La Chronique Agora

Fou rire et dépression

** Nous avons bien ri hier matin. Notre philosophe préféré, Thomas L. Friedman, a semblé comprendre tout à coup quelque chose d’important :

* "Il n’y a pas de remède miracle à cette économie de crise", a-t-il déclaré.

* Puis (les merveilles continuent !), il a semblé avoir… une idée :

* "Nous allons devoir vivre avec bien plus d’incertitudes, pendant bien plus longtemps, que notre génération n’a jamais vécu".

* Oh là là. C’est, genre, profond.

* Mais regardons les gros titres :

* "Les Américains épargnent plus et dépensent moins" — tel est le refrain de l’époque.

* L’or grimpe. Le ratio or/Dow nous dit que soit les actions ont encore beaucoup à chuter… soit l’or a encore beaucoup à grimper. Nous cherchons un ratio un/un. A son sommet, en 2000, il fallait 43 onces d’or pour acheter toutes les actions du Dow. A présent, il n’en faut plus que 10. Il reste encore du chemin. Très probablement, le Dow va chuter… et rencontrer le prix de l’or durant l’ascension de ce dernier… à 3 000 points environ.

* "L’histoire d’amour des Etats-Unis avec les centres commerciaux s’enlise", déclare un autre article.

* Et parlons de la déflation ! L’Inde, qui produit désormais des voitures à 2 000 $, a annoncé son projet de fabriquer des ordinateurs portables se vendant 20 $.

** Mais revenons-en à Friedman. Que lui est-il arrivé ? A-t-il laissé tomber son sèche-cheveux dans son bain… ce qui l’a un peu secoué ? Le voilà qui dit tout à coup des choses modestes et sensées.

* Mais Friedman n’a frôlé l’intelligence que pendant trois paragraphes. On revient ensuite à l’ancien Friedman-le-simplet… avec une solution à chaque crise… et un tuyau pour chaque problème causé par sa précédente solution :

* "Le fait qu’il n’y ait pas de pilule unique ne signifie pas qu’il n’y a rien à faire. Il nous faut un stimulant assez conséquent pour créer plus d’emplois. Nous devons éliminer les actifs toxiques des bilans des banques. Il faut que le Trésor américain ferme les banques insolvables, fasse fusionner les plus faibles et renforce les quelques-unes qui sont saines. Et il faut faire toutes ces étapes correctement".

* Bonne chance, Tom. Les gens qui font toutes ces merveilleuses choses sont ceux-là mêmes qui n’ont pas remarqué que quelque chose n’allait pas dans le secteur financier. M. Geithner était déjà à la Fed de New York, frayant avec les maîtres de l’univers, dînant avec les capitaines de l’industrie financière, approuvant la plus grande escroquerie de l’histoire envers les investisseurs et le grand public.

* Et même si Geithner était un génie qui nous avait prévenus des excès commis par le secteur financier, il ne serait pas le médecin que Friedman imagine.

* On peut réparer une récession avec ce genre de bricolage. Mais pas une dépression — et c’est à une dépression que nous sommes actuellement confrontés.

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