La Chronique Agora

La France, l’euro… et vous

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▪ Eh bien, on peut dire que vous êtes en pleine forme pour commencer l’année, cher lecteur ! Après les houleux débats qui ont animé le courrier de la rédaction au sujet des associations humanitaires, c’est au tour de l’article de Mory Doré — que vous pouvez relire ici — de soulever les passions.

Il faut dire que son sujet — la France doit-elle sortir de l’euro ? — est brûlant… et divise. Voici donc un petit échantillon des nombreux e-mails que nous avons reçu de votre part ces derniers jours — je tiens au passage à vous remercier de prendre le temps de nous écrire : vos avis alimentent le débat, ce qui est toujours bon à prendre !

▪ Commençons par D.G., qui n’est pas d’accord avec Mory :

"Le recours à la Banque de France et le retour au franc auront peut être les effets théoriques que vous signalez.

Cependant, s’il y a un déficit, la BDF, Banque de France, fera comme ces escrocs de la Fed, BCE, FMI, et autres, de l’impression du papier pour éponger les centaines de milliers de francs si nécessaire, et tout le monde sera satisfait, ça c’est un fait et un projet à expérimenter"…

Je répondrais à cela que c’est un avis et une possibilité… mais que, justement, c’est précisément ce que font déjà la Fed, la BCE et tous les autres… avec quel succès ? La relance n’est pas au rendez-vous, les inégalités continuent de se creuser, etc. A quoi servirait-il — si l’on parle d’une France sortie de l’euro — remplacer un système par un autre présentant exactement les mêmes défauts ?

▪ Je vous livre également le point de vue de PBDC, qui fustige le manque d’imagination des économistes :

"Comme toujours les économistes n’arrivent pas à imaginer un monde différent de celui qui existe. Quand les assureurs et les banques financent des obligations d’Etat, qui les paye ? Les assurés et les clients des banques. Donc moins de pouvoir d’achat pour eux. Toutes les manoeuvres et stratégies financières ne se font qu’au détriment des travailleurs, des classes pauvres et moyennes, donc l’euro ne leur a rien apporté, et ne leur apportera jamais rien, car il a été conçu pour la finance et les multinationales. Donc ne venez pas nous dire que la sortie de l’euro va pénaliser notre pouvoir d’achat. Déjà aujourd’hui le règlement des intérêts de la dette bouffe tout l’impôt sur le revenu et elle ne cesse d’augmenter pour financer le système social.

[…] La seule constatation est que la mondialisation a produit cent milliardaires et 10 millions de pauvres supplémentaires chaque année. Il faudrait peut-être se poser des questions sur le système en place et sur la valeur réelle du monde financier, sur sa capacité à rendre l’humanité plus heureuse. Toujours plus de fric pour toujours moins d’hommes, pour toujours plus de pathologies, de déchaînements météo, et de destruction. Il existe d’autres voies, d’autres schémas de vie que le système actuel. […] Mais nos économistes, nos politiques, nos philosophes aveuglés par leurs recherches de fortune financière, ne savent plus ni penser, ni gérer. Seule comptent l’image, le bluff et l’esbroufe, peu importe l’action. C’est une révolution qu’il nous faut, et nous avons supporté au cours de l’histoire bien des réductions de nos besoins pour savoir franchir ce cap afin de retrouver la douce plage, sans l’intervention de la finance".

▪ Il y a également M.A. qui nous a envoyé un très long courrier, passionnant, dont je vous livre quelques extraits ci-dessous :

"Votre article sur la sortie de la France de l’euro ne repose que sur l’analyse classique consistant à ne tenir compte que des flux financiers donc des marges des banquiers qui financent la dette (diverses banques centrales et BCE pour nous, etc.) via les obligations d’Etat rachetées à tour de bras sans obligation d’insérer ces flux dans l’économie.

Or, et le cas de l’Islande dont bizarrement personne ne parle est probant en l’espèce. L’Islande s’est trouvé dans le cas d’un défaut de dette de la France au sortir de la Zone euro et de l’UE car elle n’a jamais été ni dans l’un ni dans l’autre mais a commercé avec (sans souci, ni affamer sa population).

On voit le résultat : reprise, croissance et remboursement d’une dette pourtant échue du fait de son défaut comme quoi…

Quitter UE et euro ; bien entendu il y aurait défaut de la France. Mais j’ai envie de dire à l’islandaise — c’est-à-dire non comme une liquidation où on abandonne définitivement les dettes mais comme une sorte de plan de relance qui stoppe la dette et surtout ses intérêts. Car c’est là que les tenants du statu quo se retrouvent ; ce n’est pas la crainte de perdre une dette qu’ils ont largement amortie, mais bien de perdre des intérêts acquis dans le système actuel et conservés ad vitam aeternam car sauf à mentir nous savons qu’en l’état actuel les intérêts sont acquis ad vitam aeternam par un accroissement incessant de la ponction fiscale puisque ces intérêts sont financés par de la nouvelle dette.

Et oui vous avez raison ce système peut durer ad vitam aeternam car à un moment le poids des intérêts payés (en déflation par exemple) ne nécessitera plus de les financer par la dette nouvelle. En matière d’Etat on se fiche de la dette car elle est in fine et peut être prolongée tant qu’on veut. La règle est : ‘les intérêts oui, le capital pfff on verra si un jour on s’en occupe’.

[…] Je suis partisan de ‘foutre un grand coup de pied dans la fourmilière’ (nous avons la bombe anti-fourmis lorsqu’elles seront dehors). La destruction créatrice chère à Schumpeter, vous connaissez ? Et la régulation sociale chère à Reynaud après Tocqueville (et sans être personnellement de gauche) ? Lorsqu’un système ne marche pas on l’arrête et on recommence quitte à garder le peu qui marche. Garder une machine en panne par sentimentalisme ou habitude ne permettra jamais d’avancer. Et c’est tomber dans la fable du corbeau et du renard que de se laisser duper par ce chantage".

▪ Terminons avec J.B., que je rejoins dans les questions pleines de bon sens qu’il propose à la réflexion commune :

"Bien lu votre papier.

Si l’euro fonctionne mal, très mal, il faut changer les bases de l’euro.

Si l’Europe fonctionne mal, très mal, il faut changer les fondamentaux de l’Europe.
 
Rien n’est inscrit définitivement, pas même le dollar.

Votre prochain papier pourrait être :

Quel euro faudrait-il préconiser pour que tout fonctionne bien ?
Quelle Europe faudrait-il pour que tout fonctionne bien ?

[…] Bon courage et encore bravo pour vos articles."

Le consens actuel semble être le besoin de changement pour notre pays… maintenant, reste à trouver lequel !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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