La Chronique Agora

Fonds souverains : bras politiques armés ? (1)

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

Alors que nous croulons sous les dettes et avons consciemment et sans aucun scrupule plombé les générations à venir, certains Etats sont confrontés à la problématique inverse. Ils croulent sous des montagnes de cash. 

Fond souverain ?
C’est un fond d’investissement, comme tant d’autres dans ce bas monde de la finance. La différence ? L’argent de ce fond n’appartient pas à des investisseurs privés, mais à des états. Des états riches, très riches. Inutile de chercher, la France n’en a pas.

Une vieille histoire
On entend sans cesse parler de ces fonds souverains en ce moment. Pourtant, ils existent depuis fort longtemps et n’ont jamais dérangé personne jusqu’ici.

Le premier a été créé en 1953 par le Koweït. Le second dans les années soixante, par Abu Dhabi, de mémoire. Dans les années soixante-dix, Singapour et la Norvège suivent l’exemple.

Mais au fait, vous vous demandez peut-être pourquoi je vous parle de fonds souverains ?

Sans matières premières, pas de fonds souverains
Eh oui ! S’il y a des fonds, c’est bien grâce (ou à cause !) des matières premières. Le pétrole génère depuis des décennies des pétrodollars dont bénéficient les états du Moyen-Orient notamment, mais aussi la Norvège et la Russie.

L’Arabie Saoudite engrange ainsi chaque jour 500 millions de pétrodollars grâce à la vente de son brut. Autre exemple : le fond d’Abu Dhabi pèse 875 milliards de dollars à lui tout seul. Tout ça grâce au commerce du brut. Mais il n’y a pas que le pétrole. Toutes les matières premières exportées rapportent à leur état une manne très appréciable, des montagnes de dollars.

C’est le cas des métaux précieux et surtout des métaux industriels. Vous savez à quel point les cours de toutes ces matières se sont envolés.

Et la Chine ?
Certes, elle n’exporte pas de matières premières – c’est l’exception qui confirme la règle. En revanche, elle importe la matière, la transforme et la réexporte sous forme de produits finis à la planète entière. Donc à la base du processus d’accumulation des devises, il y a, en partie, encore et toujours les matières premières.

L’Empire du Milieu a déjà accumulé des excédents commerciaux astronomiques. 1 400 milliards de dollars de réserves de change !

Pire : cette manne croît de façon exponentielle. Au rythme actuel, la Chine accumule chaque année 300 milliards de dollars supplémentaires. Cela veut dire qu’en moins de trois mois, elle peut se payer une entreprise de notre bon vieux CAC 40.

Il faut bien faire quelque chose de tout cet argent…
Pour l’instant 98% des réserves chinoises sont encore transformées en obligations. 20% de la dette publique américaine est ainsi détenue par les chinois. Mais la philosophie chinoise évolue.

Vous l’avez certainement entendu, la Chine vient de créer son propre fond : 200 milliards de dollars à placer. Elle a également pris 10% du capital de Blackstone, symbole du capitalisme américain le plus pur et le plus dur… Nos amis chinois ont beau être anti-capitalistes, ils ont un sens aigu des affaires.

La dernière nouvelle en provenance de la Chine ? J’entendais en début de semaine que la sécurité sociale chinoise avait 45 milliards de dollars d’excédents à placer elle aussi. Décidément !

Nous verrons la suite dès demain…

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

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