La Chronique Agora

La fin du tunnel n’est pas encore en vue pour Bitcoin

Une simple étincelle ne suffira pas à redémarrer le marché des cryptomonnaies. Il faudra un vrai catalyseur.

Vous connaissez ma position : rien ne garantit que le prix du bitcoin ait déjà touché le plus bas du marché baissier entamé le 17 décembre 2017. Si l’on considère le 15 décembre 2018 comme le départ d’un nouveau marché haussier, l’effondrement aura alors quasiment duré une année entière. Si l’on considère au contraire que nous sommes toujours en marché baissier, cela faisait alors 453 jours au 14 mars que nous sommes dans un mouvement baissier : record battu !

Pour moi, le marché ne redeviendra pas haussier tant que le terrain sera pas devenu praticable pour les institutionnels. Pour redémarrer, le monde des cryptomonnaies a besoin d’un véritable nouveau catalyseur, et pas simplement d’une petite étincelle du type augmentation de la puissance de minage (hashrate) de Bitcoin, telle qu’on l’a vue début février.

La conséquence heureuse de la relative stabilité des prix qui règne actuellement sur le marché est qu’elle contribue à rassurer les institutionnels qui lorgnent sur les crypto-actifs.

Une autre bonne nouvelle est que Bitcoin semble de moins en moins être la monnaie des hors-la-loi puisqu’en 2018, Monero a pris sa place dans le cœur des hackers.

Une étude universitaire (Université Carlos III de Madrid et King’s College de Londres) publiée le 8 janvier a en effet confirmé que plus de 4% du total des moneros en circulation ont été minés par des logiciels malveillants.

Quelle ampleur pour l’éventuelle prochaine hausse du cours ?

En septembre dernier, Vitalik Buterin (co-fondateur d’Ethereum) estimait que l’on ne verra plus jamais de « multiplication des prix par 1000 ».

En ce qui me concerne, des multiplications par 100 me suffiraient. Ce qu’on observe généralement, c’est que plus une consolidation dure dans le temps, plus la hausse ultérieure est puissante. 

Combien de temps avant le retour de la hausse des prix ?

Même si le marché baissier était à son terme mi-décembre 2018 (l’avenir nous le dira), cela n’exclut pas que la cote reste neurasthénique pendant encore de longs trimestres.

Voici ce qu’expliquait le trader Beetcoin au mois de décembre, dans une interview accordée à bitcoin.fr : 

« Au même titre que les gens ont surévalué récemment les crypto-actifs (greed), ils sont très probablement en train de les sous-évaluer (fear) mais c’est généralement très coûteux de tenter de se mettre face à cette irrationalité et de deviner quand ce phénomène s’arrêtera. Je préconise donc de jouer la carte de la patience, le but étant avant tout de survivre et non de tenter d’avoir absolument raison en achetant un actif à la baisse en contre-tendance simplement parce qu’on est persuadé qu’il n’est pas cher. […] La tendance baissière s’arrêtera probablement après une longue période dite d’accumulation. À ce jeu-là par contre, il est quasiment impossible de prédire un niveau où cette accumulation finale se produira (car toute offre finit toujours par rencontrer une demande) ».

Il continuait ensuite :

« [S’il fallait faire] une prédiction, j’évoquerais le scénario (du pire) qui ne me semble pas improbable. Bitcoin pourrait connaître une accumulation bien plus longue qu’on ne peut l’imaginer actuellement. Ce serait d’un ennui mortel ».

Quand la « rationalité » des marchés en prend un coup

Et Beetcoin de rappeler que le secteur des semi-conducteurs a périclité pendant plus de 10 ans après l’effondrement de la bulle des valeurs technologiques en 2001, alors même que le marché savait pertinemment qu’il s’agissait d’« un secteur d’avenir avec des solutions qu’on pouvait vaguement soupçonner (mobile, véhicules autonome, intelligence artificielle, crypto mining… ;-)) », et qu’il avait de ce fait à nouveau vocation à exploser.

Pour en revenir au bitcoin, voici comment Beetcoin envisageait la situation au 15 février 2019, en recourant à la méthode de Wyckoff qui distingue quatre phases au niveau de l’évolution du cours d’un actif : accumulation (« S1 » sur le graphe), mark up (tendance haussière – « S2 »), distribution (« S3 ») et mark down (tendance baissière – « S4 »).

