La Chronique Agora

Fin de 30 ans de tendance baissière des rendements obligataires

richesse

▪ Si on se réfère au rendement des obligations souveraines à 10 ans (benchmark), les taux d’intérêt long terme affichent une tendance baissière depuis maintenant 30 ans. Le graphique ci-dessous montre l’évolution de ces rendements aux Etats-Unis (courbe bleue) et en Allemagne (courbe rouge)


Cliquez sur le graphique pour l’agrandir

Après déduction des impôts et de l’inflation, les rendements ne procurent à l’investisseur aucun gain ; ils ne couvrent même pas le risque pris d’une faillite du débiteur.

Nous conseillons aux investisseurs sur les marchés obligataires de ne pas s’engager sur le long terme

Par conséquent, pour le moment, nous conseillons aux investisseurs sur les marchés obligataires de ne pas s’engager sur le long terme. En revanche, pour les emprunteurs et les émetteurs, la recommandation est inverse : ne pas reculer les projets d’émissions d’obligations, faire des emprunts aux conditions actuelles rapidement et avec de longues échéances. La recommandation s’applique, en particulier, aux acheteurs de biens immobiliers.

Les taux du marché monétaire seront probablement maintenus par les grandes banques centrales à près de 0% pendant encore un certain temps. Mais le 19 mars 2014, Janet Yellen a déjà annoncé des augmentations à partir de mi-2015. Les taux à moyen et long termes sont aussi maintenus artificiellement bas via les achats d’obligations par les banques centrales (QE).

▪ La fin du remède miracle ?
Ces dernières années, les marchés financiers ont considéré l’assouplissement quantitatif (QE) comme le remède miracle. Les banques centrales achètent des obligations souveraines et des obligations hypothécaires avec de l’argent fraîchement imprimé, ce qui fait baisser artificiellement les rendements obligataires, inondant ainsi les marchés financiers de liquidité et facilitant le refinancement des nouveaux déficit budgétaires.

Vous pensiez tout savoir sur Goldman Sachs ?
Erreur… les petits secrets de la « pieuvre de Wall Street » sont loin d’avoir été tous explorés !

Philippe Béchade vous en dit plus dans un rapport inédit : retrouvez-le vite en cliquant ici.

 

Même si c’est avec beaucoup de prudence que la Fed ralentit ses achats d’obligations mensuels pour les faire passer d’actuellement 65 milliards de dollars à zéro, les marchés obligataires mondiaux anticiperont à un stade précoce que les banques centrales sortiront tôt ou tard de leur politique monétaire ultra-accommodante. C’est d’ailleurs ce à quoi la Banque des règlements internationaux (BRI) les encourage déjà.

Tout ce processus s’accompagnera, inévitablement, d’une hausse des rendements longs terme

Du point de vue de l’analyse fondamentale, ce retour à la « normalité » est tout à fait souhaitable car les rendements reviendront ainsi à un niveau fixé par les marchés eux-mêmes, ce qui permettra d’évaluer au mieux les opportunités et les risques des investissements. Sur un marché sans entraves, les participants échangent librement informations et savoir-faire, ce qui optimise aussi la prise de décisions. Des décisions rationnelles d’un grand nombre de participants du marché, sans intervention de l’Etat, améliorent également le développement économique. Mais tout ce processus s’accompagnera, inévitablement, d’une hausse des rendements longs terme.

▪ Lourde tâche pour les marchés
Toutefois, les participants au marché, très souvent orientés à court terme, doivent encore être convaincus que ce retour à la « normalité » est la meilleure solution pour le retour à une vraie croissance économique à long terme. La tâche la plus importante des marchés financiers est, avec l’aide du taux d’intérêt comme régulateur, de trouver l’équilibre optimal entre l’offre et la demande de capitaux. Dans ces conditions, les capitaux vont s’orienter vers les investissements productifs et prometteurs — qui vont eux même engendrer une nouvelle phase de croissance économique. Actuellement, le marché ne remplit pas sa fonction. Les rendements ne compensent pas les impôts et l’inflation et encore moins une prime pour le risque assumé.

Au niveau actuel des taux, les banques peuvent financer des « créances douteuses » sans vraiment tenir compte du risque. S’il est si facile de financer une nouvelle dette du gouvernement, le trésorier la choisira d’autant plus volontiers qu’il n’aura pas à s’inquiéter de la légère charge future. Faire des économies ou des hausses d’impôts pour redresser le budget de l’Etat est politiquement beaucoup plus difficile à réaliser, surtout juste avant des élections. Actuellement, le moteur de la croissance économique n’est ni l’épargne ni l’investissement, mais la consommation publique financée, sans intérêts, par les banques centrales via l’achat d’obligations d’Etat (QE).

Conclusion : la tendance à la baisse des rendements obligataires qui dure depuis une trentaine d’années est en train de prendre fin. Et malgré les énormes efforts pour stimuler l’économie, il n’y a toujours aucun signe d’une croissance autonome.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile