Par Marc Mayor (*)
S’il y a une question qui revient souvent, c’est celle-ci
Quel est le bon moment pour acheter de l’or ? Ceux qui ne me posent pas cette question me demandent alors : faut-il acheter des actions minières ou de l’or ?
Depuis un an, j’affirme que le prix de l’or est davantage influencé par les Commodity Trading Advisors (CTA), à qui les investisseurs sortis des hedge funds peu liquides après la débâcle de 2008 ont confié une partie de leur argent.
L’importance de ces traders, qui utilisent souvent des algorithmes et des superordinateurs pour parvenir à leurs fins, ne cesse de croître ; j’en veux pour preuve deux nouvelles récentes.
La spéculation sur les matières premières dans le collimateur
D’abord, l’autorité américaine des marchés à terme (Commodity Futures Trading Commission ou CFTC) a déclaré qu’elle souhaitait imposer une limite au nombre de contrats de pétrole brut qu’un investisseur a le droit d’acheter ou de vendre à découvert.
Il s’agit d’or noir, me direz-vous ; c’est exact. La raison pour laquelle ce mouvement vers la limitation du droit de spéculer commence par le pétrole est que la planète en a un véritable besoin ; nous ne pourrions pas continuer à fonctionner normalement si l’on nous supprimait l’essence pendant un an. En revanche, il serait tout à fait possible de se passer d’or pendant des années, sans que rien ne soit affecté. Une montre en plastique ou des bijoux en toc font l’affaire ; en revanche, sans carburant, le monde s’arrête de tourner.
Ce qu’il faut retenir est que le principe de limiter le nombre de contrats est désormais dans tous les esprits, et que les victimes à long terme seront les CTA.
Affaire Aleynikov, programmes de trading et manipulation
Ensuite, il y a eu cette fameuse affaire Aleynikov, du nom du programmeur accusé par son ancien employeur Goldman Sachs d’avoir volé une plateforme informatique.
L’assistant du procureur Joseph Facciponti a déclaré : "la banque [Goldman Sachs] a soulevé la possibilité qu’il y ait un danger que quelqu’un sachant utiliser ce logiciel puisse s’en servir pour manipuler le marché d’une manière injuste". Si tel est le cas, cela signifie que, avant la prétendue malversation, Goldman Sachs disposait d’un outil qui lui permettait de manipuler les marchés, n’est-ce pas ?
Mais revenons à notre question : or ou minières ? Et quid du timing ?
Bref, tant le prix de l’or que celui des sociétés minières semble, depuis de nombreux mois, partir plus ou moins dans toutes les directions, sans véritable tendance claire. Et les deux questions se posent toujours : or ou minières ? Et quid du timing ?
Le ratio K (k-ratio en anglais) a été créé pour répondre à de telles questions. Bien qu’il ne dispense pas d’utiliser un money management scientifique (à ces fins, Inside ALPHA privilégie le critère de Kelly), il donne des signaux intéressants quoique risqués à court terme, et des indications particulièrement robustes à long terme.
Que dit le ratio K
Ce ratio est obtenu en divisant la valeur de l’indice Amex Gold Bugs (qui comprend les principales minières principalement actives sur l’or) par le prix d’une once d’or exprimé en dollars.
Il suffit d’envelopper l’évolution de ce ratio dans deux bandes : quand ces bandes sont descendantes, et que le ratio touche, voire dépasse, le haut de la bande, il est temps de jouer l’or à la hausse contre les minières à la baisse.
En revanche, quand la tendance des bandes est haussière, et que le ratio touche, voire dépasse, le bas de la bande, il s’agit de spéculer sur les minières à la hausse et contre l’or à la baisse.
Doubler son capital tous les trois à quatre ans, en seulement quatre transactions sur 16 ans
En agissant ainsi, avec un levier acceptable de deux fois vu les faibles risques encourus, il a été possible de doubler son capital tous les trois à quatre ans, en seulement quatre transactions sur 16 ans
La tendance à long terme est actuellement encore descendante — quoique touchant peut-être à sa fin –, en revanche à court terme, le moment ne semble pas idéal pour jouer les minières contre l’or.
L’avantage de ce système, c’est que l’on gagne quoi que fasse le prix de l’or, et quoi que fasse le marché des actions.
Meilleures salutations,
Marc Mayor
Pour la Chronique Agora
(*) De nationalité suisse, Marc Mayor est le fondateur d’Inside ALPHA, service d’information et de conseils financiers. Actif en Bourse depuis 1987, Marc Mayor a affiné au fil des ans une approche solide et disciplinée de l’investissement, basée sur le money management, une gestion rigoureuse du risque et des stratégies neutres au marché. Marc intervient régulièrement au sein de L’AGEFI Suisse, et participe à de nombreuses conférences pour investisseurs individuels. Vous pouvez le retrouver sur le site Le Coin des Insiders.