« Pas de renversement de tendance envisageable tant que le RSI ne sera pas retourné », commentait-il.

Mais si vous suivez le cours de près, il ne vous aura pas échappé que le bitcoin a ensuite enregistré une hausse de 15% entre les 17 et 24 février, passant de 3 625 $ à 4 190 $, avant de retomber à 3 900 $ à l’heure où j’écris ces lignes. Ce mouvement est-il suffisant pour remettre en cause le marché baissier en cours ?

Comme l’écrivait Beetcoin le 24 février, on a bien eu « une éruption haussière très claire et nette, mais elle est venue se heurter à une zone de vente majeure. […] On ne peut pas encore parler d’un retour de bitcoin vers de nouveaux sommets. Il est trop tôt. »

Le même jour, à la question « est-ce que nous annonçons que nous avons touché le fond absolu ? », Midas Touch Consulting, que j’ai déjà évoqué, répondait d’un très clair : « non ! »

Les altcoins sont-elles susceptibles de prendre le relais ? 

Les altcoins ne sont pas parties pour renverser Bitcoin

Pour comprendre le marché dans son ensemble, il est crucial de connaître le rapport qu’entretiennent le bitcoin et les altcoins.

Voici ce qu’explique Beetcoin à ce sujet :

« Très rares sont ceux qui se sont demandés ou ont analysé la relation entre les deux classes d’actifs [le bitcoin et les altcoins] sur le long terme. À savoir, […]ces flux de ‘balanciers’ au fil du temps, entre Bitcoin et les altcoins […] tendent-ils à augmenter ou à diminuer au fil des années ? Les résultats pourraient vous surprendre : ces flux moyens vers les alts depuis le bitcoin sont dans une tendance à la baisse depuis plus de cinq ans, après une tendance haussière de 2011 à 2013.

 Pour bien comprendre, lors du début des altcoins (2011-2013), elles s’échangeaient pour une fraction non négligeable de Bitcoin (une moitié, un quart, parfois l’équivalent). Il était difficile de dire si Bitcoin n’était que l’une d’entre elles et s’il n’allait pas régulièrement se faire dépasser. Ces mêmes altcoins s’échangent désormais pour des miettes (un centième, quelques millièmes [de bitcoin]). Techniquement c’est une tendance baissière, qui a montré à de multiples reprises, de 2013 à 2018, que les hauts des prix alt/btc étaient de plus en plus bas. »

Et Beetcoin de poursuivre :

 

« Cela paraît contre-intuitif et ce résultat semble noyé dans l’immense prise de valeur en USD des altcoins qui se sont démultipliées. Mais, et c’est bien là où je veux en venir, il n’y a pas à l’ordre du jour un candidat qui semble pouvoir inquiéter Bitcoin tant que cette tendance de long terme ne sera pas renversée.

 La conclusion est soit qu’au fil des cinq dernières années, Bitcoin a continué d’asseoir son statut de leader, OU que le marché altcoins versus Bitcoin a prouvé qu’il est en déliquescence. Peut-être les deux. Le lecteur se fera sa propre idée, mais je penche pour ce double effet. »

 Après cette analyse instructive et attristante, terminons sur une note positive, en particulier pour ceux qui tiennent à rester sur le marché dans l’éventualité où les cours repartiraient plus vite que prévu à la hausse.

Stockage : le Ledger wallet nouveau est arrivé !

Début janvier 2019, Ledger a sorti le Nano X, une version améliorée de son célèbre Nano S. Au nombre des avantages qu’il présente, le fait qu’il soit utilisable depuis un smartphone ou une tablette via bluetooth, la possibilité de stocker simultanément jusqu’à 100 crypto-actifs et un écran deux fois plus grand. Il vous faudra certes débourser 119 € pour l’acquérir (contre 59 € pour son prédécesseur), mais vous disposerez d’un appareil qui a reçu le « Prix de l’innovation en matière de cybersécurité et de protection de la vie privée » à la dernière CES de Las Vegas.

Si vous êtes sur le marché et que vous n’êtes pas encore équipé, foncez !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile