La Chronique Agora

En France, y’a pas de croissance, mais y’a d’la taxe

▪ La France au bord de la faillite, la Bourse qui ne décolle pas, les consommateurs qui broient du noir…

Tout ceci est une pure absurdité : notre pays est riche et plein d’avenir… sur un plan fiscal s’entend.

Démonstration !

Nos fonctionnaires de Bercy ont accumulé au cours des dernières décennies un fabuleux trésor de guerre en matière de projets d’impôts et de taxes. Il n’y qu’à puiser dans le stock, il est inépuisable… et certains concepts fiscaux frisent le génie à l’état chimiquement pur !

Pour boucler le budget 2015, l’Etat n’avait que l’embarras du choix. Parmi le millier de solutions pour renflouer les caisses, une main innocente a sorti du chapeau ce mardi 18 novembre la "taxe sur les parkings" détenus par les entreprises à Paris ou la Défense.

Il s’agit d’un avantage en nature offert aux salariés ; ainsi, ils ne payent pas le coût du stationnement en surface par le biais des parcmètres (les communes sont injustement privées de cette manne) ou dans des parkings appartenant à des concessionnaires privés (Vinci, Eiffage, Bouygues) dont l’Etat prélève une partie des recettes sous forme d’IS et de TVA.

La beauté de cette taxe sur les parkings, c’est qu’elle est en quelque sorte foncière… mais sans pouvoir être déduite par les entreprises à ce titre. Elle s’applique en effet à un "usage", non à une "possession".

Car n’oublions pas que les parkings sont déjà taxés sous la forme d’impôts sur les actifs immobiliers et financiers et rentrent naturellement dans le calcul des impôts locaux versés par les entreprises propriétaires des murs et surfaces.

Suivant la logique de la taxe sur les parkings, l’Etat devrait également prélever une "taxe sur les semelles"

▪ Puisqu’on en est là…
Suivant la logique de la taxe sur les parkings, l’Etat devrait également prélever une "taxe sur les semelles". Après tout, les automobilistes ou les usagers des transports en commun les usent moins que les piétons qui se rendent à leur travail à pied : ils privent donc injustement l’industrie de la chaussure d’un chiffre d’affaire conséquent et sur lequel l’Etat devrait pouvoir percevoir une abondante TVA.

Une autre taxe devrait être prélevée sur les salariés qui habitent à moins de 10 minutes de leur lieu de travail à pied. Elle s’intitulerait la "taxe de proximité" : bien fait pour ces ignobles privilégiés qui ne payent ni abonnement pour les transports en commun, ni taxes sur les carburants (puisqu’ils ne circulent pas) et qui n’usent pas suffisamment leurs semelles.

De même, les personnes qui ne partent pas en vacances devraient également être taxées pour compenser l’absence de recettes de TVA générées par le non-achat de billets de train ou de billets d’avion (vive les taxes aéroportuaires)… par le non-remplissage de réservoirs avec de l’essence ou du diesel (hyper taxés)… par le non-acquittement de péages d’autoroute… par la non-réservation de location d’appartement ou de nuitées en hôtel (ces derniers vont devoir acquitter une nouvelle taxe de séjour alourdie).

▪ Ah, et n’oublions pas les épargnants !
Une taxe devrait également être prélevée sur les épargnants qui ne détiennent pas d’actions — lesquelles montent désormais éternellement, sans aucun risque de correction ultérieure (c’est toute la magie du système de faux-monnayage mis en place par les banques centrales).

Le principe est simple et de pure justice. Une répression financière impitoyable s’abat sur ceux qui détiennent de l’épargne-retraite sous forme d’obligations d’Etat qui ne rapportent plus rien (mais l’Etat ampute tout de même le maigre reliquat de la CSG sur les contrats d’assurance-vie en euro)… tandis que les actionnaires sont pour leur part taxés sur les plus values, à 45% ou plus, en fonction de leurs revenus.

Ceux qui n’ont que des dettes et pas d’épargne taxable ne payent rien

Vous mesurez ce scandale : ceux qui n’ont que des dettes et pas d’épargne taxable ne payent rien. Ces petits malins ne peuvent pas continuer s’en tirer comme ça !

Il n’y a qu’à les contraindre à s’endetter auprès des banques — les hedge funds le font bien, eux, et ils y vont à coups de milliards — pour acheter des "actions qui montent tout le temps et pour toujours". Ensuite, on leur appliquera la fiscalité sur les valeurs mobilières, déduction faite des frais d’emprunts contractés pour jouer en bourse.

La mairie de Paris, dans sa grande sagesse, a également décidé l’an dernier d’interdire de faire du feu dans leur cheminée aux occupants de logements qui en sont dotés. En effet, certains usagers n’hésitaient pas à y brûler du bois provenant de leur résidence secondaire ou d’un producteur vendant quelques stères à bas prix, de la main à la main.

L’Etat ferait bien de s’en inspirer car en interdisant de faire une flambée — ou en taxant très lourdement les conduits de cheminées –, les bénéficiaires d’un âtre en état de marche se tourneraient rapidement vers le fioul, le gaz ou l’électricité… qui sont copieusement imposés.

En plus, les feux de cheminée, ça noircit les toits et les murs des villes et ça sature l’air en CO² (c’est l’argument mis en avant par les "verts" et qui a emporté l’adhésion du conseil de la Mairie de Paris fin 2013).

Vous me rétorquerez que les chaudières ou les centrales au fioul, au gaz, au charbon dégagent également du CO²… certes, mais c’est du bon CO², puisqu’il est taxé !

Pour faire bonne mesure, l’Etat devrait instituer une taxe sur les entreprises qui payent plus de 15 taxes différentes (ça va très vite de nos jours) : elles sur-sollicitent nos fonctionnaires. Sans oublier celles qui préfèrent se mettre en faillite pour ne plus rien payer du tout, au risque de mettre une partie du personnel de Bercy au chômage. C’est pas du jeu : ces tricheurs doivent payer !

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