Une campagne médiatique laisse croire que la Fed pourrait relever ses taux en septembre. Il n’en sera rien. Mais le dollar pourrait continuer à s’apprécier face aux autres devises.
CNBC et les commentateurs essaient de prétendre que la déclaration du FOMC (comité de politique monétaire de la Fed), diffusée le 17 août dernier, indiquerait que la Fed va relever les taux en septembre.
C’est totalement absurde.
Premièrement, les élections présidentielles auront lieu en novembre.
L’un des candidats (Donald Trump) a déjà déclaré que s’il était élu, il demanderait à la totalité du conseil des gouverneurs de la Fed de démissionner, et en particulier à la présidente de la Fed, Janet Yellen.
Dans ce contexte, l’idée que la Fed puisse relever les taux en septembre et prendre le risque de faire exploser le marché actions (ce qui ferait élire Trump), relève de la folie furieuse.
Comprenez bien que je ne prends parti pour aucun camp politique, là. Je formule simplement une évidence : la Fed est constituée d’individus qui, comme tout le monde, veulent conserver leur emploi. Alors l’idée que les membres de la Fed agissent volontairement dans un sens menant tout droit à leur limogeage est totalement folle.
Souvenez-vous, nous parlons du même groupe d’individus que celui qui a usé de prétextes tels que les banques italiennes, le BREXIT, la Chine… et littéralement toutes sources d’inquiétude concernant l’économie mondiale, pour ne pas relever les taux au cours de ces huit derniers mois.
La Fed remettrait le couvert après une première hausse de taux mal digérée ?
Et curieusement, la Fed s’apprêterait à relever à nouveau les taux en septembre ? Surtout après que la première hausse se soit si bien passée ?
La politique mise à part, la Fed a besoin, en réalité, que les marchés actions américains demeurent à des niveaux élevés.
Pour ce faire, et avec une économie américaine vacillante, le seul recours de la Fed est de déprécier le dollar US.
Le graphique ci-dessous représente le dollar index (dollar évalué contre un panier de devises) et le S&P 500. Comme vous le constatez, chaque fois que le dollar index passe au-dessus des 96 points et y reste, les jours des actions sont comptés.
Comme l’indique le graphique ci-dessus, un dollar fort est très déflationniste.
Pour rappel : 40% des revenus du S&P 500 proviennent de l’étranger. Alors si le dollar grimpe, d’autres devises majeures (l’euro et le yen) baissent… et donc les revenus et bénéfices des entreprises américaines chutent.
Sachant cela, l’idée que la Fed relève les taux (ce qui renforcerait le dollar et ferait plonger les actions), deux mois avant une élection, est particulièrement absurde.
Après tout, la seule « réussite » que la Fed puisse revendiquer, concernant sa politique, c’est la hausse du marché actions ! Alors pourquoi prendre le risque de tout pulvériser, surtout si votre job est en jeu ?
La hausse du dollar est le cauchemar de la Fed
En réalité, la Fed tente désespérément de réprimer la hausse du dollar depuis qu’il a flambé au deuxième semestre 2014. Comme je l’ai déjà indiqué, plus de 9 000 milliards de dollars de dettes – émises par des gens qui ne vivent pas en dollar mais dans une autre monnaie – flottent un peu partout dans le système financier.
Tout cet argent (l’équivalent des PIB de l’Allemagne et du Japon réunis) est très vulnérable à tout renforcement du dollar US.
Lorsque vous empruntez en dollars US, vous pariez en réalité sur la baisse du dollar US. De ce fait, tout mouvement de hausse du dollar US signifie des pertes explosives.
De plus, les marchés des changes internationaux brassent des transactions représentant un volume journalier de 5 000 milliards de dollars. Or le dollar représente 86% de toutes ces transactions. Alors, si la Fed perdait le contrôle du dollar, cela sonnerait la fin de la partie pour cette institution et toutes ses pratiques.
Par conséquent, la Fed persiste, à la moindre occasion, à tenir un discours susceptible de faire baisser le dollar.
Alors pourquoi même évoquer un relèvement des taux ?
Parce que la Fed est au pied du mur. En affirmant pendant sept ans que les Etats-Unis vivaient une reprise, la Fed a été contrainte de relever les taux au moins une fois. Toutefois, maintenant qu’elle s’est débarrassée de ce premier relèvement, elle va faire tout ce qu’elle peut pour reporter toute nouvelle hausse.
Souvenez-vous, le taux directeur de l’euro est actuellement à -0,4%. Celui du yen est à -0,1%. Celui du dollar est à 0,5%. Ces différentiels de taux sont considérables. La Fed n’a aucun désir de les amplifier.
[Bien que le dollar affiche encore un rendement positif, l’or s’est apprécié de 16% depuis le début de l’année. Mieux encore : les petites minières, elles, ont progressé de +160% — et ce n’est sans doute qu’un début. La question, c’est… sur lesquelles miser ? Comment investir avec un maximum de profit… et un minimum de risque ? Cliquez ici pour toutes les réponses.]
En bref, le comportement des marchés a pris une dimension un peu erratique, mais avec peu d’incidence sur la réalité.
Souvenez-vous, Obama a rencontré Janet Yellen en avril dernier. L’année électorale pipe les dés. La Fed peut bien évoquer un relèvement des taux… mais un discours reste un discours. Et il est très improbable qu’elle relève à nouveau les taux en 2016, au minimum jusqu’à ce que l’élection présidentielle soit passée.
Bon… Tout cela étant dit, je pense réellement que nous allons avoir droit à un nouveau round de déflation… Pas à cause de la Fed, mais parce qu’une autre grande banque centrale va annoncer une politique susceptible de faire grimper le dollar US plus haut.
Pour résumer ma pensée :
Pour des raisons politiques, la Fed ne peut pas, et ne pourra pas, relever les taux cette année.
Toutefois, la BCE et la Banque du Japon tentent désespérément de faire baisser leurs monnaies. Ces deux banques centrales mènent actuellement des QE, et elles ont mis en oeuvre une politique des taux négatifs avec peu de résultats. Alors je m’attends à ce qu’elles prennent des mesures plus agressives rapidement.
Ces nouvelles mesures inciteront soit l’euro, soit le yen à baisser… ce qui forcera le dollar à grimper.
Graham Summers