcé de mettre en garde les investisseurs contre chacune d’entre elles.
Certains ont écouté. D’autres ont appris de leurs erreurs à leurs dépens.
En tant qu’investisseur, vous ne pouvez pas éviter de faire des erreurs. C’est impossible.
Mais les erreurs vraiment évidentes, qui vous explosent à la figure ? Personne n’est obligé de les commettre.